Nous devons veiller à ce que la démocratie ne se limite pas au droit de vote et aux élections. Aujourd’hui plus que jamais, l’implication de chaque personne est indispensable. (Photo : Keshav Rajasekar via Unsplash)

Étant donné les grands bouleversements qui secouaient le monde à l’approche de nos élections fédérales, les changements climatiques étaient presque absents de la campagne. Ce serait peut-être anodin si cet enjeu n’était pas aussi politisé. Mais dans le cas présent, ne serait-il pas logique que tous les partis s’attaquent à une crise qui menace le bien-être et la survie de l’espèce humaine?

Malheureusement, dans notre système capitaliste basé sur la consommation, la priorité est de générer le maximum de profits de la façon la plus rapide et la plus simple possible – quelles que soient les conséquences destructrices des pratiques mises en œuvre. On ne se préoccupe pas de la redistribution de la richesse : se rend-elle aux classes ouvrières ou continue-t-elle de s’accumuler uniquement dans les poches des ultrariches? Si l’activité paraît bien sur papier, qu’elle contribue au produit intérieur brut et qu’elle assure le maintien de quelques emplois, tout est beau.

Et donc, durant l’élection, nous avons vu des candidat.e.s de toutes les appartenances politiques parler de nouveaux oléoducs et d’augmentation de la production pétrogazière, ce qui aggravera la pollution et entraînera des émissions qui perturbent le climat ainsi que des conséquences coûteuses.

Maintenant que l’élection est derrière nous, nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers. Notre devoir démocratique ne s’arrête pas aux urnes; nous avons le devoir de créer la société que nous voulons voir advenir. Et qui ne voudrait pas d’air plus pur et d’eau plus limpide, ou encore des aliments sains, des emplois mieux rémunérés, des occasions économiques porteuses et plus d’équité?

Nous votons pour un gouvernement qui sera au service de la population et de ses intérêts, mais trop souvent, les personnes élues ne voient pas les choses de cette façon.

Nous votons pour un gouvernement qui sera au service de la population et de ses intérêts, mais trop souvent, les personnes élues ne voient pas les choses de cette façon. Beaucoup sont en fait au service de leurs riches donateurs et alliés du monde des affaires, et c’est la population qui écope. C’est à nous de veiller à ce que les élu.e.s respectent leurs priorités. Peu importe la personne ou le parti pour qui vous avez voté, il est essentiel de communiquer avec les élu.e.s pour manifester le désir d’un environnement sain et de justice sociale. Dans le contexte actuel où la classe politique, aux quatre coins du monde, abandonne les progrès importants mais insuffisants qui ont été faits dans la gestion des grandes crises environnementales, le Canada doit prendre les devants et jouer un rôle de leader.

L’élection était très axée sur la réaction aux menaces de notre voisin du sud – un voisin sur lequel nous pensions auparavant pouvoir compter, mais qui s’est retourné contre nous dans l’espoir d’affaiblir notre économie et de s’approprier nos ressources. Espérons que notre gouvernement saura se montrer à la hauteur – notamment en démontrant qu’il y a de meilleures façons de faire les choses.

Durant la campagne, l’industrie des combustibles fossiles et ses alliés politiques ont tiré parti des tensions entre les États-Unis et le Canada comme argument pour intensifier les activités du secteur : construire plus d’oléoducs et d’infrastructures pétrogazières, prétendument pour rendre le Canada plus indépendant sur le plan de l’énergie. Mais c’est un argument bidon, considérant que ces infrastructures ne se construisent pas du jour au lendemain.

Si nous tenions vraiment à notre indépendance énergétique, nous miserions sur les sources d’énergie les plus rentables et efficaces, soit celles qui sont renouvelables : éolien, solaire, géothermie et stockage.

Si nous tenions vraiment à notre indépendance énergétique, nous miserions sur les sources d’énergie les plus rentables et efficaces, soit celles qui sont renouvelables : éolien, solaire, géothermie et stockage. Nous avons besoin d’un réseau électrique constitué de sources propres et interconnectées qui facilite le transport entre provinces. Ainsi, le Canada ne dépendrait plus des États-Unis, ni par ailleurs des pétrolières multinationales qui ne cherchent qu’à enrichir leurs propriétaires, leurs cadres et leurs actionnaires.

Puisque tout le monde subit les conséquences de plus en plus graves de cette exploitation cupide du gaz, du pétrole et du charbon – phénomènes météorologiques extrêmes, feux de forêt dévastateurs, dômes de chaleur mortels ou inondations, sécheresses et pénuries d’eau coûteuses –, les personnes qui se sont penchées sur le problème s’entendent pour dire que nous ne pouvons pas nous permettre une exploitation accrue des combustibles fossiles. Ce serait du suicide!

Bien que le système économique mondial actuel, ancré dans le capitalisme et la consommation, soit relativement récent, les gens ont peur de s’écarter du statu quo. Et c’est ainsi que nous avançons à tâtons vers notre fin, brûlant toujours plus de combustibles fossiles, réchauffant la planète jusqu’à des températures insoutenables, étouffant les terres et les plans d’eau et nous asphyxiant nous-mêmes avec des quantités croissantes de plastique, tout en gaspillant les ressources et les services précieux de notre petite biosphère.

Nous devons veiller à ce que la démocratie ne se limite pas au droit de vote et aux élections. Aujourd’hui plus que jamais, l’implication de chaque personne est indispensable.

Pendant ce temps, l’écart entre les riches et les pauvres continue de se creuser, les milliardaires semblant résolus à tirer encore plus de valeur des richesses de la Terre, et cherchant à se protéger des conséquences en bâtissant des abris fortifiés, jusque sur Mars s’il le faut.

Les États-Unis sont la preuve qu’une seule élection peut entraîner des changements extrêmes. Nous devons veiller à ce que la démocratie ne se limite pas au droit de vote et aux élections. Aujourd’hui plus que jamais, l’implication de chaque personne est indispensable. Nous remercions toutes les personnes qui ont été candidates et félicitons celles qui ont gagné : c’est un engagement d’une grande importance. Pour ce qui est des autres, notre devoir est de nous informer, de parler à nos ami.e.s, à nos proches et à nos collègues, et de tenir les élu.e.s responsables en leur adressant des lettres, des appels et des pétitions ainsi qu’en prenant la rue.

L’élection est peut-être derrière nous, mais notre travail ne fait que commencer.