Des recherches importantes montrent que les méthodes et technologies existantes pourraient rapidement conduire le monde à s’éloigner des combustibles fossiles. (Photo : Vladimir via Pexels)

Résoudre la crise climatique est un défi – mais pas par manque de solutions. Ce qu’il faut, c’est une volonté politique et le soutien du public.

Des recherches importantes montrent que les méthodes et technologies existantes pourraient rapidement conduire le monde à s’éloigner des combustibles fossiles – même sans tenir compte des progrès rapides des énergies renouvelables et des technologies de stockage.

Comme le professeur Mark Jacobson de l’Université de Stanford l’a déclaré au Guardian : « Nous avons l’énergie éolienne, solaire, géothermique, hydroélectrique, les voitures électriques. Nous avons des batteries, des pompes à chaleur, de l’efficacité énergétique. Nous disposons à l’heure actuelle de 95 % des technologies dont nous avons besoin pour résoudre le problème », ajoutant que les 5 % restants « concernent les avions et les navires longue distance… pour lesquels des piles à combustible à hydrogène peuvent être développées ».

Dans son livre à paraître No Miracles Needed, M. Jacobson énumère d’autres avantages, notamment la réduction de la pollution et des coûts des soins de santé et des décès qui y sont liés, la baisse des prix de l’énergie et l’amélioration de l’efficacité énergétique (une grande partie de l’énergie provenant des combustibles fossiles est perdue sous forme de chaleur).

Nous disposons à l’heure actuelle de 95 % des technologies dont nous avons besoin pour résoudre le problème

Les recherches de la Fondation David Suzuki montrent qu’en donnant la priorité à l’éolien, au solaire, au stockage de l’énergie, à l’efficacité énergétique et à la transmission entre les provinces, le Canada pourrait atteindre l’électricité à zéro émission d’ici 2035 « sans compter sur des technologies coûteuses et parfois non éprouvées et dangereuses comme le nucléaire ou le gaz fossile avec capture et stockage du carbone ».

Bien que M. Jacobson envisage un rôle possible pour les technologies de « captage direct de l’air » qui éliminent le CO2 de l’air, il est sceptique quant au captage et au stockage du carbone, au nouveau nucléaire, aux biocarburants et à l’hydrogène bleu (dont la production nécessite des combustibles fossiles avec captage et stockage du carbone).

« Le captage et le stockage du carbone sont uniquement conçus pour maintenir l’industrie des combustibles fossiles en activité », a déclaré M. Jacobson au Guardian. Comme de nombreuses personnes, moi y compris, l’ont souligné, le nucléaire est cher et prend beaucoup de temps à construire, alors que l’énergie renouvelable est facilement disponible à des coûts bien inférieurs. Les biocarburants polluent toujours et nécessitent souvent beaucoup de terrains.

Quant à l’affirmation maintes fois répétée selon laquelle l’exploitation minière des matériaux d’énergie renouvelable est trop destructrice, M. Jacobson affirme que l’exploitation minière requise pour l’éolien et le solaire représente environ un pour cent de celle requise pour le système de combustibles fossiles en termes de masse de matériaux. (Ce qui ne veut pas dire que nous devrions ignorer les questions liées à l’exploitation minière.)

Les recherches de la Fondation David Suzuki montrent qu’en donnant la priorité à l’éolien, au solaire, au stockage de l’énergie, à l’efficacité énergétique et à la transmission entre les provinces

Tout le monde ne partage pas l’optimisme de Jacobson, mais il présente des arguments convaincants et les soutient par des recherches substantielles. Pourquoi ne pas utiliser toutes les solutions disponibles, quand l’alternative conduirait à une catastrophe?

Une grande partie de l’opposition provient des intérêts des secteurs du pétrole, du gaz et du charbon, ainsi que des politicien.ne.s sans vision, des groupes « d’argent noir » et des médias qui les soutiennent – comme c’est le cas depuis de nombreuses décennies, nous savons que la consommation de combustibles fossiles et la destruction des systèmes naturels qui stockent le carbone provoquent le réchauffement de la planète à des niveaux incompatibles avec les êtres humains et de nombreux autres êtres vivants.

Une grande partie de la propagande de l’industrie est trompeuse et fallacieuse, et compte sur un manque de sensibilisation généralisé du public, en particulier des personnes âgées qui ont tendance à voter plus souvent. Par exemple, les arguments selon lesquels l’industrie canadienne des sables bitumineux met de l’ordre dans ses affaires et réduit ses émissions omettent de mentionner que cela ne concerne que les émissions liées aux opérations et non les problèmes bien plus graves causés par la combustion des carburants dans les pays vers lesquels nous exportons.

Bien que l’industrie des combustibles fossiles soit responsable d’une importante désinformation, les promoteurs d’autres sources d’énergie à grande échelle s’y mettent aussi, car il est plus facile, dans le cadre des systèmes économiques actuels, de tirer profit de ces ressources bien souvent monopolisées.

Pourquoi ne pas utiliser toutes les solutions disponibles, quand l’alternative conduirait à une catastrophe?

À titre d’exemple, un procès pour racket vient d’être ouvert dans l’Ohio contre des législateurs républicains accusés d’avoir reçu 60 millions de dollars de pots-de-vin – principalement par l’intermédiaire d’un groupe secret et exonéré d’impôts appelé Generation Now – pour renflouer des centrales nucléaires en difficulté en ajoutant une surtaxe aux factures d’énergie des consommateur.rice.s.

Selon un article du Guardian, cette affaire fait suite à des scandales similaires en Arizona, en Louisiane, en Alabama et en Floride. De l’argent a également été acheminé par Generation Now pour subventionner des centrales au charbon en difficulté en augmentant les prix. En plus du lobbying visant à augmenter les coûts de l’énergie solaire, ces manœuvres augmentent les prix pour les consommateur.rice.s et ralentissent ou empêchent la mise en service d’énergies plus propres.

Les gouvernements du monde entier réalisent enfin que nous n’avons pas de temps à perdre pour passer à des énergies plus propres et que cela présente de nombreux avantages en plus de ceux liés au climat – surtout s’ils veillent à ce que les travailleur.euse.s concerné.e.s et les personnes et communautés marginalisées soient pris.e.s en charge pendant la transition.

Les politicien.ne.s sont responsables devant les personnes qu’ils et elles servent, et non devant les intérêts des riches entreprises. Il est donc important que nous passions toutes et tous à l’action, que ce soit par des pétitions, des lettres, des appels, des manifestations ou par le vote. Les gens ont le pouvoir!