Les personnes qui ont des menstruations voient leur vie rythmée par ce cycle pendant 39 ans en moyenne. Sur cette période, elles peuvent utiliser entre 10 000 et 15 000 produits menstruels jetables. Ça en fait, des déchets!
Bien que près de la moitié de la population mondiale ait ses règles, ce cycle naturel est encore entouré de tabous et de préjugés qui empêchent la tenue de discussions importantes, notamment sur l’impact environnemental des produits jetables et sur les obstacles à l’accessibilité des produits menstruels durables.
Pollution menstruelle : l’impact environnemental des produits menstruels jetables
La production et l’élimination des produits menstruels à usage unique, comme les tampons et les serviettes hygiéniques, jouent un rôle certain dans la dégradation de l’environnement.
La santé et l’hygiène menstruelles sont intimement liées aux enjeux écologiques, aux changements climatiques et aux questions de développement durable.
— Laura Del Duca et Carla Liera, Stockholm Environment Institute
Consommation d’eau et de combustibles fossiles
Les tampons et les serviettes hygiéniques jetables sont principalement faits de coton et de plastique, deux matériaux dont la production demande d’énormes quantités d’eau et de combustibles fossiles. Pour produire un kilogramme de coton, il faut en effet compter quelque 10 000 litres d’eau. C’est donc dire que chaque boîte de 20 tampons requiert environ 1 000 litres d’eau!
Déchets
Les produits menstruels usagés sont considérés comme des « déchets biologiques » qui n’ont pas à faire l’objet d’un suivi. Quelque 20 milliards de serviettes et de tampons se retrouvent ainsi dans les sites d’enfouissement d’Amérique du Nord chaque année (article en anglais). Leur élimination impropre – par exemple dans la cuve des toilettes – pollue les cours d’eau et met de la pression sur les systèmes de traitement des eaux usées. Selon une étude (en anglais) de 2022, les produits menstruels à usage unique et leurs emballages font partie des déchets les plus communs sur les plages et dans les océans.
Microplastiques
Les serviettes hygiéniques sont composées à 90 % de plastique et prennent entre 500 et 800 ans à se décomposer dans les sites d’enfouissement, selon les estimations (en anglais). Pire encore, le plastique ne se dégrade jamais complètement : il ne fait que se désagréger en particules microscopiques. Ces microplastiques libérés par les produits menstruels jetables et leurs emballages se retrouvent alors dans les cours d’eau, où ils nuisent aux écosystèmes marins et aux biomes océaniques.
À ne pas jeter aux toilettes
La cuve des toilettes peut avoir l’air d’un portail magique qui fait disparaître les déchets, mais en vérité, ce qu’on y jette peut avoir des conséquences à grande échelle.
Effets des produits menstruels jetables sur la santé
Cette question prend de plus en plus de place, ce qui démontre le besoin de produits menstruels sans danger pour la santé.
Risques liés à la fertilité
Parce qu’on veut leur donner une allure « blanche et pure », les tampons et les serviettes hygiéniques subissent pour la plupart un processus de blanchiment, qui peut produire des dioxines. L’exposition à ces composés hautement toxiques est associée à des risques de cancer, de problèmes des systèmes reproducteur et immunitaire, de troubles du développement et d’interférences hormonales.
Dans une étude (en anglais) menée en 2019, 11 marques de serviettes hygiéniques ont été analysées pour mesurer la quantité de quatre types de phtalates et de trois types de composés organiques volatils. Deux de ces éléments ont été détectés dans toutes les marques analysées. Les autorités de réglementation californiennes et européennes classent les phtalates comme des produits toxiques pour la reproduction et le développement. Les composés organiques volatils détectés sont liés à des éruptions cutanées, à des réactions allergiques, à des étourdissements et à des affections du système nerveux central et des reins.
Substances perfluoroalkyliques et polyfluoroalkyliques (SPFA, ou PFAS en anglais)
Des analyses de laboratoire commandées entre 2020 et 2022 ont révélé la présence de substances perfluoroalkyliques et polyfluoroalkyliques (SPFA) dans 48 % des serviettes hygiéniques, des serviettes d’incontinence et des protège-dessous ainsi que dans 22 % des tampons analysés (article en anglais). Les SPFA, surnommées « produits chimiques éternels », ont été associées à divers problèmes de santé : baisse de la fertilité, risque accru de certains types de cancer, retards de développement, insuffisance pondérale à la naissance et perturbations hormonales, entre autres.
Les « produits chimiques éternels », un cycle à briser
La recherche des profits et de la croissance économique aux dépens de la santé humaine et de la protection de l’environnement est une stratégie qui manque de vision et qui coûte de plus en plus cher, sans parler qu’elle menace notre survie même. Ces produits chimiques ont beau être pratiques, les graves dangers à long terme qu’ils représentent n’en valent pas la chandelle. L’heure est venue de laisser derrière nous ces substances dites « éternelles ».
Des règles écologiques grâce aux produits menstruels réutilisables
Si vous pouvez vous le permettre, l’adoption de produits menstruels réutilisables est une façon de réduire votre empreinte environnementale et de protéger votre santé. Ils diminuent considérablement la quantité de déchets produits, réduisant la pression sur les sites d’enfouissement, les océans et les écosystèmes. Les produits réutilisables contiennent aussi moins d’irritants et de produits chimiques, dont les « éternels » SPFA (ou PFAS en anglais).
