Jour de la Terre : combattre la pollution plastique

Marche collective de la Colline du Parlement jusqu’au Centre Shaw à Ottawa, le 21 avril 2024.

En ce Jour de la Terre, la pollution plastique est au cœur des préoccupations environnementales. Véritable fléau, elle porte préjudice à la faune, à la flore, au climat et aux êtres humains à travers le monde.

Plus encore! Elle bafoue nos droits fondamentaux à la santé et à un environnement sain. Avec 400 millions de tonnes produites annuellement, elle est considérée comme la deuxième menace la plus inquiétante pour l’environnement mondial, après les changements climatiques, selon l’Organisation des Nations unies.

« Il ne s’agit pas seulement de traiter la pollution plastique au niveau des déchets émis. Il est primordial de résoudre le problème en amont, en implantant un plafonnement de la production mondiale », affirme la spécialiste en communications et en affaires publiques à la Fondation David Suzuki (FDS), Stéphanie Harnois.

Il ne s’agit pas seulement de traiter la pollution plastique au niveau des déchets émis. Il est primordial de résoudre le problème en amont, en implantant un plafonnement de la production mondiale.

En ce sens, l’instauration d’un traité international juridiquement contraignant est en cours d’élaboration par 175 pays, incluant le Canada. La quatrième session des négociations se tiendra du 23 au 29 avril 2024 à Ottawa.

Enjeux et répercussions

La consommation du plastique a quadruplé au cours des 30 dernières années et plus de neuf milliards de tonnes ont été produites depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Que ce soit dans les sites d’enfouissement, les milieux humides, les océans ou sur les plages, l’accumulation des déchets qui en résulte se trouve partout à travers le monde.

La mer Méditerranée, l’océan Arctique, l’Asie de l’Est et du Sud-Est sont des zones particulièrement touchées par la pollution plastique. Si la situation se maintient, les rejets de déchets de plastique dans les écosystèmes aquatiques devraient presque tripler d’ici 2040. Quant au Canada, près de 90 % des déchets de plastique finissent dans des sites d’enfouissement ou dans l’environnement.

De surcroît, 99 % du plastique est fabriqué à partir de combustibles fossiles, ce qui en fait une source importante d’émissions de gaz à effet de serre, principalement lors de sa production et de sa transformation. Par conséquent, il est impératif d’éliminer le problème à la source, en cessant le financement public du secteur des hydrocarbures.

Marche collective de la Colline du Parlement jusqu’au Centre Shaw à Ottawa, le 21 avril 2024.

Par ailleurs, les impacts de la pollution plastique sont multiples, tant pour la santé, que l’environnement, la société et l’économie.

En effet, les sources de contamination pour l’être humain sont nombreuses, en lien avec l’incinération, l’enfouissement et la mauvaise gestion des plastiques (précisons que ce sont moins de 10 % qui sont recyclés chaque année!), mais également et surtout en lien avec notre exposition quotidienne avec les produits de plastique.

En outre, plus de 3 200 substances chimiques qu’ils contiennent ont une ou plusieurs propriétés dangereuses préoccupantes, touchant davantage les femmes et les enfants. Rappelons que les microplastiques font partie de la chaîne alimentaire, que ce soit via l’ingestion, l’inhalation et l’absorption cutanée, par exemple.

Stéphanie

Avec le réchauffement climatique, les dépotoirs, les lieux d’enfouissement et les sites d’incinération menacent d’amplifier la propagation de moustiques et d’agents pathogènes. Les risques de maladies qui en découlent sont alors plus dangereux pour les personnes qui se trouvent à proximité.

Stéphanie Harnois, spécialiste en communications et en affaires publiques à la Fondation David Suzuki

Les conséquences sont également déplorables sur la faune et la flore. La contamination plastique se répercute sur au moins 267 espèces dans le monde et chaque année, plus de 100 000 animaux marins s’empêtrent dans les engins de pêche abandonnés et périssent (source en anglais).

De plus, la gestion illicite des déchets de plastique est à la source de profondes injustices environnementales et sanitaires, notamment pour les communautés côtières et autochtones qui se nourrissent d’espèces marines. Il en va de même pour les populations vivant à côté des installations de production et de traitement des déchets. Stéphanie Harnois soutient qu’il est donc essentiel d’instaurer des politiques qui les accompagnent, les appuient et les soutiennent.

