En ce moment, les journées raccourcissent et les températures baissent : c’est le temps de préparer votre jardin pour aider les pollinisateurs qui y passent l’hiver.
Lors de votre préparation du jardin pour l’hiver, gardez ainsi en tête les pollinisateurs qui y sont présents à longueur d’année. Prenez soin de laisser certaines plantes stratégiques ou des matériaux naturels, ou encore semez des graines indigènes en hiver. Vous créerez de cette façon un abri hivernal dynamique – et bénéfique sur le plan écologique – pour les pollinisateurs, tout en aidant votre jardin à s’épanouir au printemps.
En quoi consistent les semis d’hiver et l’hivernage?
La technique des semis d’hiver consiste à semer des graines dans des pots ou directement dans le sol durant l’hiver de façon à imiter les cycles de germination naturels et à permettre la stratification à froid. Les semences restent en dormance jusqu’à l’apparition des conditions idéales pour germer, au printemps. Cette technique est particulièrement efficace dans le cas des fleurs sauvages indigènes, des graminées et des vivaces, qui ont évolué pour s’épanouir dans de telles conditions.
On appelle « hivernage » le processus de préparation des plantes en vue des basses températures et des intempéries. Grâce à lui, des plantes qui, autrement, succomberaient aux épreuves des mois froids peuvent survivre d’une année à l’autre.
D’ailleurs, certaines espèces de pollinisateurs utilisent également des stratégies d’hivernage pour survivre au froid.
Les types d’habitats hivernaux des pollinisateurs
Nid au sol
70 % des abeilles indigènes (abeilles de la sueur, abeilles minières, abeilles plâtrières, etc.) creusent des terriers pour y installer leurs nids hivernaux et pondre leurs œufs.
Nid dans des cavités
30 % des abeilles indigènes (abeilles coupeuses de feuilles, abeilles maçonnes, etc.) cherchent à installer leur abri hivernal dans des cavités de bois mort, des tiges creuses ou des tas de broussailles.
Nid dans des litières de feuilles mortes
De nombreuses espèces de papillons, dont les papillons de nuit, et certaines abeilles indigènes préfèrent hiverner dans des litières de feuilles intactes.
Les jardins « en désordre » : un terreau fertile pour les pollinisateurs
La création d’un sanctuaire pour pollinisateurs ne se limite pas au printemps et à l’été. Les feuilles brunes et mortes sont la pouponnière des insectes de la planète. Dès l’automne, adoptez des pratiques menant à un jardin « en désordre » et continuez durant l’hiver pour favoriser l’hivernage des pollinisateurs.
L’importance de semer des plantes indigènes en hiver
Une plante indigène est une espèce qui existe dans une région depuis des millénaires et qui a évolué aux côtés d’autres plantes indigènes, d’animaux, de champignons et de bactéries, s’adaptant aux sols et aux conditions climatiques du territoire. En semant des plantes indigènes en hiver, dans des régions où elles existeraient de façon naturelle, vous augmenterez leur chance de germer et de fleurir au printemps.
Piliers fondamentaux des écosystèmes, les plantes indigènes aident à préserver la biodiversité, et fournissent alimentation, abri et matériel de nidification aux insectes, aux oiseaux, aux mammifères, aux amphibiens et aux reptiles. Pour favoriser leur croissance, certaines plantes indigènes doivent passer par une stratification à froid afin de mettre fin à la dormance de la semence et d’augmenter sa capacité à germer au printemps.
Voici des exemples de plantes indigènes qui bénéficient de la stratification à froid :
- Rudbeckie hérissée (Rudbeckia hirta)
- Verge d’or du Canada (Solidago canadensis)
- Centrapalus pauciflorus (Vernonia)
- Eupatoire pourpre (Eutrochium purpureum)
- Bouton d’or (Caltha palustris)
- Asclépiade (Asclepias)
- Échinacée pourpre (Echinacea purpurea)
- Ratibida en colonne (Ratibida columnifera)
- Orpin à pétale étroit (sedum stenopetalum)
Comment préparer votre jardin et aider les pollinisateurs à passer l’hiver?
Selon votre lieu de résidence, entamez les préparations de votre jardin d’hiver dès la fin de l’automne jusqu’à la fin janvier.
Bien que les plantes indigènes soient naturellement résilientes et adaptées à votre écorégion de façon à survivre à la saison froide, certaines pourraient gagner à être préparées à l’hivernage. Un hivernage adéquat soutient les racines des plantes durant le gel, prévient l’érosion du sol, enrichit la terre et prépare le terrain en vue d’une croissance précoce lors de la prochaine saison. En prime, les plantes indigènes abritent et nourrissent les pollinisateurs en hivernage!
Huit conseils pour préparer les plantes indigènes à l’hivernage
- Choisissez bien vos semences et vos plantes indigènes : sélectionnez des espèces indigènes de votre écorégion résistantes à l’hiver. Pour vous procurer des semences indigènes, soyez à l’affût des échanges de semences près de chez vous et regardez du côté des bibliothèques de semences et des pépinières locales.