Il est vrai que leur coût initial est plus élevé que celui des produits jetables, mais vous économiserez à long terme.
À noter : L’adoption des produits menstruels réutilisables n’est pas facile ou réaliste pour tout le monde. Les pratiques liées à la santé et à l’hygiène menstruelles sont fondamentalement personnelles et dépendent de bien des facteurs. Faites votre possible dans la mesure de vos moyens.
Serviettes hygiéniques ou protège-dessous réutilisables
Les serviettes et les protège-dessous lavables, généralement faits d’une combinaison de matériaux naturels et synthétiques, offrent une solution pratique pour remplacer leurs équivalents jetables. Leurs épaisseurs absorbantes se composent habituellement de coton, de bambou ou de chanvre, tandis que les boutons-pression, le contour et le soutien contiennent souvent des matériaux synthétiques comme le nylon et le polyester, qui améliorent la durabilité.
Coût : Entre 10 et 30 $ par serviette ou protège-dessous.
Durée de vie : Cinq ans.
Utilisation et entretien :
- Se portent de la même façon que les serviettes ou les protège-dessous jetables.
- Une fois utilisés, se lavent avec du savon à lessive écologique.
Avantages :
- Produits non genrés.
- Choix diversifié de tailles, de formes et de matériaux répondant aux besoins et aux préférences de chaque personne.
- Matériaux non toxiques et qui respirent, ce qui réduit les risques d’irritation ou de réaction allergique.
- Conviennent également pour les fuites urinaires.
- Si certaines épaisseurs de la serviette ou du protège-dessous sont faites de fibres biologiques et biodégradables, il est possible de les découper en petits morceaux pour les composter. Les parties faites de matériaux synthétiques ou qui ne peuvent être séparées doivent être jetées aux ordures.
Inconvénients :
- Nettoyage et entretien rigoureux requis, ce qui peut s’avérer peu pratique ou ne pas convenir à certaines personnes.
- Coût initial élevé.
- Sac étanche requis pour transporter les serviettes souillées.
- Possible difficulté à trouver ces produits, selon la région.
Coupes et disques menstruels
Les coupes menstruelles ont la forme d’un petit entonnoir avec une tige qui facilite le retrait. Les disques, pour leur part, ont la forme d’une assiette ou d’un bol. Ces deux types de produits sont habituellement fabriqués en silicone de qualité médicale.
Bien que ces produits soient réutilisables, le silicone n’est pas biodégradable et ne se recycle pas. Cette option n’est donc pas tout à fait sans impact sur l’environnement.
Coût : Entre 30 et 50 $.
Durée de vie : Cinq à dix ans.
Utilisation et entretien :
- Insertion et positionnement propres à chaque personne.
- Entretien dépendant du matériau utilisé.
- Stérilisation dans l’eau bouillante après utilisation.
- Lavage au savon de Castille entre les utilisations.
- Instructions fournies concernant l’utilisation et l’entretien.
Avantages :
- Peuvent être portés pour une période allant jusqu’à 8 ou 12 heures.
- Faciles d’entretien.
- Peuvent être portés sous l’eau (p. ex. : pour prendre un bain, nager, etc.).
- Généralement faits de matériaux hautement résistants qui peuvent durer des années.
Inconvénients :
- Choix de tailles limité.
- Adaptation difficile pour certaines personnes.
- Difficulté de recycler le silicone.
Culottes menstruelles
Les culottes menstruelles sont conçues pour être utilisées seules ou comme protection additionnelle en combinaison avec d’autres produits.
Coût : Entre 30 et 60 $ par culotte.
Durée de vie : Deux ans.
Avantages :
- Produits non genrés.
- Faciles à utiliser.
- Tissus généralement confortables, qui respirent et qui évacuent l’humidité.
Inconvénients :
- Coût initial élevé.
- Peuvent être faites de fibres synthétiques non biodégradables.
- Les culottes de certaines marques contiennent des SPFA (PFAS en anglais).
Tampons et serviettes hygiéniques jetables écologiques
Les produits menstruels réutilisables ne sont pas accessibles partout et peuvent ne pas répondre aux besoins de certaines personnes.
Si vous utilisez des tampons et des serviettes jetables :
- Optez pour des produits en coton biologique, sans parfum ni teinture. Le coton se biodégrade rapidement, contrairement à la plupart des fibres synthétiques à base de pétrole.
- Recherchez des options jetables sans plastique.
- Choisissez des marques qui adoptent des pratiques durables. Recherchez les certifications comme le Global Organic Textile Standard (GOTS) pour le coton.
Effets des changements climatiques sur la durabilité de l’hygiène menstruelle
Les changements climatiques rendent plus fréquents les phénomènes météorologiques extrêmes, comme les sécheresses et les inondations, et aggravent les difficultés liées à la santé menstruelle. En effet, dans ces conditions, il est plus difficile d’avoir accès aux ressources essentielles comme l’eau, aux installations et aux infrastructures sanitaires requises, à des méthodes d’élimination des déchets adaptées et à des produits menstruels sans danger.