Comment cohabiter avec la faune urbaine

raton laveur

Les ratons laveurs se sont bien adaptés à la vie urbaine où la nourriture et les abris sont abondants. (Photo : Patrice Schoefolt via Pexels)

Notre espèce s’est étalée presque partout sur la planète, chassant sur son passage beaucoup d’animaux sauvages. Mais certains animaux – ratons laveurs, mouffettes, coyotes, rongeurs, oiseaux – se sont acclimatés à la vie urbaine et se trouvent en ville dans les environs des parcs, des quartiers et des cours.

Une cohabitation harmonieuse avec la faune urbaine repose sur le respect, l’éducation et la proactivité. En comprenant pourquoi les animaux sont dans les villes, en respectant leur présence et en prenant des mesures pour les éloigner sans cruauté (si nécessaire), nous pouvons créer un environnement florissant autant pour les êtres humains que les animaux sauvages.

Nous faisons partie de la nature, dont l’équilibre est crucial pour notre survie. Apprendre à cohabiter avec la faune n’est pas une option : c’est notre devoir.

Pourquoi les animaux sauvages vivent-ils en ville?

Notre époque actuelle, l’Anthropocène, révèle combien l’empreinte de l’humanité transmute la planète, caractérisée par des paysages dominés par la présence humaine, un climat chaotique et une faune sauvage déclinante. L’urbanisation entraîne une perte d’habitats, obligeant certaines créatures à rechercher de nouveaux milieux pour se nourrir et s’abriter.

Certains animaux sauvages, comme les coyotes et les ratons laveurs, ont su s’adapter, si bien qu’ils prospèrent désormais dans des paysages où règne l’être humain.

Les espaces urbains offrent divers avantages aux espèces capables de s’y adapter :

  • Nourriture. Les poubelles, le compost, les jardins et même la nourriture pour animaux de compagnie offrent des options de repas faciles pour les ratons laveurs, les mouffettes et les rongeurs, entre autres.
  • Refuge. Les espèces sauvages peuvent élire domicile dans les bâtiments abandonnés, les hangars, les greniers, les espaces verts et les buissons touffus du quartier.
  • Sécurité. Certains animaux trouvent refuge dans des milieux urbains où leurs prédateurs naturels se font plus rares.

Animaux sauvages courants dans les villes nord-américaines :

  • Ours
  • Oiseaux
  • Coyotes
  • Cougars
  • Cerfs
  • Renards
  • Mouffettes
  • Rongeurs
  • Ratons laveurs
  • Lapins et lièvres

Photo : Lauren Yaich via Flickr

Les avantages mutuels de la cohabitation

Cohabiter implique de favoriser une dynamique durable où êtres humains et animaux sauvages s’adaptent réciproquement pour partager un environnement. Cette approche de gestion de la faune est alignée sur les visions du monde et les pratiques autochtones en matière de coexistence et de conservation.

En Occident, l’approche de gestion de la faune urbaine mise généralement sur l’usage de moyens mortels (abattage) pour réduire les risques que posent les animaux pour les êtres humains.

Selon des études, les stratégies et programmes de coexistence qui privilégient les techniques non létales (voir les conseils ci-dessous) et les changements du comportement humain sont, à long terme, plus efficaces pour prévenir les conflits avec la faune urbaine. Lorsque l’être humain cohabite « avec la faune et évite de la persécuter, il préserve la santé des écosystèmes, la stabilité agricole et la sécurité alimentaire ». En bonne santé, les populations fauniques urbaines contribuent à l’équilibre des écosystèmes, à la pollinisation, à l’atténuation des inondations et à la prévention de l’érosion.

Étude de cas sur les coyotes en Amérique du Nord

Dans une étude (en anglais) de 2024 du Fonds international pour la protection des animaux, on explique que même si les coyotes en Amérique du Nord sont mal vus parce qu’ils rôdent dans les villes et villages, ils forment en fait un maillon essentiel des écosystèmes urbains. Généralement le principal prédateur, le coyote exerce une influence descendante, contribuant ainsi à réguler les populations d’autres espèces sauvages urbaines telles que les oies, les cerfs et les rongeurs.

