Parc Riverdale à Toronto

En matière de résilience, d’acceptation sociale et de rentabilité économique, les infrastructures naturelles représentent l’une des solutions d’adaptation climatique les plus efficaces. (Photo: James Thomas via Unsplash)

La discrimination ou le racisme environnemental peuvent prendre plusieurs formes. La construction d’usines ou de mines polluantes à proximité de communautés autochtones ou la « relocalisation » de personnes marginalisées ou racialisées afin de faire de l’espace pour un projet industriel ou un barrage en sont des exemples.

En milieu urbain, les arbres sont de bons indicateurs. Des recherches montrent que les quartiers plus riches comptent généralement plus d’arbres et d’arbustes que les quartiers plus pauvres et diversifiés. C’est important pour plusieurs raisons. Tout d’abord, environ 80 % de la population canadienne habite en ville. Au-delà de l’embellissement et de l’augmentation de la valeur des propriétés, les arbres et les arbustes réduisent la pollution et le bruit, gardent l’air plus frais, diminuent les risques d’inondation et de ruissellement, rendent les villes plus résilientes, améliorent la santé mentale et le bien-être et constituent un abri et un habitat pour de nombreux animaux.

La capacité des arbres à rendre l’air plus frais et à offrir de l’ombre est particulièrement critique à mesure que la planète se réchauffe. Malheureusement, les personnes habitant dans des endroits avec peu d’arbres sont également généralement dépourvues de climatiseurs et n’ont pas accès à des espaces publics où elles peuvent s’abriter de la chaleur.

Donner un meilleur accès aux espaces verts arborés à plus de gens est un concept qui fait facilement l’unanimité. Des études de la Fondation David Suzuki effectuées à Montréal, à Ottawa et à Toronto, montrent que les résident-es des trois villes sont prêt-es à investir dans « une forêt urbaine avec une plus forte densité d’arbres, une plus grande diversité d’espèces d’arbres et la présence d’arbustes sur rue ».

La capacité des arbres à rendre l’air plus frais est particulièrement critique à mesure que la planète se réchauffe.

Ces études – menées par des chercheurs de l’Université du Québec en Outaouais et de l’Université de Montréal – ont montré qu’en matière de résilience, d’acceptation sociale et de rentabilité économique, les infrastructures naturelles représentent l’une des solutions d’adaptation climatique les plus efficaces.

Les chercheurs ont également noté que « la distribution de cette végétation sur le territoire d’une ville est généralement inégale : les quartiers plus pauvres où se retrouve une population multiculturelle sont souvent dotés d’une canopée plus faible que leurs voisins riches et blancs. Bien documentées dans la littérature, ces inégalités se manifestent dans de nombreuses villes au monde, et celles du Canada n’y échappent pas ».

C’est d’autant plus important que les recherches démontrent que les milieux urbains se réchauffent en moyenne 29 % plus rapidement que les zones rurales. Une étude menée par des chercheurs des universités de Nankin et de Yale (en anglais) montre que le fait de planter des arbres le long des rues, de créer des jardins pluviaux et d’éliminer le pavage peut créer un effet de fraîcheur et réduire le taux de réchauffement urbain. Augmenter le nombre d’arbres et d’espaces verts dans les milieux urbains réduit déjà la chaleur de villes en Europe et aux États-Unis.

La vie en ville peut être difficile pour les résident-es manquants d’espaces verts et d’arbres, mais elle peut l’être tout autant pour les arbres. « Les arbres n’ont pas assez d’espace, la qualité du sol est pauvre et l’accès à l’eau est limité », explique Lorien Nesbitt, professeure adjointe en foresterie de l’Université de la Colombie-Britannique au West End Journal. « Ils sont généralement plantés dans un environnement de béton. Nous devons créer plus d’espace pour les arbres dans notre ville et nous devons accorder la priorité à leur protection. »

Planter des arbres le long des rues, de créer des jardins pluviaux et d’éliminer le pavage peut créer un effet de fraîcheur et réduire le taux de réchauffement urbain.

Une étude récente dans Nature a démontré que « plus des deux tiers des espèces d’arbres dans l’ensemble des villes du monde font face à des risques climatiques graves, ce qui les empêche de bien remplir leur rôle dans l’adaptation climatique et d’offrir d’autres services aux écosystèmes. ». Les chercheurs recommandent aux villes partout dans le monde de prendre immédiatement des mesures, comme planter plus d’arbres et d’arbustes, surtout des espèces résistantes aux changements climatiques, et de canaliser l’eau de pluie dans des jardins ou des réservoirs pluviaux.

Une forêt urbaine n’est pas, après tout, la même chose qu’une forêt sauvage, qui se caractérise par sa diversité incroyable et qui est composée d’arbres mères, de réseaux mycéliens interreliés et d’une faune abondante. Les plantations urbaines doivent être planifiées et exécutées de façon à assurer leur résilience, notamment en augmentant la diversité des arbres et des arbustes. L’étude de la Fondation a découvert que non seulement il manque d’arbres dans les quartiers ayant une population socioéconomiquement plus vulnérable, mais que la diversité des arbres est proportionnellement plus faible, ce qui augmente « le risque de la destruction d’une grande partie de la forêt urbaine dans ces quartiers après une perturbation. ».

Il n’est donc pas étonnant que les recherches montrent un aussi grand intérêt pour l’augmentation des espaces verts en ville. Non seulement les arbres, les arbustes, les jardins pluviaux, la campagne « L’effet papillon » et autres sont avantageux sur divers plans, de la santé et du bien-être des humains à la crise climatique, mais ils peuvent également faire économiser d’énormes sommes d’argent en réduisant les coûts des soins de santé, en rendant les infrastructures de la ville plus résilientes aux conditions climatiques extrêmes et en diminuant même la criminalité.

Rendre les villes plus vertes est une partie intégrante de la résolution de la crise climatique, mais c’est une solution qui offre aussi des façons de régler les inégalités que la mauvaise planification urbaine a créées et que le dérèglement climatique a exacerbées. C’est une solution abordable, pratique et populaire avec de nombreux avantages et aucun effet négatif réel.