Deux chevreuils près d'une rivière

La convention COP15 sur la biodiversité et le sommet COP27 sur les changements climatiques réaffirment que les crises massives et mondiales auxquelles nous sommes confronté-e-s nécessitent un changement systémique.

Alors que la 27e Conférence des parties de l’ONU sur les changements climatiques (COP27) s’achève, nous ne pouvons pas perdre de vue la COP15 (ou COP sur la biodiversité) qui se tiendra du 7 au 19 décembre à Montréal. En tant que pays hôte qui échoue à bien des égards à protéger et à restaurer ses écosystèmes vastes et diversifiés, le Canada a une responsabilité et un rôle importants.

Des délégués de pays du monde entier se réuniront lors de la 15e Conférence des parties (COP15) pour la Convention sur la diversité biologique pour tenter de finaliser le Cadre mondial de la biodiversité, qui a pour objectif « de transformer la relation de la société avec la biodiversité et faire en sorte que, d’ici 2050, la vision commune de vivre en harmonie avec la nature soit réalisée ».

C’est un objectif énorme et nécessaire, et le Canada doit s’y commettre. Cela implique de mettre fin à des pratiques destructrices comme l’exploitation des forêts anciennes. Malgré l’assurance du gouvernement qu’il allait « transformer fondamentalement la façon dont nous gérons nos forêts, terres et ressources anciennes », la situation a été particulièrement mauvaise en Colombie-Britannique.

Un groupe consultatif technique de 2021 sur les forêts anciennes a constaté que la C.-B. a coupé bien plus de la moitié des 25 millions d’hectares estimés de forêt naturelle qui existaient avant le début de l’exploitation industrielle à grande échelle. Il ne reste que 11 millions d’hectares, dont une grande partie n’est pas protégée et/ou est en danger.

Des délégués de pays du monde entier se réuniront lors de la 15e Conférence des parties (COP15) pour la Convention sur la diversité biologique pour tenter de finaliser le Cadre mondial de la biodiversité.

Dans tout le pays, des écosystèmes sains sont découpés par des routes pour des incursions industrielles, exploitées pour des minéraux et du pétrole, fracturés pour du gaz et défrichés pour plus de développement urbain et d’autoroutes.

Nous constatons toujours les mêmes batailles entre ceux qui veulent protéger, restaurer et vivre en harmonie avec les forêts, les cours d’eau, les zones humides et autres, et les entreprises extractives, appuyées par le gouvernement et la police, qui veulent s’enrichir elles et leurs actionnaires tout en créant quelques emplois temporaires.

Nous l’avons vu à Fairy Creek sur l’île de Vancouver, dans les Klabona ou Sacred Headwaters au nord de la Colombie-Britannique et sur le territoire Wetʼsuwetʼen sur la côte nord. Nous menions des batailles similaires il y a des décennies, à Clayoquot Sound, dans la vallée de Stein et au Site C.

Le gouvernement du Canada reconnaît l’importance de protéger et de restaurer la nature. Il s’est engagé à protéger 25% des terres et des océans d’ici 2025, tout en visant 30% d’ici 2030. Son engagement envers les zones et réseaux marins protégés et l’expansion des réserves nationales de faune est admirable et essentiel, tout comme le fait de faire cesser les fermes d’élevage de saumons à filets ouverts.

Le gouvernement du Canada reconnaît l’importance de protéger et de restaurer la nature.

Le gouvernement a également promis « une collaboration et un partenariat étroits avec les Premières nations, les Inuits et les Métis ». Cet aspect est crucial et doit inclure la représentation des Autochtones dans la prise de décision et la gestion des terres traditionnelles. Les aires protégées et conservées par les Autochtones sont une nouvelle façon de combiner la reconnaissance des droits et de la gouvernance autochtones avec les objectifs de conservation et de restauration.

Mais avec la fracturation hydraulique gazière, l’exploitation pétrolière, forestière et minière et l’infrastructure qui les accompagne, la Colombie-Britannique et le Canada ne semblent pas prêts à réaliser la vision de la convention de « vivre en harmonie avec la nature ». Une politique économique à court terme et d’une autre époque fait trop souvent passer le maintien des combustibles fossiles et autres profits industriels avant les écosystèmes dont nous dépendons pour notre santé, notre bien-être et notre survie.

Comme l’indique le Programme des Nations unies pour l’environnement, « malgré les efforts en cours, la biodiversité se détériore dans le monde entier et ce déclin devrait s’accentuer si le statu quo est maintenu ». Les crises de la biodiversité et du climat sont interconnectées, enracinées dans un système d’exploitation qui encourage la cupidité, le gaspillage, la pollution et l’épuisement rapide des ressources.

Malgré les efforts en cours, la biodiversité se détériore dans le monde entier et ce déclin devrait s’accentuer si le statu quo est maintenu.

Selon l’Association canadienne pour les Nations Unies, le million d’espèces estimées menacées d’extinction dans le monde a des implications critiques : « De l’effondrement de l’approvisionnement alimentaire aux menaces directes sur la santé, en passant par la perturbation des chaînes d’approvisionnement, la perte de la nature est une perte pour nous tout le monde ».

Lors de la COP sur la biodiversité, les délégués discuteront, entre autres, d’une proposition visant à freiner et à inverser la perte de biodiversité dans les terres et les océans d’ici 2050, ainsi que d’en assurer le financement. Mais les discours sont une chose; aucun gouvernement n’a atteint ses objectifs de protection de la nature au cours des 15 dernières années. Et les pays doivent s’assurer que les mesures n’exacerbent pas les inégalités mondiales.

Comme pour le changement climatique, nous essayons de réparer un système défaillant. Les recherches scientifiques occidentales ont clairement identifié le problème qui se développe rapidement, mais nous avons besoin des connaissances et de la sagesse des peuples autochtones qui vivent sur place depuis des millénaires pour apprendre véritablement à vivre en harmonie avec l’incroyable interdépendance de la biosphère terrestre.

La convention COP15 sur la biodiversité et le sommet COP27 sur les changements climatiques réaffirment que les crises massives et mondiales auxquelles nous sommes confronté-e-s nécessitent un changement systémique et de meilleures façons de voir, et non plus des bricolages et des changements graduels.