Comprendre l’hypersensibilité environnementale

Les potentiels déclencheurs de l’hypersensibilité environnementale sont partout autour de nous.

L’hypersensibilité environnementale, aussi appelée « sensibilité chimique multiple » ou « maladie environnementale », affecte des millions de gens sur le globe. Des déclencheurs comme les parfums peuvent entraîner de la douleur, un effet débilitant ou de l’isolement.

Bien que cette maladie soit encore mécomprise, vous pouvez aider à créer des espaces plus inclusifs pour les personnes hypersensibles à leur environnement en vous informant sur cette affection et sur les façons d’épauler les gens qui en souffrent.

L’hypersensibilité environnementale, c’est quoi?

Chez certaines personnes, l’exposition à des facteurs environnementaux déclenche des réactions indésirables, et ce, à un degré au-dessus de la normale. Il peut s’agir, par exemple, d’une exposition à des substances courantes trouvées à la maison, au travail ou dans des espaces publics.

Cette maladie peut frapper n’importe qui, à n’importe quel âge. Cela dit, elle s’observe surtout chez les femmes (source en anglais), qui représentent de 70 à 80 % des personnes affectées.

Variables d’une personne à l’autre, les symptômes peuvent comprendre des maux de tête, de l’asthme, de la fatigue, des éruptions cutanées, des douleurs musculaires et articulaires, de la confusion ou des pertes de mémoire.

Déclencheurs de l’hypersensibilité environnementale

Voici des déclencheurs courants de l’hypersensibilité environnementale :

  • Pollution dans l’air (gaz d’échappement des véhicules, émissions industrielles, etc.)
  • Additifs et agents de conservation (colorants et arômes artificiels, GMS, etc.)
  • Ingrédients de produits nettoyants (eau de Javel, ammoniac, etc.)
  • Poussière et acariens
  • Champs électromagnétiques
  • Fragrances (parfums, eau de Cologne, assainisseurs d’air, produits parfumés)
  • Moisissures
  • Fumée (fumée de cigarette, fumée de bois, résidus de combustion)
  • Composés organiques volatils (adhésifs et matériaux synthétiques dans les meubles neufs, les tapis, etc.)
  • Émanations de peinture (solvants et composés organiques volatils dans la peinture)
  • Pesticides

Comment soutenir les personnes hypersensibles à leur environnement

Au Canada, un million de personnes ont reçu un diagnostic médical d’hypersensibilité environnementale, alors vous connaissez probablement quelqu’un qui en souffre.

Pour une personne hypersensible à son environnement, les déclencheurs potentiels sont partout : au bureau, à l’école, à l’hôpital, dans les espaces publics. Son intolérance à ces lieux peut survenir tout d’un coup ou s’installer progressivement.

L’hypersensibilité environnementale exige souvent d’apporter de gros changements à son style de vie. Des activités autrefois simples se transforment en défis complexes : faire les courses, aller au restaurant, visiter des gens.

Les répercussions sociales de cette maladie peuvent s’avérer particulièrement difficiles à vivre. Parfois, les ami.e.s et les membres de la famille ont du mal à comprendre pourquoi leur proche ne peut pas venir les visiter à la maison ou participer à certaines activités. Comme cette affection est invisible, l’entourage peut se montrer sceptique ou nier la légitimité de ce problème de santé, une attitude susceptible d’entraîner des tensions interpersonnelles et une tendance à l’isolement.

Aidez à démystifier la maladie et à soutenir les personnes touchées, notamment en réduisant leur isolement. Agissez à l’échelle individuelle et communautaire.

Agir à l’échelle individuelle

  • Reconnaissez qu’il s’agit d’une maladie et cherchez à mieux la comprendre. Vous connaissez une personne atteinte? Informez-vous sur ses déclencheurs et symptômes. Respectez ses besoins sans remettre en question ou minimiser son expérience.
  • Offrez du soutien pratique. Cherchez des produits sécuritaires et, dans un contexte social ou professionnel, aidez à communiquer aux autres les besoins de la personne hypersensible à son environnement.
  • Créez des espaces de rencontre sécuritaires. Assurez-vous que votre domicile ou lieu de rencontre est confortable pour la personne, par exemple en retirant les assainisseurs d’air et en utilisant des produits de nettoyage non parfumés. Avant ses visites, évitez les produits de soins personnels parfumés.
  • Défendez les intérêts des personnes hypersensibles à leur environnement. Aidez à éduquer les autres sur leur réalité. Lorsque vous organisez des activités de groupe, réclamez des espaces non parfumés ou d’autres arrangements. Votre parole a le pouvoir de créer des milieux plus inclusifs et de réduire le fardeau des personnes hypersensibles.

Agir à l’échelle communautaire

Encouragez les lieux de travail, les établissements d’enseignement et les espaces publics partagés (ex. bibliothèques) à adopter des politiques d’adaptation pour les personnes hypersensibles à leur environnement. Revendiquez des options de travail à distance, des zones sans parfum, de meilleurs systèmes de ventilation ou des horaires de nettoyage modifiés.

Une victoire pour les victimes de l’hypersensibilité environnementale

En 2012, l’organisation Ecojustice s’est battue aux côtés de Varda Burstyn, une autrice primée souffrant d’hypersensibilité environnementale, dans sa lutte pour la justice. Alors qu’elle et son mari avaient dépensé plus de 200 000 $ pour rendre leur habitation sécuritaire, l’Agence du revenu du Canada leur avait refusé leur demande de crédit d’impôt. Varda a soutenu que cette décision constituait une violation de ses droits en vertu de la Loi canadienne sur les droits de la personne.

Ecojustice et ses partenaires ont aidé Varda à se rendre en audience au Tribunal canadien des droits de la personne. Résultat? La médiation a mené à un règlement confidentiel, mais fructueux. Elle a marqué une avancée dans la reconnaissance institutionnelle de l’hypersensibilité environnementale comme une maladie.

Plus d’une décennie plus tard, le cas de Varda met en lumière une lutte plus vaste, celle pour les droits de la personne et les droits environnementaux. Elle révèle la nécessité de réduire l’exposition aux produits chimiques toxiques et de garantir la justice pour les personnes qui en sont affectées.

En savoir plus sur l’affaire (article en anglais)