Il fut un temps où Elon Musk semblait avoir des idées brillantes. Investir dans une entreprise novatrice de vente de véhicules électriques en faisait partie. (Photo : The White House via Flickr)

Il fut un temps où Elon Musk semblait faire partie du camp des bonnes personnes. En effet, en 2015, lors d’une conférence en anglais à la Sorbonne, en France, juste avant la Conférence internationale sur le climat (COP21) qui se tenait à Paris, Musk avait clairement expliqué la crise liée au réchauffement planétaire et l’importance de « combattre la propagande de l’industrie des énergies fossiles ». En tant que PDG de Tesla, une entreprise de voitures électriques à la pointe de la technologie, il semblait vouloir poser des gestes positifs pour la planète. Cependant, son image publique s’est tellement détériorée que même les ventes de son entreprise ont considérablement chuté.

Le président des États-Unis a longtemps critiqué les voitures électriques et autres innovations modernes (source en anglais). Cependant, il s’est retrouvé sur la pelouse de la Maison-Blanche récemment, à promouvoir les dispendieux camions et voitures et électriques de Musk. Il cherchait ainsi à séduire une clientèle à qui on avait jadis fait croire que les voitures électriques étaient réservées aux « radicaux lunatiques de gauche ».

Les véhicules électriques ne sont toutefois pas, à eux seuls, suffisants pour résoudre la crise climatique. En effet, faire la promotion d’un usage généralisé de véhicules privés nuit à l’environnement, peu importe si ces derniers fonctionnent au gaz ou à l’électricité. Toutefois, tant que les gens utiliseront des véhicules personnels, il vaut certainement mieux que ces derniers soient électriques.

Toutefois, tant que les gens utiliseront des véhicules personnels, il vaut certainement mieux que ces derniers soient électriques.

Ces mêmes technologies peuvent également alimenter le transport en commun et les services de covoiturage et d’autopartage. Si l’offre en matière de transport collectif et d’autres modes de déplacement était améliorée et plus verte, l’utilisation de voitures privées serait réduite, tout comme les émissions de gaz à effet de serre et la pollution.

Il est difficile de prédire si les décisions de Musk favoriseront ou entraveront les ventes globales de voitures électriques. Il va sans dire qu’il n’a certainement pas rendu service à sa propre entreprise. Pourtant, les affaires vont bien pour une grande partie de sa concurrence, et ce, même sans soutien présidentiel.

Les personnes au fait des multiples bénéfices des voitures électriques (entretien réduit, « carburant » plus abordable, réduction de la pollution atmosphérique et sonore, efficacité accrue) ne sont pas moins enclines à en acheter une. Toutefois, elles pourraient décider de ne pas opter pour une Tesla. Et qui sait? Peut-être que certain.e.s partisan.e.s du mouvement MAGA se laisseront convaincre par le discours du président et changeront d’avis sur les voitures électriques.

Jusqu’à maintenant, les ventes globales dans ce secteur se portent plutôt bien (source en anglais). C’est particulièrement le cas en Chine, où des véhicules à moindre coût sont disponibles sur le marché, mais aussi en Amérique du Nord et en Europe, où on observe une croissance continue des ventes. En revanche, les ventes de Tesla ont connu une baisse, ce qui reflète la réaction des gens face à l’influence de Musk sur le président et son administration. L’homme d’affaires avait en effet ordonné à ses subalternes de licencier des milliers d’employé.e.s dans des secteurs essentiels (source en anglais). Finalement, les tribunaux ont ordonné leur réintégration.

Que ce soit par le biais du gaz ou de l’électricité, l’idée selon laquelle il faut des tonnes de métal et de plastique avec des systèmes informatisés pour que quelques personnes puissent se déplacer est absurde.

C’est dommage, car Tesla était un chef de file dans le domaine des véhicules électriques qui aurait pu continuer à innover, en particulier dans le transport en commun. J’ose espérer qu’il est toujours possible que l’entreprise renverse la donne.

Quoi qu’il en soit, il est crucial de poursuivre la transition vers les véhicules électriques. N’oublions toutefois pas que des véhicules privés pour tout le monde, avec des rues congestionnées et des ressources considérables consacrées aux routes et aux stationnements, ce n’est pas la solution, peu importe le type d’énergie utilisé. Les voitures électriques sont cependant un meilleur choix, et la technologie et les infrastructures de recharge s’améliorent.

En définitive, nous devons surtout abandonner la culture de l’automobile. Que ce soit par le biais du gaz ou de l’électricité, l’idée selon laquelle il faut des tonnes de métal et de plastique avec des systèmes informatisés pour que quelques personnes puissent se déplacer est absurde. Nous pourrions mettre en place de vastes systèmes de transport public alimentés par des énergies propres, améliorer les programmes de covoiturage et de partage de voitures et de vélos, étendre les services de trains et d’autobus interurbains et construire les infrastructures nécessaires, le tout, en utilisant bien moins de ressources. Les routes et les stationnements pourraient être convertis en pistes cyclables, en sentiers piétonniers, en parcs ou en jardins.

Je ne sais pas ce qui est arrivé à Elon Musk, mais il fut un temps où il semblait avoir des idées brillantes.

En optant pour des véhicules électriques, les personnes ayant besoin d’une voiture pour travailler ou pour obtenir des services publics pourraient bénéficier de routes moins congestionnées et de coûts d’entretien et de fonctionnement plus abordables.

Je ne sais pas ce qui est arrivé à Elon Musk, mais il fut un temps où il semblait avoir des idées brillantes. Investir dans une entreprise novatrice de vente de véhicules électriques en faisait partie. Il avait aussi un engagement ferme pour la science et les preuves scientifiques.

Il peut sans doute constater qu’il est plus gratifiant de miser sur la raison et les solutions en matière d’urgence climatique que de se rallier au camp voulant freiner le progrès et exacerber davantage la crise en forant à tout va. Il comprend certainement que la technologie des véhicules électriques est une partie importante de la solution. Il pourrait être vu comme un leader, quelqu’un qui utilise sa richesse et son pouvoir pour contribuer à créer un monde meilleur. Or, Musk a choisi une voie chaotique et destructrice.

Espérons seulement qu’il ne freinera pas la progression positive à laquelle il a pourtant contribué.