Photo : Mike via Flickr

Comment respecter et protéger la faune urbaine

La cohabitation avec la faune urbaine suppose respect, éducation et proactivité. En comprenant pourquoi les animaux sauvages sont dans nos villes et en respectant leur présence et leur droit d’occuper ces espaces, nous pouvons prendre des mesures pour les éloigner sans cruauté et créer un environnement où nous pouvons prospérer et la faune aussi.

  • Gardez vos distances. Veillez à respecter l’espace des animaux sauvages, aussi mignons soient-ils. C’est pour votre sécurité et la leur aussi.
  • Ne nourrissez pas la faune. Si vous nourrissez les animaux sauvages, vous risquez de les rendre dépendants à la nourriture fournie par l’être humain, de perturber leurs habitudes de recherche de nourriture et de leur causer de graves problèmes de santé. Si vous voulez aider les animaux sauvages, l’idéal est de leur fournir des sources d’alimentation naturelles comme les mangeoires à oiseaux et les plantes indigènes.
  • Respectez les habitats. La vie en ville peut être difficile pour les animaux sauvages, surtout quand leur habitat naturel est perturbé. Aidez donc la faune urbaine à s’épanouir en protégeant les espaces verts, en conservant l’eau et en évitant d’utiliser des pesticides toxiques et d’autres produits chimiques pour votre jardin ou votre pelouse.
  • Évitez de piéger ou de déplacer les animaux. Les animaux vivant en ville ne savent pas comment survivre lorsqu’ils sont expulsés de leur habitat. Si vous craignez qu’un animal sauvage soit blessé ou en détresse, appelez la ligne d’assistance téléphonique de la SPCA de votre région ou le centre de réhabilitation de la faune le plus proche.
  • Éduquez-vous et éduquez les autres. La compréhension des comportements et des besoins de la faune locale peut favoriser l’empathie et des actions communautaires responsables. Pour aider à déstigmatiser la faune urbaine, transmettez vos apprentissages sur celle-ci à votre voisinage, à votre famille et à vos ami.e.s. Vous pourriez aussi discuter avec votre mairie ou votre conseil municipal de l’incidence de l’étalement urbain sur les habitats fauniques.

Vous avez aperçu un animal sauvage? Signalez-le aux services de gestion de la faune de votre municipalité.

Comment éloigner les animaux sauvages de chez soi

L’idéal, c’est de cohabiter avec la faune sauvage. Mais, parfois, elle représente une menace pour les biens et la sécurité humaine.

Si les animaux sauvages vous visitent trop souvent et deviennent dérangeants, essayez ces stratégies non létales et écologiques pour les chasser sans cruauté :

  • Bloquez les potentiels points d’entrée. Bloquez les entrées de votre domicile (bouches d’aération dans le toit ou la salle de bain, tuyaux de plomberie, portes pour animaux de compagnie, cheminées).
  • Empêchez l’accès aux déchets et aux sources de nourriture. Gardez les bacs à ordures et à compost bien fermés. Si vous vivez dans un coin urbain très fréquenté par les animaux, procurez-vous des bacs à l’épreuve de la faune. Ne laissez jamais la nourriture pour animaux de compagnie dehors la nuit et sortez les poubelles le matin de la collecte plutôt que la veille.
  • Utilisez des répulsifs écologiques et sécuritaires. Les répulsifs comme le vinaigre peuvent chasser les animaux à certains endroits. Un système d’éclairage ou d’arrosage activé par le mouvement peut aussi être efficace.
  • Enlevez les sources d’attraction. Nettoyez les dégâts, les liquides renversés et les déchets extérieurs. Assurez-vous que les coins barbecue sont bien propres. Utilisez des mangeoires pour oiseaux qui empêchent la nourriture de se répandre.
  • Installez une clôture. Une clôture adéquate peut éloigner les gros animaux, comme les cerfs, des jardins et des cours.

Comment éloigner la faune urbaine de votre jardin

Votre jardin est constamment endommagé ou grignoté par les animaux sauvages?

Créez une barrière physique

Souvent considérée comme une « stratégie d’exclusion », l’installation d’une barrière physique (clôture, filets, etc.) autour du jardin constitue une méthode de prévention à long terme pour éloigner les animaux sauvages.

Au fil des saisons, s’il arrive que votre jardin attire la faune, installez une barrière temporaire facile à mettre et à enlever (ex. cloches en fil de fer).

