La création d’un réseau électrique intégré d’énergies renouvelables : voilà un réel projet de construction nationale.

La réplique du Canada en réponse aux attaques économiques des États-Unis et à ses menaces à l’encontre de notre souveraineté s’avère rafraîchissante lorsqu’il s’agit d’accroître notre indépendance et de diversifier nos partenaires commerciaux. Mais, comme d’habitude, l’industrie des combustibles fossiles et ses défenseurs profitent de cette « crise » pour promouvoir l’expansion des infrastructures gazière et minière, notamment les oléoducs.

Les projets d’oléoducs ont certainement été à l’ordre du jour de la réunion des premiers ministres des provinces avec leur homologue fédéral Mark Carney à Saskatoon le 2 juin, surtout de la part de l’Alberta, qui accorde toujours la priorité à l’industrie des combustibles fossiles. Les leaders albertains se plaignent qu’Ottawa ne fait rien pour la province (article en anglais). Par contre, ils passant sous silence l’achat par le gouvernement fédéral du projet d’agrandissement du pipeline Trans Mountain avec l’argent des contribuables. La facture initiale de 4,5 milliards de dollars de ce projet a finalement coûté plus de 34 milliards de dollars lors de sa finalisation en 2024. N’oublions pas non plus les énormes subventions octroyées par le fédéral à des entreprises de combustibles fossiles qui multiplient les profits.

Le projet d’expansion du pipeline Trans Moutain achevé, celui-ci s’avère le seul à transporter le bitume albertain à des eaux sujettes aux marées sans traverser les États-Unis. Ainsi, le projet de l’Oléoduc Énergie Est revient en vogue. Même le gouvernement du Québec, autrefois fermé à continuer la production de combustibles fossiles, signale désormais son intérêt.

La vente rapide de nos combustibles fossiles peut certes stimuler l’économie à court terme et créer quelques emplois, mais, tôt ou tard, cela fera augmenter les coûts énergétiques dans le pays et aggravera la dévastation environnementale.

Le premier ministre Mark Carney a également exprimé son soutien (source en anglais). Dans leur plate-forme électorale lors des élections fédérales, les conservateurs ont fait la promotion des oléoducs. Ils ont aussi promis de révoquer la Loi sur l’évaluation d’impact qui permet aux autorités de réglementation de prendre en considération les conséquences environnementales et sociales des projets.

Le projet Oléoduc Énergie Est transporterait du bitume dilué – dont la quasi-totalité est destinée à l’exportation –, de l’Alberta et de la Saskatchewan jusqu’aux terminaux portuaires du Nouveau-Brunswick en traversant six provinces et les territoires traditionnels de 180 communautés autochtones. L’acheminement par oléoduc du bitume, épais et goudronneux, exige sa dilution avec un mélange de gaz et de produits chimiques, ce qui amplifie sa toxicité et sa volatilité (article en anglais). D’autres propositions d’oléoduc voient le jour, notamment pour le gaz issu de la fracturation hydraulique.

L’exportation actuelle de la grande majorité du bitume par le pipeline Trans Mountain et celle prévue par le projet Oléoduc Énergie Est révèle une hypocrisie : multiplier les pipelines ne serviront aucunement à accroître notre indépendance. La vente rapide de nos combustibles fossiles peut certes stimuler l’économie à court terme et créer quelques emplois, mais, tôt ou tard, cela fera augmenter les coûts énergétiques dans le pays et aggravera la dévastation environnementale.

Ceci passe par la création d’un réseau électrique intégré d’énergies renouvelables : voilà un réel projet de construction nationale!

Le fait d’exporter des combustibles nous permet d’ignorer les émissions de gaz à effet de serre qui se produisent ailleurs. Le Canada n’a pas à comptabiliser ces émissions dans ses rapports nationaux.

Nous possédons des solutions plus rentables pour favoriser l’autosuffisance et le bien-être de toute la population canadienne, tout en respectant nos engagements climatiques internationaux. Ceci passe par la création d’un réseau électrique intégré d’énergies renouvelables : voilà un réel projet de construction nationale!

Les experts et les organisations, dont l’International Energy Agency (IEA), énoncent clairement que la planète doit éviter d’autres projets d’hydrocarbures de longue haleine si nous voulons limiter le réchauffement et ses conséquences climatiques désastreuses (source en anglais). Nous devons nous tourner vers des énergies propres le plus vite possible et bâtir des infrastructures pour les mettre en place.

Un virage rapide vers des énergies renouvelables et la création d’un réseau électrique communautaire, constitué de sources propres et interconnectées, pourraient créer des emplois à court terme et des occasions économiques. De plus, cela réduirait les coûts énergétiques, accroîtrait notre autonomie énergétique et assurerait de l’air, de la terre, et de l’eau plus propres.

Les oléoducs et les combustibles polluants sont chose du passé. Les énergies renouvelables se révèlent plus efficaces, rentables et écoénergétiques.

C’est une grave erreur de contraindre notre pays à s’enfoncer dans la production et le transport de combustibles fossiles pour des dizaines d’années à venir tandis que le reste de la planète amorce une transition vers des énergies propres. Une grande partie de cette infrastructure risque de devenir des actifs irrécupérables et obsolètes avant longtemps. De plus, cette approche nous garde à la merci de marchés des combustibles fossiles volatils, de PDG avides de s’enrichir et de responsables politiques volages. N’oublions pas que tout le pétrole, le gaz et le charbon extraits et brûlés nous amènent, pas à pas, vers le seuil d’une catastrophe climatique.

Une recherche approfondie de la Fondation David Suzuki souligne que le Canada serait en mesure de produire de l’électricité fiable, abordable et sans aucune émission d’ici 2035, « sans dépendre de technologies coûteuses et parfois immatures et dangereuses, comme le nucléaire ou le gaz naturel avec capture et stockage du carbone ». Le Canada est en mesure de répondre à la demande d’électrification croissante de l’économie avec les énergies éolienne et solaire, le stockage, l’efficacité énergétique et le transport interprovincial.

Les oléoducs et les combustibles polluants sont chose du passé. Les énergies renouvelables se révèlent plus efficaces, rentables et écoénergétiques. Le Canada, avec sa population éduquée et sa main-d’œuvre qualifiée, peut agir comme figure de proue et démontrer qu’une transition rapide et équitable vers les énergies propres est possible et avantageuse.

Mettons la main à la pâte!