La diversité est inhérente à la vie. Que ce soit sur le plan des individus, des écosystèmes ou de la planète Terre dans son ensemble, la diversité accroît la force et la résilience. (Photo : Corelens via Canva)

Dans certains milieux, le terme « diversité » est tabou. Or, dans les faits, la diversité est inhérente à la vie. Que ce soit sur le plan des individus, des écosystèmes ou de la planète Terre dans son ensemble, la diversité accroît la force et la résilience. Les systèmes interdépendants les mieux adaptés aux conditions changeantes perdurent. Chez les différentes espèces, les traits les plus susceptibles de garantir la survie sont ceux qui sont généralement transmis.

La diversité augmente les probabilités que les écosystèmes, les végétaux, les animaux et toutes les autres formes de vie puissent prospérer en dépit d’une série de menaces. Par exemple, si une forêt abrite une gamme variée de formes de vie et d’espèces d’arbres, elle devient plus résistante aux conséquences d’une maladie, d’insectes ou de conditions météorologiques qui ne frappent qu’un petit nombre d’espèces.

La diversité au sein de la société est également cruciale. Au-delà de la diversité génétique – essentielle à la survie –, une variété d’horizons, d’idées, de cultures et de visions stimule et enrichit la société. Cela nous offre une myriade de points de vue, ce qui se traduit par de meilleures solutions ou de meilleurs programmes que ceux imposés par des personnes ou des groupes restreints.

Au-delà de la diversité génétique – essentielle à la survie –, une variété d’horizons, d’idées, de cultures et de visions stimule et enrichit la société.

Depuis l’émergence de la vie sur Terre, il y a environ 4 milliards d’années, notre planète a connu des changements stupéfiants. La chaleur du Soleil a augmenté de 30 %. Les plaques tectoniques se sont déplacées, se sont heurtées et se sont séparées. Les océans se sont remplis, puis asséchés. L’atmosphère est maintenant chargée en oxygène, grâce à l’évolution des végétaux, tandis qu’elle n’en contenait pas auparavant. Des montagnes se sont formées, puis se sont érodées. Les pôles magnétiques ont connu des inversions, puis se sont rétablis, tandis que des périodes chaudes ont laissé place à des périodes glaciaires. Pendant tout ce temps, la vie a persisté et s’est épanouie, même si 99,99 % des espèces qui peuplaient autrefois notre planète ont aujourd’hui disparu.

Grâce aux fossiles, il est possible de déceler cinq extinctions de masse où 70 à 95 % des espèces ont disparu soudainement (en termes géologiques). Après chacun de ces événements, la vie a repris son cours dans l’abondance et la diversité, mais cela a pris plusieurs millions d’années.

La plus récente extinction de masse remonte à 65 millions d’années, quand les dinosaures ont disparu, ce qui a permis aux petits mammifères, nos ancêtres, de devenir une espèce dominante. Malgré leur disparition soudaine, les dinosaures avaient prospéré durant près de 150 millions d’années. En comparaison, notre espèce humaine existe depuis seulement 200 000 ans.

Les dinosaures n’ont pas pu résister à l’impact d’un astéroïde géant de douze kilomètres de long et se déplaçant à une vitesse de 43 000 kilomètres par heure. Cette collision avec la Terre a produit une colonne de sable et de poussière en fusion, qui s’est élevée si haut qu’une partie des débris a même échappé à la force de gravité. La planète a alors été plongée dans une période glaciaire ayant entraîné l’extinction des espèces animales et végétales.

Malgré leur disparition soudaine, les dinosaures avaient prospéré durant près de 150 millions d’années. En comparaison, notre espèce humaine existe depuis seulement 200 000 ans.

De nos jours, à l’ère de l’anthropocène, l’être humain est devenu la force prédominante modifiant la Terre. Les conséquences de nos actions dépassent de loin celles d’un astéroïde. En réalité, nous avons déclenché et accéléré l’arrivée d’une sixième extinction de masse qui a déjà décimé des millions d’espèces et qui met en danger encore deux millions d’entre elles. Selon une vaste étude publiée dans la revue Nature, la diversité génétique des animaux, des végétaux, des champignons et des chromistes (un groupe d’organismes) est en baisse à l’échelle planétaire, principalement en raison de l’activité humaine (article en anglais).

Ce problème est en grande partie attribuable à la vision coloniale dominante, bien que dépassée, qui considère la Terre et ses « ressources » comme un bien à exploiter sans considération pour l’intégrité des systèmes naturels qui assurent notre santé et notre existence. En vivant sur leur territoire depuis des millénaires, les peuples autochtones du monde entier ont acquis une profonde compréhension du fonctionnement des écosystèmes dont ils font partie. Ainsi, lorsque les réserves de poissons semblent insuffisantes, ils ont appris à réduire leurs activités. L’approche coloniale occidentale, en revanche, consiste à conquérir la Terre, à piller ses ressources et à empocher l’argent, avant de passer à autre chose.

Voilà pourquoi la diversité des cultures, des peuples et des formes de savoir demeure si cruciale. Nous ne pouvons pas résoudre des problèmes aussi graves que les changements climatiques et la perte de la biodiversité en utilisant la même mentalité qui nous a conduits à ces crises écologiques. Nous avons besoin de nouvelles perspectives, axées sur la nature et les droits de la personne, pour tout ce qui touche le commerce, le développement et l’agriculture, entre autres.

Nous avons besoin de nouvelles perspectives, axées sur la nature et les droits de la personne, pour tout ce qui touche le commerce, le développement et l’agriculture, entre autres.

La diversité a contribué à la puissance des nations, en particulier du Canada et des États-Unis. L’accroissement de la participation de personnes issues de milieux culturels et socio-économiques divers dans les sphères citoyennes et politiques engendre une diversité d’opinions et une meilleure prise en compte des droits et des besoins des individus qui ne font pas partie de la classe politique dominante.

En revanche, la peur menace de ralentir, voire de faire régresser les avancées. Beaucoup de gens redoutent le changement, les idées nouvelles et les personnes qui ne leur ressemblent pas. Les milliardaires et les oligarques en profitent pour accumuler encore plus de richesses et de pouvoir.

Il est essentiel de ne pas céder à la peur. Nous sommes l’espèce dominante et omnivore qui consomme le plus de ressources de l’histoire de la Terre. Il est donc illogique de croire que la perte massive de biodiversité, exacerbée par les changements climatiques, ne constitue pas une menace pour nous. La préservation de la diversité doit être considérée comme un principe de survie intégré à toutes les dimensions de la vie.