
L’heure est venue de mettre fin à l’influence de l’industrie des combustibles fossiles sur les gouvernements, les médias et la société. Et il est plus que temps de nettoyer le grave déversement pétrolier qui pollue l’esprit de nos enfants!
Grandir, c’est aussi faire face à des vérités inconfortables – sur l’histoire, la science et soi-même. Dans notre ère de surcharge d’information, les personnes qui ont appris à user de sens critique se trouvent non seulement mieux outillées pour déterminer la crédibilité et l’importance des données, mais s’avèrent également plus résilientes devant ce malaise.
On peut choisir d’ignorer l’histoire de l’esclavage ou les conséquences du capitalisme consumériste, par exemple, mais on ne les fera pas disparaître pour autant. Au contraire, en les oubliant, on court plutôt le risque de reproduire les mêmes erreurs.
Le déni ne fera pas non plus disparaître les changements climatiques. Il faut plutôt s’informer sur ses causes, ses implications et ses solutions; il en va de la survie et du bien-être de l’espèce humaine. Ces notions devraient se trouver au cœur du curriculum scolaire, puisqu’elles touchent tous les aspects de notre existence et affectent les jeunes de manière disproportionnée.
Les élèves du Canada reçoivent bel et bien de l’enseignement sur les bouleversements climatiques, mais les origines de certaines ressources soi-disant éducatives pourraient vous surprendre.
Le déni ne fera pas non plus disparaître les changements climatiques. Il faut plutôt s’informer sur ses causes, ses implications et ses solutions; il en va de la survie et du bien-être de l’espèce humaine.
Un rapport de For Our Kids et de l’Association canadienne des médecins pour l’environnement indique en effet qu’« au moins 39 entreprises pétrolières et gazières et 12 organismes associés à l’industrie ont recours à une diversité de méthodes pour influencer ce qui est enseigné sur le climat, l’énergie et l’environnement aux quatre coins du pays. Leurs stratégies comportent notamment la distribution de matériel éducatif portant des logos d’entreprise, des partenariats avec le gouvernement pour concevoir des curriculums et des ressources, l’organisation d’activités scolaires commanditées ainsi que l’offre de financement et de soutien à des fournisseurs tiers de services éducatifs en environnement. Parmi les entreprises de combustibles fossiles impliquées dans l’éducation au primaire et au secondaire au Canada, on retrouve notamment Cenovus Energy, Suncor, Imperial Oil, Canadian Natural Resources, ConocoPhillips, Enbridge, TC Energy et Fortis. »
Le rapport, intitulé « Polluting Education: The Influence of Fossil Fuels on Children’s Education in Canada », indique que « le matériel éducatif appuyé par l’industrie brouille constamment les preuves scientifiques sur les causes des changements climatiques et ne fait aucune mention de l’urgence d’agir pour une transition vers d’autres énergies que les combustibles fossiles. On y présente les préoccupations climatiques comme une “perspective”, avec en même temps des contre-arguments en faveur de l’industrie, et l’accent est mis sur les actions individuelles, sans mention de la responsabilité des entreprises. »
Ce n’est pas de l’éducation : c’est de la propagande. Et ces mécanismes remontent aussi loin qu’aux années 1920, quand Imperial Oil avait produit pour les écoles des cartes qui portaient le sceau de l’entreprise. Cette publicité n’a pas sa place dans les lieux d’apprentissage des jeunes.
Les conséquences négatives vont au-delà des dommages causés aux jeunes.
Le rapport présente aussi les conséquences profondes des bouleversements climatiques sur la jeunesse, que ce soit l’exposition à la pollution de l’air, de l’eau et de la nourriture ou encore l’anxiété climatique grandissante. Selon un sondage mené au Canada, 78 % des jeunes s’inquiètent des effets de la situation climatique sur leur santé mentale.
Une partie du problème – qui s’est avérée une porte d’entrée pour le milieu pétrolier et gazier – découle des coupes budgétaires gouvernementales qui ont laissé des lacunes dans le financement de l’éducation sur l’environnement. Ce vide, l’industrie est prête à le combler… et pas seulement l’industrie fossile. Quand mes enfants étaient à l’école, ils étaient exposés à du matériel provenant d’entreprises forestières, nucléaires et pharmaceutiques qui vantaient les mérites de leur travail.
Les conséquences négatives vont au-delà des dommages causés aux jeunes. En effet, le rapport l’expose clairement : « En maintenant une présence dans les écoles et en finançant les groupes éducatifs, l’industrie a réussi à façonner la vision du public sur les changements climatiques, par le biais d’une désinformation qui présente les combustibles fossiles comme inoffensifs, qui protège ses intérêts et qui ralentit l’action climatique. »
Les gouvernements de l’Alberta et de la Saskatchewan ont été particulièrement réceptifs à cette promotion de l’industrie : depuis des décennies, ils s’allient à des entreprises pour créer les curriculums scolaires de l’école primaire et secondaire.
Les personnes à la tête de ces entreprises ne semblent pas se soucier que l’usage de leurs produits soit nocif pour les enfants et fasse courir un risque à toute la population.
Ce matériel « éducatif » que les entreprises fournissent aux écoles fait partie d’une stratégie plus large visant à minimiser ou à nier les conséquences de l’utilisation du gaz, du pétrole et du charbon. Les personnes à la tête de ces entreprises ne semblent pas se soucier que l’usage de leurs produits soit nocif pour les enfants et fasse courir un risque à toute la population, tant qu’elles continueront d’amasser des profits obscènement excessifs.
Les gens de l’industrie savent pourtant, depuis les années 1950, que la combustion fossile émet des gaz à effet de serre qui bouleversent les cycles de carbone et réchauffent la planète à des niveaux dangereux. Même leurs propres scientifiques et recherches l’ont confirmé. Cependant, leur richesse et leur pouvoir politique immenses leur ont permis de mener une campagne constante d’endoctrinement, principalement à travers les médias et les membres de la classe politique qui se plient à leur volonté. Les entreprises se servent aussi de façades ou d’organisations d’« astroturfing » (similitantisme, ou faux groupes citoyens) pour diffuser des mensonges sur le climat et la pollution.
Il est étonnant que tant de gens, qu’ils soient à la direction d’entreprises ou dans la classe politique, accordent si peu d’importance à la jeunesse et soient prêts à sacrifier l’avenir des prochaines générations au bénéfice du profit à court terme.
L’heure est venue de mettre fin à l’influence de l’industrie des combustibles fossiles sur les gouvernements, les médias et la société. Et il est plus que temps de nettoyer le grave déversement pétrolier qui pollue l’esprit de nos enfants!