Les élections fédérales se sont déroulées dans un contexte inédit : les États-Unis, jadis alliés, mènent une guerre commerciale contre leurs partenaires traditionnels, démantèlent leurs lois environnementales et attaquent les institutions multilatérales. Ces bouleversements menacent directement notre sécurité énergétique, alimentaire et humaine.
Mais au lieu d’inspirer de nouvelles visions du développement durable, ce contexte politique a fait resurgir un nationalisme régressif, en plus d’émettre des suggestions selon lesquelles le Canada devrait construire de nouveaux pipelines pour transporter les combustibles fossiles à travers le pays et trouver de nouveaux marchés pour l’exportation de ceux-ci. Cela nuirait à notre santé publique et à nos écosystèmes et ignorerait les constats scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat et de l’Agence internationale de l’énergie, qui ont tous deux appelé à une réorientation des flux financiers vers d’autres sources que les combustibles fossiles.
Au lieu de céder à ce réflexe de repli, le nouveau gouvernement fédéral devrait voir dans cette crise géopolitique une occasion de renforcer l’alignement entre les politiques commerciales et environnementales.
Au lieu de céder à ce réflexe de repli, le nouveau gouvernement fédéral devrait voir dans cette crise géopolitique une occasion de renforcer l’alignement entre les politiques commerciales et environnementales. Le Canada peut et doit harmoniser ses accords commerciaux avec ses engagements internationaux tel que prévu dans l’Accord de Paris, le Cadre mondial pour la biodiversité et le Pacte pour l’avenir.
L’intensification des échanges avec un partenaire comme les États-Unis, dont les normes environnementales sont en recul, compromet la santé publique des deux côtés de la frontière. Un exemple frappant est l’accord bilatéral sur le commerce des déchets plastiques, qui viole les lois internationales et canadiennes en raison du laxisme des normes américaines. Le Canada devrait annuler cet accord et s’assurer que ses futurs traités commerciaux intègrent les principes de précaution, du pollueur-payeur et d’équité intergénérationnelle, qui sont fondamentaux.
Une voie progressiste : repenser le commerce pour le développement durable
Ce déclin de la coopération américaine doit pousser le Canada à s’éloigner des industries fossiles en déclin, qui ont appauvri les travailleurs et travailleuses au profit des grands dirigeants et actionnaires. Saisissons cette occasion pour bâtir des alliances plus éthiques et durables, avec des partenaires comme l’Union européenne, le Mexique, les économies émergentes et les pays du Sud. Cela est clé pour construire un avenir économique qui ne dépende pas de l’hystérie de Washington, mais qui soit ancré dans un réseau mondial d’alliés diversifié, éthique et résilient.
Cela est clé pour construire un avenir économique qui ne dépende pas de l’hystérie de Washington, mais qui soit ancré dans un réseau mondial d’alliés diversifié, éthique et résilient.
La nouvelle politique commerciale du Canada devrait donner la priorité à la justice économique et à la sécurité environnementale en adhérant à des principes progressistes. Il s’agit notamment de respecter la souveraineté autochtone, de réinvestir les richesses dans les économies locales et autochtones, et d’éliminer les tarifs sur les biens et services environnementaux.
Les nouveaux accords commerciaux doivent définir et supprimer progressivement les subventions aux combustibles fossiles afin d’éliminer les distorsions du marché qui favorisent les secteurs à forte intensité de carbone, promouvoir l’écoétiquetage et mettre en œuvre des évaluations périodiques de l’impact sur l’environnement, en accordant une attention particulière aux effets potentiels sur la biodiversité, les écosystèmes et les changements climatiques.
En outre, une approche commerciale renouvelée devrait mettre l’accent sur la transparence, la participation publique et la gouvernance inclusive dans les négociations commerciales, en permettant une participation significative des groupes de la société civile et des peuples autochtones.
Vers un nouvel ordre économique mondial
En ce moment critique, le Canada peut s’appuyer sur son héritage de leader en matière de coopération internationale, depuis sa participation à la création des Nations unies, de l’Organisation mondiale de la santé et de l’Organisation internationale du travail, jusqu’à son rôle dans la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Alors que les États-Unis se replient sur l’isolationnisme commercial, le Canada a l’occasion de retrouver son leadership mondial. En adoptant un nouvel internationalisme, les gouvernements fédéral et provinciaux peuvent renforcer un multilatéralisme qui donne la priorité aux droits fondamentaux, y compris aux droits environnementaux.
Alors que les États-Unis se replient sur l’isolationnisme commercial, le Canada a l’occasion de retrouver son leadership mondial. En adoptant un nouvel internationalisme, les gouvernements fédéral et provinciaux peuvent renforcer un multilatéralisme qui donne la priorité aux droits fondamentaux, y compris aux droits environnementaux. Cette politique commerciale progressiste permettrait non seulement de réaffirmer le rôle historique du Canada en tant que rassembleur et bâtisseur de ponts, mais aussi de montrer la voie dans l’élaboration d’un ordre mondial plus juste et plus coopératif.