Petit à petit, la couche d’ozone se répare

Petit à petit, la couche d’ozone se répare. (Photo : img.ly via Unsplash)

2023 commence du bon pied pour la stratosphère: si les politiques actuelles se maintiennent, la couche d’ozone devrait se reconstituer d’ici une quarantaine d’années selon un groupe d’experts mandaté par les Nations Unies.

Dans son rapport quadriennal, le Groupe de l’évaluation scientifique du Protocole de Montréal a confirmé que les engagements pris au niveau international, notamment l’élimination de près de 99 % des substances interdites qui détruisent l’ozone, ont permis de préserver la couche d’ozone et ont contribué à sa réparation progressive.

L’importance de la couche d’ozone

Située à une distance de 20 à 40 km de la surface de la Terre, la couche d’ozone agit comme un immense écran solaire naturel et absorbe en majorité les rayonnements ultraviolets (UV). Elle est non seulement utile, mais nécessaire à la vie animale et végétale sur Terre.

Son affaiblissement se traduit par une protection limitée face aux rayons UV pouvant causer des maladies graves de la peau, notamment des cancers. En effet, une diminution de 1 % de la couche d’ozone risque de faire augmenter l’incidence des maladies de ce type de 4 %. D’autre part, les rayons UV peuvent limiter la photosynthèse et la croissance des végétations et des cultures.

Un accord international historique

À partir des années 1970, des découvertes scientifiques inquiétantes ont sonné l’alarme sur les dangers potentiels de l’amenuisement de la couche d’ozone. Les chimistes Mario J. Molina et F. Sherwood Rowland seront parmi les premiers à donner l’alerte sur l’utilisation des chlorofluorocarbures (CFC). Utilisés entre autres dans les aérosols et les réfrigérants, les CFC, bien qu’ils ne soient pas nocifs pour l’être humain, libèrent des atomes de chlore qui, une fois dans la stratosphère, détruisent la couche d’ozone.

Devant la gravité de la situation, la communauté internationale s’est réunie afin de négocier puis finalement signer en 1987 un accord environnemental international qui jettera les bases en matière de protection de la couche d’ozone : le Protocole de Montréal.

Utilisés entre autres dans les aérosols et les réfrigérants, les CFC, bien qu’ils ne soient pas nocifs pour l’être humain, libèrent des atomes de chlore qui, une fois dans la stratosphère, détruisent la couche d’ozone.

Donnant suite à la Convention de Vienne de 1985, le Protocole règlemente l’utilisation, la production et l’élimination de plus de 100 substances chimiques anthropiques (provenant directement ou indirectement de l’activité humaine) qui appauvrissent l’ozone, soit principalement les CFC. D’abord signé par 24 pays, dont le Canada et la Communauté économique européenne, le Protocole sera ratifié par l’ensemble des états reconnus dans le monde à l’automne 2009.

Le Protocole de Montréal, considéré comme l’accord le plus « efficace » de l’histoire en matière d’environnement, démontre l’importance de la coopération internationale pour faire face aux enjeux planétaires modernes. Son succès est notamment dû à sa simplicité et sa flexibilité, mais aussi aux mécanismes de transfert des technologies qui ont permis au pays du Sud de se débarrasser sans trop de difficulté des substances visées.

Une victoire aussi pour la lutte contre les changements climatiques

L’amendement de Kigali au Protocole de Montréal, négocié en 2016 au Rwanda, pourrait aussi être une plaque tournante en matière de lutte contre les changements climatiques. Toujours dans le même rapport, le Groupe d’évaluation scientifique a confirmé que la mise en œuvre de l’amendement pourrait permettre d’éviter un réchauffement climatique de près de 0,5 °C.

L’amendement de Kigali est un accord international ayant pour objectif l’élimination des hydrofluorocarbures (HFC) qui se sont imposés comme le remplacement idéal des CFC à la suite de l’adoption du Protocole de Montréal. Or, il est apparu que ce gaz s’avère en réalité extrêmement dommageable pour le climat. En effet, il est jusqu’à 14 000 fois plus polluant que le dioxyde de carbone (CO2).

Le Groupe d’évaluation scientifique a confirmé que la mise en œuvre de l’amendement pourrait permettre d’éviter un réchauffement climatique de près de 0,5 °C.

Afin de freiner la prolifération des HFC, l’amendement prévoit une mise en œuvre séquentielle qui laissera aux pays du Sud un peu plus de temps pour adopter des politiques d’élimination de l’utilisation des HFC. L’accord vise une diminution de 85 % de l’utilisation des HFC d’ici à 2047 dans les pays participants.

Il faudra donc encore quelques années pour observer les bénéfices de l’amendement de Kigali, mais son ajout au Protocole de Montréal est de bon augure pour la suite des choses. Il ne reste qu’à espérer que le Protocole pourra répéter l’exploit et démontrer une nouvelle fois que la coopération internationale, lorsqu’elle est organisée de manière équitable et durable, peut être la pierre angulaire pour lutter contre la pollution et le réchauffement planétaire.