Un nouveau traité mondial peut-il éliminer la crise du plastique?

La pollution plastique : contexte et impacts

Depuis la commercialisation des matières plastiques à l’échelle mondiale au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, leur production et leur consommation ont conduit à des niveaux très élevés de pollution plastique. Celles-ci ont mené à une gestion illicite des déchets plastiques et ainsi à des injustices environnementales et sanitaires, et ce, partout dans le monde.

Selon un rapport de l’OCDE publié en 2022, seulement 9 % des plastiques sont recyclés chaque année, le reste étant brûlés, enfouis ou mal gérés et non collectés. Il est prouvé que cette contamination plastique a des effets négatifs sur « au moins 267 espèces dans le monde, 44 % de toutes les espèces d’oiseaux de mer et 43 % de toutes les espèces de mammifères marins ». Les particules de plastique peuvent aussi se retrouver profondément enfouies dans le corps humain, dans le placenta, le sang et même le cerveau.

Selon un rapport de l’OCDE publié en 2022, seulement 9 % des plastiques sont recyclés chaque année, le reste étant brûlés, enfouis ou mal gérés et non collectés.

Parallèlement aux impacts directs de la pollution plastique sur les organismes vivants, la production aggrave la crise climatique, puisque 99 % des plastiques proviennent de combustibles fossiles. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit que les produits pétrochimiques utilisés pour la fabrication des plastiques représenteront près de 50% de la hausse de la demande en pétrole d’ici à 2050.

Le rapport de l’AIE constate aussi que cette croissance est principalement stimulée par les économies avancées, qui consomment 20 fois plus de plastiques par habitant.e que les économies en développement. Ces dernières subissent également les effets disproportionnés du flux de déchets toxiques provenant des régions riches du monde, notamment, le Canada.

L’importance de la coopération internationale

Les impacts négatifs du cycle de vie des plastiques sur les changements climatiques, la biodiversité et les droits humains sont bien documentés et ont conduit la communauté internationale à engager un processus de négociations afin de développer un instrument juridiquement contraignant pour éliminer la pollution plastique.

À la fin du mois de mai, les dirigeant.e.s du monde entier et les acteurs de la société civile se réuniront pour la deuxième session du Comité Intergouvernemental de Négociation (CIN-2). Le processus de négociations devrait aboutir d’ici à la fin de 2024; mais les éléments fondamentaux du futur traité, qui seront discutés lors du CIN-2, ont été précisés dans un texte distribué par le secrétariat du Programme des Nations Unies pour l’environnement.

Une coalition mondiale de centaines d’acteurs de la société civile a également été mise en place, exigeant que le nouvel accord prévoie des mesures pour toutes les étapes du cycle de vie des plastiques. Au fur et à mesure que les négociations se poursuivent, il est impératif que les discussions s’appuient sur des décennies d’élaboration d’accords multilatéraux sur l’environnement et sur une approche globale inclusive pour éliminer la pollution plastique.

Un traité pour aller de l’avant

Le traité doit s’attaquer à la source de la crise en introduisant un plafond maximal sur la production du plastique neuf et accélérer l’élimination du financement public des combustibles fossiles. Par conséquent, il devrait prévoir des restrictions à la production de plastiques grâce à un plafonnement décroissant de la production de polymères vierges, une plus grande transparence sur l’élimination des produits chimiques toxiques utilisés dans les plastiques, et des mesures de contrôle ambitieuses pour toutes les autres phases du cycle de vie des plastiques.

Le traité doit s’attaquer à la source de la crise en introduisant un plafond maximal sur la production du plastique neuf et accélérer l’élimination du financement public des combustibles fossiles.

Considérant les importantes conséquences de la pollution plastique sur les droits humains incluant le droit à un environnement sain, le nouveau traité devrait reconnaître la pleine participation des représentant.e.s autochtones et autres acteurs de la société civile comme le font plusieurs autres institutions multilatérales progressistes.

Il est essentiel que les gouvernements du monde entier s’entendent pour mettre en place rapidement un mécanisme robuste et inclusif de surveillance et de vérification afin de garantir la mise en œuvre et l’application complètes des obligations du traité.

La pollution plastique continuera de s’aggraver tant que les gouvernements mondiaux ne prendront pas de mesures pour mettre fin à la prolifération des matières plastiques. Ce processus de négociations représente une opportunité en or qu’il faut saisir. Il est urgent d’agir.