- Laissez les feuilles mortes : si votre jardin comporte des débris naturels accumulés depuis l’automne dans des zones qui ne sont pas destinées aux semis d’hiver, laissez-les là! La litière de plantes fournit un abri aux pollinisateurs en hivernage et sert d’isolant pour les vivaces nouvellement plantées et les plantes indigènes en hivernage. De plus, elle accroît les populations de pollinisateurs, qui seront d’une grande aide pour votre jardin au printemps.
- Reconsidérez l’utilisation de paillis : plusieurs manuels de jardinage recommandent d’isoler avec du paillis de bois les plantes en hivernage durant les saisons froides. Utilisez plutôt du compost, une litière de feuilles ou des débris végétaux provenant de votre jardin pour que les abeilles nidifiant au sol y aient plus facilement accès. Évitez le paillis en plastique, les toiles géotextiles et les copeaux de bois lourd.
- Conservez les têtes de semences : les têtes de semences de fleurs sauvages indigènes – les rudbeckies, les rudbeckies hérissées ou les asters, par exemple – font office d’alimentation hivernale pour les oiseaux et d’habitat pour les insectes. Taillez-les au début du printemps si nécessaire.
- Laissez les tiges de plantes sur pied : les tiges creuses des plantes indigènes dont la moelle est apparente (verges d’or, rudbeckies, etc.) servent d’abri et de sites de nidification pour les abeilles indigènes se nichant dans des cavités. Ne taillez que les espèces malades ou envahissantes.
- Évitez de perturber le sol : laissez des zones de terre dans votre jardin à découvert ou avec un paillis léger inaltéré. S’il est nécessaire de désherber le sol ou de le couvrir de paillis, évitez de retourner la terre en profondeur, car de nombreuses espèces d’abeilles et d’insectes indigènes se creusent des terriers durant l’hiver. La perturbation du sol pourrait entraîner la destruction de leurs nids.
- Recouvrez les plantes vulnérables : certaines vivaces indigènes – les jeunes arbustes ou les fleurs sauvages indigènes nouvellement plantées, par exemple – pourraient nécessiter une protection additionnelle si le climat est rude. Utilisez des toiles de jute ou des housses de protection antigel pour protéger les plantes des vents forts et du froid. Assurez-vous que ces mesures de protection permettent la circulation de l’air pour éviter que les plantes ne pourrissent.
- Arrosez avant le premier gel : une plante bien hydratée sera mieux préparée à supporter les rigueurs de l’hiver. Prévoyez donc de donner à votre jardin un dernier arrosage vers la fin de l’automne, avant le premier gel (surtout si votre région a connu un automne sec). Ainsi, vous vous assurerez que les racines sont hydratées avant le gel du sol.
Comment semer des graines indigènes en hiver
Rejoignez le Seed Sitters Club (Club des gardien.ne.s de semences), un moyen économique et simple de cultiver des plantes indigènes pour un usage personnel ou pour les partager avec la communauté.
Pour vous aider à préparer votre jardin pour le printemps, écoutez Dorte Windmuller, protectrice des papillons et adepte des plantes indigènes, qui explique les quatre premières étapes de la conservation des semences.
Matériel nécessaire :
- Petits pots dotés de trous de drainage
- Terreau
- Semences indigènes
- Étiquettes
- Feuilles mortes
- Grillage de basse-cour (ou quelque chose d’équivalent)
- Vaporisateur
Semer des graines indigènes en hiver en neuf étapes
Étape 1
À tout moment entre novembre et la fin janvier, remplissez de terreau humide un pot doté de trous de drainage.
Étape 2
Disséminez les graines sur la terre. Enfoncez-les doucement et recouvrez-les légèrement de terre.
Étape 3
Étiquetez votre pot avec le nom de l’espèce de la semence.
Étape 4
Couvrez le pot de feuilles et de grillage de basse-cour pour protéger les graines des oiseaux et des écureuils.
Étape 5
Durant tout l’hiver, conservez le pot à l’extérieur, dans un lieu exposé à la neige et à la pluie.
Étape 6
Au printemps, lorsque les températures augmenteront, placez le pot dans un endroit partiellement ensoleillé, enlevez les feuilles et attendez que les graines germent. La terre doit rester humide.
Étape 7
Si les semis deviennent trop nombreux, séparez soigneusement leurs racines et transférez certains plants dans d’autres pots.
Étape 8
Les semis peuvent être mis en terre dans le jardin en été et à l’automne. Arrosez-les bien lors de leur première année.
Étape 9
La deuxième année, la plupart des plants auront grossi et gagné en force, de sorte qu’ils pourront survivre de nombreuses années. Pour voir le récapitulatif des étapes, cliquez ici.