Début février, la police a « procédé à plus de 90 arrestations et à des dizaines de détentions » pour faciliter la construction du gazoduc Coastal GasLink dans le nord de la Colombie-Britannique, « aboutissant à une facture de plus de 25 millions de dollars pour les contribuables », selon The Narwhal. François Poirier, président et chef de la direction de TC Énergie, qui est propriétaire du projet, a été récompensé par « 9,81 millions de dollars pour sa première année complète en tant que chef de la direction, dont une prime de 1,1 million de dollars et des attributions d’actions et d’options sur actions d’une valeur de 6 millions de dollars », a rapporté The Globe and Mail.
Pendant les négociations sur le climat de la COP27 en Égypte en novembre 2022, plus de 30 manifestant.e.s pour le climat ont été emprisonné.e.s au Royaume-Uni, s’ajoutant à plus de 2 000 arrestations dans une campagne qui a commencé en avril. Le 17 janvier 2023, la militante pour le climat Greta Thunberg et d’autres personnes ont été arrêtées pour avoir protesté contre la démolition d’un village allemand pour l’agrandissement d’une mine de charbon. Le même jour, un gros titre de Reuters annonçait : « Les beaux jours des compagnies pétrolières vont continuer après les bénéfices records de 2022 ».
Dans le monde entier, des militant.e.s pour le climat – ainsi que des journalistes et des scientifiques – ont été arrêté.e.s, emprisonné.e.s, réduit.e.s au silence et même tué.e.s pour avoir protesté afin que la planète reste vivable pour les êtres humains. En même temps, « les principaux dirigeants de sept grandes entreprises du secteur de l’énergie ont obtenu une augmentation moyenne de leur rémunération de plus de 21 % en 2021, par rapport à l’année précédente. En dollars, cela représentait un supplément de 2,3 millions de dollars pour chacun d’entre eux, élevant la rémunération moyenne à 13,4 millions de dollars », a rapporté The Globe and Mail.
Depuis des décennies, les compagnies pétrolières ont dissimulé leurs propres preuves et d’autres preuves scientifiques selon lesquelles leurs produits pouvaient provoquer un dérèglement climatique catastrophique. Non seulement elles n’ont subi aucune conséquence, mais elles ont récolté des profits gigantesques.
Non seulement elles n’ont subi aucune conséquence, mais elles ont récolté des profits gigantesques.
De nouvelles preuves montrent jusqu’où elles sont prêtes à aller pour s’enrichir et enrichir leurs actionnaires – même si cela signifie soutenir des gouvernements brutaux. Les plus grandes sociétés de services pétroliers et gaziers du monde ont encaissé d’énormes profits au Myanmar, tout en soutenant un régime militaire meurtrier. En 2021, le géant pétrolier Chevron a fait du lobbying contre les sanctions proposées qui auraient gêné ses activités dans le pays.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie fait grimper les profits des combustibles fossiles à des niveaux records – alors que les températures moyennes mondiales battent également des records.
Les récompenses ne sont pas seulement monétaires; l’ancien PDG d’ExxonMobil, Rex Tillerson, qui a rejeté les preuves des changements climatiques fournies par ses scientifiques et ceux d’autres entreprises, a été nommé secrétaire d’État dans le gouvernement du président Trump.
Dans le cadre de nos systèmes économiques obsolètes, ceux et celles qui alimentent délibérément une crise qui menace la santé et la survie de l’humanité sont richement récompensé.e.s, tandis que celles et ceux qui tentent d’arrêter la destruction – souvent des jeunes dont l’avenir est le plus en jeu – sont puni.e.s.
Celles et ceux qui tentent d’arrêter la destruction – souvent des jeunes dont l’avenir est le plus en jeu – sont puni.e.s.
Les gouvernements ne se contentent pas de subventionner les entreprises des secteurs du charbon, du pétrole et du gaz par le biais d’allègements fiscaux, de réduction des redevances, de prêts et de financements directs; ils utilisent également l’argent des contribuables pour assurer la sécurité de ces entreprises grâce à un maintien de l’ordre et une application de la loi agressifs.
Il en est de même pour les entreprises qui détruisent les forêts et autres zones naturelles essentielles à la vie sur Terre, ainsi que pour les personnes courageuses qui leur résistent. Ces dernières incluent souvent les peuples autochtones, dont les droits sont bafoués, car leurs connaissances sur la fonction et l’importance des écosystèmes sont ignorées. Beaucoup l’ont payé de leurs vies.
Cela n’a aucun sens. Pourtant tout cela est considéré comme raisonnable dans le cadre des systèmes mondiaux qui privilégient l’accumulation de richesses et le consumérisme effréné par rapport à tout le reste.
Les problèmes ne disparaîtront pas en arrêtant un projet de pipeline, une mine de charbon, la coupe rase d’une forêt ancestrale, une exploitation de sables bitumineux ou un barrage géant. Cela revient à jouer au « jeu du chat et de la souris ».
Les problèmes ne disparaîtront pas en arrêtant un projet de pipeline, une mine de charbon, la coupe rase d’une forêt ancestrale, une exploitation de sables bitumineux ou un barrage géant. Cela revient à jouer au « jeu du chat et de la souris ».
Les gouvernements devraient travailler pour le meilleur intérêt de toutes les personnes, et pas seulement pour celui des riches entreprises. Si la protection des systèmes dont dépendent notre santé et notre survie – des cycles du carbone et de l’eau en passant par les forêts, les zones humides et autres – n’est pas dans l’intérêt public, qu’est-ce qui peut l’être?
Même la fausse promesse des « emplois, emplois, emplois » est une méthode anachronique pour piéger les travailleur.euse.s dans un système qui fait largement plus de mal que de bien. Si nous devions réinventer nos systèmes économiques comme des moyens d’améliorer la santé, le bien-être et le bonheur des êtres humains, nous profiterions tous de plus de temps libre – temps passé en famille et entre ami.e.s, temps passé dans la nature, temps consacré à l’éducation et aux centres d’intérêt. Au lieu de cela, nous sommes pris.e.s dans un tourbillon apparemment sans fin de travail, de consommation et de dépenses.
Nous devons changer nos schémas de pensée et d’action. Il n’est pas trop tard, mais chaque retard augmente les défis et les coûts. Un monde meilleur est possible. Nous devons simplement l’imaginer et le rendre réel.