Pollution plastique : défis et perspectives futures

Tir de drone de décharge

Tir de drone de décharge (Photo : Tom Fisk)

Alors que plus de neuf milliards de tonnes de plastique a été produite en moins de 70 ans, la pollution qui en découle constitue au moins 85 % du total des rebuts marins à échelle mondiale.

Ils sont considérés comme des archives fossiles de la Terre, si bien que l’on parle de « plastisphère ». En effet, ces déchets s’accumulent depuis plusieurs dizaines d’années à de nombreux endroits sur le globe, tels que dans des sites d’enfouissement, des milieux humides, des lacs, des océans ou sur des plages.

Ils représentent une menace environnementale, que ce soit les écosystèmes, le climat ou le bien-être humain. Les incidences négatives sont multiples, tant sur le plan de l’environnement, social, économique ou sanitaire. Bien que des programmes et des outils de régulation existent, l’instauration de mesures légalement contraignantes est impérative.

Effets et conséquences

À ce jour, 46 % des déchets de plastique mondiaux sont mis en décharge, 22 % deviennent des rebuts sauvages, 17 % sont incinérés et 15 % sont collectés à des fins de recyclage, moins de 9 % étant effectivement recyclés après perte, comme l’indique l’Organisation des Nations Unies (ONU).

Certaines zones sont particulièrement touchées, telles que la mer Méditerranée, du fait de son enclavement, l’océan Arctique, ainsi que l’Asie de l’Est et du Sud-Est qui connaît de conséquents volumes de déchets non contrôlés. Plus de 79 000 tonnes de plastique s’amassent sur 1,6 kilomètre carré dans le Pacifique Nord, regroupant des bouteilles, des contenants, des couvercles ou des filets de pêche, par exemple.

Les rejets de déchets de plastique dans les écosystèmes aquatiques devraient pratiquement tripler d’ici 2040 si la situation perdure. Leur infiltration pourrait passer d’environ 9 à 14 millions de tonnes par an en 2016 à environ 23 et 37 millions de tonnes par an d’ici 2040, comme le souligne le Comité intergouvernemental de négociation (CIN).

Les conséquences sont déplorables sur la vie marine, comme les phoques, les tortues ou les ours polaires, qui se trouvent alors en proie à des risques d’étouffement ou de noyade. Chaque année, plus de 100 000 animaux marins s’empêtrent dans les engins de pêche abandonnés et périssent! En outre, les invertébrés comme les coraux sont aussi visés. Puisqu’ils sont moins aptes à séquestrer le carbone, les répercussions climatiques qui s’en suivent sont alors inévitables.

Les rejets de déchets de plastique dans les écosystèmes aquatiques devraient pratiquement tripler d’ici 2040 si la situation perdure.

De plus, les émissions de gaz à effet de serre découlant de la production du plastique sont importantes, puisque près de la moitié est à base de combustibles fossiles. Des millions de tonnes sont abandonnés dans l’environnement, ou transportés vers des destinations où ils sont brûlés ou déversés dans les cours d’eau. Le plastique biodégradable présente quant à lui les mêmes risques que le plastique traditionnel pour les humains, la biodiversité et le fonctionnement des écosystèmes.

Par ailleurs, les substances chimiques contenues dans le plastique constituent une menace pour la santé et le bien-être humain. Ainsi, les communautés côtières et autochtones qui se nourrissent principalement d’espèces marines sont particulièrement touchées. Leur résilience face aux phénomènes météorologiques extrêmes et aux changements climatiques est également affectée. Il en va de même pour les populations qui vivent à proximité des installations de production et de traitement des déchets.

Enfin, des coûts cachés pour l’économie mondiale entrent en ligne de compte : les frais engendrés par la pollution plastique affectent entre autres le tourisme, la pêche et l’aquaculture, et suscitent de nombreuses opérations de nettoyage. Ils se seraient élevés au minimum à entre 6 et 19 milliards de dollars en 2018, selon l’ONU.

Défis internationaux : mesures existantes, limites et perspectives

15 programmes de surveillance existent actuellement, comme le souligne l’ONU, tels que des protocoles de détection et de quantification des déchets de plastique. Certaines mesures voient également le jour, comme que des instruments fiscaux, des systèmes de consignation, la suppression de subventions néfastes ou l’élimination progressive du plastique.

Au Canada, le mois de décembre 2022 a ainsi été marqué par la nouvelle interdiction réglementaire de fabriquer et d’importer six articles de plastique à usage unique, comme les pailles ou les ustensiles. Ceux-ci ne représentent néanmoins que 5% des déchets de plastique au Canada.

Bien que des mesures incitatives existent, elles sont à ce jour minimes et légalement non-contraignantes. Rappelons que la pollution plastique est considérée comme la deuxième menace la plus inquiétante pour l’environnement mondial, après les changements climatiques, selon l’ONU. Les gouvernements doivent donc adopter des politiques obligeant les fabricant.e.s à nettoyer leurs ravages et à fabriquer des produits adéquats, qui intègrent leur cycle de vie complet.

La pollution plastique est considérée comme la deuxième menace la plus inquiétante pour l’environnement mondial, après les changements climatiques, selon l’ONU.

De cette façon, il est nécessaire d’intervenir en amont et en aval de la production et de l’utilisation du plastique, en ouvrant la voie vers l’économie circulaire. Celle-ci est régénératrice et repose sur trois principes clés : l’élimination, l’innovation et la circulation. Elle valorise l’élimination des déchets et de la pollution, le maintien maximal de l’usage des produits et des matériaux, ainsi que la restauration des systèmes naturels.

Dans ce cadre, le CIN est chargé d’élaborer un instrument international juridiquement contraignant sur la pollution plastique comprenant des mesures qui couvrent l’ensemble du cycle de vie des plastiques, et notamment l’extraction des matière premières, la production, le transport, l’utilisation, l’élimination et la remédiation d’ici la fin de 2024. La deuxième session se tiendra du 29 mai au 2 juin à Paris. Le but? Élaborer le contenu et la logistique du traité. Nous serons sur place pour suivre ces négociations. Restez à l’affût!

D’ici-là, démontrez votre engagement à réduire vos déchets et à soutenir les océans en signant notre manifeste zéro déchet de plastique!