« Avec le réchauffement climatique, les dépotoirs, les lieux d’enfouissement et les sites d’incinération menacent d’amplifier la propagation de moustiques et d’agents pathogènes. Les risques de maladies qui en découlent sont alors plus dangereux pour les personnes qui se trouvent à proximité », explique-t-elle.

En plus de réduire la valeur récréotouristique des sites naturels et patrimoniaux, les coûts de la pollution plastique sur la société sont inévitables. Ils sont générés, entre autres, par les infrastructures de recyclage et de traitement des déchets, ainsi que leur transport et les nombreuses opérations de nettoyage. Ils se seraient élevés au minimum à entre 6 et 19 milliards de dollars en 2018, selon l’ONU.

Actions collectives

D’une part, l’implantation d’un traité international plafonnant la production mondiale du plastique est impérative et en cours d’élaboration par le Comité intergouvernemental de négociation (CIN). Son objectif? Instaurer des mesures couvrant l’ensemble du cycle de vie des plastiques d’ici la fin de 2024, à savoir l’extraction des matières premières, la production, le transport, l’utilisation, l’élimination et la remédiation.

Marche collective de la Colline du Parlement jusqu’au Centre Shaw à Ottawa, le 21 avril 2024.

Dans ce cadre, la quatrième session du CIN se tiendra du 23 au 29 avril 2024 dans la capitale canadienne. Elle constituera un moment clé, pouvant faire du traité international sur le plastique une victoire ou un échec. S’il est effectif, il sera le premier accord multilatéral en environnement à être négocié depuis l’Accord de Paris sur le climat en 2015. L’industrie des combustibles fossiles, qui tire profit de la production de plastique, de même que les pays producteurs comme l’Inde et la Chine, font toutefois front.

Afin de rappeler aux gouvernements leurs responsabilités envers les populations, l’environnement, la faune, la flore et le climat, la FDS s’est jointe à d’autres organismes de la société civile lors d’une marche collective de la Colline du Parlement jusqu’au Centre Shaw à Ottawa, le 21 avril 2024.

« La Fondation David Suzuki exige que tous les impacts du cycle de vie du plastique soient pris en compte : de l’extraction des énergies fossiles, en passant par la production et les rejets toxiques émis durant la phase de transformation, jusqu’aux conséquences sur l’environnement, les communautés et la santé », commente la spécialiste en communications et en affaires publiques à la FDS.

Marche collective de la Colline du Parlement jusqu’au Centre Shaw à Ottawa, le 21 avril 2024.

L’intervention en amont et en aval de la production et de l’utilisation du plastique permettrait d’ouvrir la voie vers l’économie circulaire, favorisant l’élimination des déchets et de la pollution, le maintien de l’usage des produits et des matériaux, ainsi que la restauration des écosystèmes.

La Fondation David Suzuki exige que tous les impacts du cycle de vie du plastique soient pris en compte : de l’extraction des énergies fossiles, en passant par la production et les rejets toxiques émis durant la phase de transformation, jusqu’aux conséquences sur l’environnement, les communautés et la santé.

D’autre part, bien qu’un règlement sur les plastiques à usage unique est en vigueur au Canada depuis 2022, Stéphanie Harnois affirme qu’il manque d’ambition. En effet, des exceptions sont accordées à certains produits de plastique et plusieurs interdictions liées à la vente et à l’exportation ne sont pas encore en branle.

Au niveau provincial, la Stratégie de réduction et de gestion responsable des plastiques au Québec n’est quant à elle pas encore effective. Des règlements ont toutefois été adoptés dans certaines municipalités, comme à Montréal. La ville de Prévost s’est également dotée de sa propre régulation, par le biais d’un système de consignation de six types d’articles à usage unique, entre autres. Ces écocontributions, s’élevant à 60 000 $ par an, servent à financer des projets de réduction des déchets. Un bel exemple à suivre!

Une différence peut aussi être faite sur le plan individuel. En ce sens, vous avez la possibilité de réduire vos déchets et d’adopter des habitudes plus écoresponsables en signant notre manifeste zéro déchet de plastique, ainsi que notre pétition pour des mesures gouvernementales ambitieuses contre le plastique.