L’usage unique, symptôme d’un problème en plastique

On perçoit souvent le plastique comme un matériau de valeur moindre et c’est là qu’on se trompe. En lui accordant peu de valeur, à la fois sur le marché et dans nos cœurs, on l’utilise très très mal.

Juillet sans plastique : connaissez-vous ce mouvement? L’objectif, c’est de profiter du mois de juillet pour sensibiliser aux enjeux environnementaux liés à notre surproduction de plastique et pour encourager à tendre vers des habitudes de réduction à la source du plastique. La mission est à la fois colossale et nécessaire puisque nous avons produit une telle quantité de plastique depuis son invention qu’on en retrouve jusque dans les moindres recoins de la planète… et de notre corps!

Et bien qu’il soit important de combattre le plastique, il est tout aussi important de prendre un pas de recul pour éviter que l’industrie ne prenne la voie de contournement et ne le remplace par un problème différent, mais tout aussi dommageable.

Revenir à la base

Pour bien comprendre le sens de ce pas de recul, il faut d’abord revenir à la base même des impacts liés à notre consommation : le cycle de vie des produits.

Que nous achetions une pomme, un grille-pain ou que nous acceptions des échantillons gratuits, tout ce que nous consommons a un cycle de vie :

  1. Extraction des ressources;
  2. Fabrication du produit (incluant toutes les étapes de transformation ainsi que les emballages nécessaires);
  3. Transport (qui se retrouve aussi dans les étapes 1-2-4-5);
  4. Consommation du produit;
  5. Fin de vie (si recyclés, on renvoie les matières dans un nouveau cycle, sinon, elles terminent dans un site d’enfouissement, un incinérateur ou la nature).

Ceci est un résumé : la réalité est beaucoup plus complexe. L’important, c’est surtout de comprendre que chaque fois qu’on consomme un produit, le cycle de vie de ce dernier a un impact plus grand que ce qui se passe sous nos yeux.

Revenons au plastique!

On perçoit souvent le plastique comme un matériau de valeur moindre et c’est là qu’on se trompe. En lui accordant peu de valeur, à la fois sur le marché et dans nos cœurs, on l’utilise très (très!) mal. On s’en sert pour fabriquer des pailles, des bouteilles, des ustensiles, des contenants, des sacs… tous à usage unique.

Pourtant, le plastique est un matériau durable, imperméable, malléable, versatile et il devrait être traité avec respect et donc, ne pas être employé pour des produits non essentiels à usage unique!

Bien que je vous encourage à réutiliser le plastique, il n’est pas recommandé de réutiliser certains items à usage unique en plastique pour des aliments parce qu’ils n’ont pas été conçus à cet effet et qu’ils pourraient relâcher des produits toxiques ainsi que des microplastiques dans votre nourriture. Si vous souhaitez réutiliser ce genre de contenants, prenez-les pour des produits non alimentaires ou pour des aliments secs. Sinon, optez pour des contenants conçus pour la réutilisation.

Photo : Coopérative Incita

Le fameux pas de recul

Je vous parlais d’un pas de recul, le voici :

L’adversaire à attaquer, ce n’est pas seulement le matériau (plastique), c’est également l’utilisation qu’on en fait (usage unique) peu importe la matière.

Vous rappelez-vous de la tortue ayant une paille à usage unique en plastique de prise dans la narine? La vidéo de cet animal en souffrance avait fait le tour du monde et une levée de boucliers s’était rapidement mise en place contre ces fameuses pailles à usage unique en plastique.

Le résultat de ce mouvement mondial? Une grande transition des pailles en plastique vers des pailles en carton. L’ironie? Toujours à usage unique, ces nouvelles pailles, soi-disant plus écologiques, sont :

Nous avons collectivement déplacé le problème d’un matériau (plastique) vers un autre (papier). Et personne ne semble s’être posé la bonne question :

Avons-nous vraiment besoin de pailles à usage unique?
Tout ça, pour ça.

Photo : Coopérative Incita

Gros impact, peu d’efforts : c’est possible?

Voici quelques conseils en rafale pour le plus d’impact avec le moins d’efforts possible :

  1. Réduire autant que possible les items à usage unique, peu importe la matière. La liste des produits faciles à remplacer par des options réutilisables est longue : bouteilles, ustensiles, napkins, verres à café, sacs d’emplettes, etc.
  2. Recycler moins. Recycler : c’est bien. Consommer moins : c’est mieux!
  3. Consommer moins. De tout. Que ce soit pour le transport, l’énergie, l’emballage, la fertilisation des champs ou la fabrication, tout ce que l’on consomme nécessite des énergies fossiles et du plastique.
  4. Tendre vers un mode de vie zéro déchet en utilisant la hiérarchie des 5R et en favorisant l’achat en vrac et le fait maison.
  5. Pour les personnes concernées, passer aux produits menstruels lavables! Ça permet d’éviter une quantité astronomique de plastique à usage unique, c’est plus confortable, plus pratique et… BEAUCOUP plus économique!
  6. Éviter le piège de vouloir éliminer TOUT le plastique de notre vie. C’est virtuellement impossible et ça peut devenir contre-productif. Réutilisons ce que nous avons déjà sous la main plutôt que de consommer de nouveaux produits.

Tendre vers un mode de vie plus respectueux de l’environnement comporte son lot de fausses bonnes idées et de pièges. Pour s’y retrouver, je vous invite à toujours repartir du cycle de vie des produits et de la hiérarchie des 5R afin de mieux analyser la situation. Et si vous souhaitez vous lancer dans l’aventure Juillet sans plastique, je vous encourage chaudement à le faire : toujours en respectant vos limites personnelles et votre contexte de vie.

Bon juillet sans plastique ou plutôt… Bonne année de réduction de l’usage unique! (Ça sonne moins bien, mais c’est plus efficace!)

Mélissa de La Fontaine

Mélissa a adopté un mode de vie zéro déchet en 2013, et depuis, le sujet la passionne! Conférencière, consultante et autrice du livre Tendre vers le zéro déchet aux Éditions La Presse, elle a eu l’occasion de présenter la simplicité de son mode de vie dans plusieurs médias, dont Radio-Canada, La Presse, Le Devoir et Le Huffington Post. Mélissa a cofondé Incita, une coop-conseil zéro déchet, avec Laure Caillot et Amélie Côté afin d’offrir leurs services de consultation et de formation pour faciliter la transition vers le zéro déchet. À travers plus de 150 conférences et ateliers qui lui ont permis de rejoindre plus de 10 000 personnes, Mélissa a eu la chance de partager ses réflexions et de proposer des solutions concrètes au quotidien pour vivre mieux, avec moins.

Photo : Mathieu Deshayes