Assurez-vous que la barrière est adaptée aux animaux sauvages qui fréquentent le plus votre jardin :

  • Cerfs. La clôture doit mesurer au moins six pieds de haut et être opaque.
  • Rongeurs. Les clôtures en grillage aideront à éloigner ces petites créatures.
  • Bêtes qui creusent des tunnels. Enterrez votre clôture à au moins 15 centimètres de profondeur pour empêcher les lapins, écureuils et autres bêtes de creuser des tunnels en dessous.
  • Oiseaux. Installez des filets ou des cloches en fil de fer autour des arbres et arbustes fruitiers ainsi que d’autres plantes que les oiseaux aiment manger.

Essayez des plantes répulsives pour les animaux

Les fleurs et les herbes parfumées sont idéales pour embellir votre jardin tout en chassant la faune indésirable. Et ce n’est pas tout : elles peuvent aussi repousser d’autres organismes nuisibles comme les moustiques, les pucerons et les acariens!

Conseil! Si des animaux sauvages viennent souvent grignoter votre jardin, songez à réduire ou à éviter les plantes fruitières et les arbres produisant des noix, dont raffolent les ours, les ratons laveurs et les coyotes.

Exemples de fleurs et de plantes qui repoussent les animaux sauvages :

  • Jonquille. Les bulbes de jonquilles contiennent une toxine qui repousse les créatures courantes comme les insectes, les campagnols, les écureuils et les souris.
  • Ail ou oignon. L’odeur âcre de l’ail ou de l’oignon est idéale pour empêcher les taupes et les lapins de creuser dans votre jardin.
  • Lavande. Elle est efficace pour repousser les souris, les moustiques et d’autres organismes nuisibles courants.
  • Échinacée pourpre. Originaire de l’Ontario, cette plante comestible est idéale pour traiter les symptômes du rhume, attirer les pollinisateurs et repousser les souris et les rats.
  • Romarin. Cette herbe savoureuse et parfumée repousse les cerfs, les souris et les rats.
  • Sauge de Russie. Parfaite pour repousser les cerfs et les lapins, la sauge de Russie gagne à être plantée autour du périmètre d’un jardin.

Conseil! Plantez stratégiquement les fleurs et les plantes qui repoussent la faune (par exemple, placez-les autour des plantes les plus vulnérables).

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Quoi faire face à un animal sauvage

La plupart du temps, les espèces sauvages que vous rencontrerez en ville seront inoffensives (elles auront généralement plus peur de vous!), mais selon l’endroit où vous vivez, vous pourriez croiser de gros animaux comme des ours, des cougars, des renards et des coyotes.

Quoi faire si un gros animal sauvage vous approche :

  • Arrêtez-vous. N’avancez pas vers lui. Prenez les enfants et les petits animaux de compagnie dans vos bras.
  • Restez calme et immobile. Évitez les mouvements brusques. Ne partez jamais en courant.
  • Prenez de la place. Agitez les mains au-dessus de votre tête.
  • Faites du bruit. Criez, tapez des pieds et des mains.

Vous vous inquiétez pour vos animaux de compagnie?

La faune urbaine peut poser divers risques pour les animaux de compagnie (et inversement!), allant des affrontements physiques à la transmission de maladies. Que vous soyez au parc, sur un sentier ou dans votre cour, protégez non seulement vos animaux de compagnie, mais aussi la faune urbaine :

  • Gardez vos animaux en laisse là où vous pourriez rencontrer des animaux sauvages. Suivez toujours la réglementation locale applicable prévue à cet effet.
  • Assurez-vous que votre animal répond au rappel d’urgence. Si votre animal se promène souvent sans laisse dans les espaces verts autorisés ou dans votre jardin, l’apprentissage du rappel d’urgence peut prévenir des rencontres terrifiantes, voire mortelles, avec la faune sauvage.
  • Ne laissez pas votre animal chasser la faune sauvage ou se promener sans surveillance. Faites très attention à l’aube et au crépuscule, les principales périodes d’activité des espèces sauvages.
  • Restez à l’affût des jeunes animaux sauvages. De nombreux animaux, dont les oiseaux, construisent des nids et élèvent leurs petits au printemps et en été. Si votre animal vous ramène un petit, gardez votre animal à l’intérieur et loin des autres petits pour éviter qu’ils ne soient blessés.
  • Gardez votre chat à l’intérieur, surtout la nuit, où il est plus susceptible de chasser. Vous le protégerez des prédateurs nocturnes du même coup.