Groupe de personnes sur une plage tenant des cartes postales

Sur la plage de Kitsilano à Vancouver, l’équipe « Blue Dot » affiche des cartes postales recueillies pour le droit à un environnement sain. (Photo : Flickr)

Il y a neuf ans, la Fondation David Suzuki a lancé le projet Bleu Terre. (Blue Dot Movement). Son objectif était d’inscrire le droit à un environnement sain dans la législation canadienne. Tout a commencé par une tournée nationale mettant en vedette Feist, Neil Young, les Barenaked Ladies, Margaret Atwood, Kinnie Starr, Raine Maida, Grimes, Danny Michel, Stephen Lewis, Bruce Cockburn, Robert Bateman, Shane Koyczan et bien d’autres encore.

Les efforts déployés sur plusieurs fronts au fil des ans commencent enfin à porter leurs fruits. Depuis la récente adoption du projet de loi S-5 visant à moderniser la Loi canadienne sur la protection de l’environnement, le droit de toutes les personnes vivant au Canada à un environnement sain est désormais reconnu par la loi. Bien que l’objectif ultime était d’inscrire ce droit dans la Charte canadienne des droits et libertés, parvenir à l’intégrer dans cette loi est un excellent début.

La Loi sur la protection de l’environnement n’a pas été mise à jour depuis 1999, et depuis lors, de nombreux changements ont eu lieu concernant les problèmes environnementaux et notre compréhension de ceux-ci, donc les amendements étaient attendus depuis longtemps.

D’après la loi révisée, le gouvernement fédéral aura le devoir de protéger le droit à un environnement sain et de faire respecter les principes de la justice environnementale. La Loi prévoit aussi l’obligation de tenir compte des effets cumulatifs sur l’environnement et la santé humaine, ainsi que sur les populations vulnérables. Elle actualise également la réglementation relative au contrôle des substances toxiques et des produits chimiques dangereux, y compris en veillant à ce que la priorité soit donnée à l’interdiction des substances les plus dangereuses.

le droit de toutes les personnes vivant au Canada à un environnement sain est désormais reconnu par la loi

Lorsque la Tournée Bleu Terre (Blue Dot Tour) a démarré en 2014, plus de la moitié des nations du monde reconnaissaient le droit légal à un environnement sain. Il était très surprenant que le Canada, un pays réputé pour ses paysages sauvages spectaculaires et sa nature abondante, n’était pas parmi ces pays. Aujourd’hui, plus des trois quarts des pays reconnaissent et protègent ce droit!

À mesure que le mouvement prenait de l’ampleur, un nombre croissant de municipalités adoptaient des déclarations de droits environnementaux, de nombreux membres du Parlement signaient des engagements en leur faveur et des personnes, des organisations et des communautés se joignaient à l’effort.

Ce mouvement a aussi inspiré les deux projets de la Fondation : Future Ground Network et le Réseau Demain le Québec, qui sont deux plateformes en pleine croissance (l’une en anglais, l’autre en français) soutenant les groupes locaux qui agissent dans leurs communautés pour assurer un avenir plus sain et plus viable dans les domaines de la justice climatique, de la biodiversité, de la réduction des déchets et des systèmes durables.

Il ne devrait pas être controversé de reconnaître que nous ne pouvons pas bien vivre sans un air pur et une eau propre, sans une nourriture dépourvue de substances toxiques et sans les nombreux services fournis par les écosystèmes diversifiés. Mais le Canada et le monde restent confrontés à des crises environnementales croissantes, qui touchent souvent plus durement les personnes marginalisées.

nous ne pouvons pas bien vivre sans un air pur et une eau propre, sans une nourriture dépourvue de substances toxiques et sans les nombreux services fournis par les écosystèmes diversifiés

Au Canada, nous avons des douzaines d’avis de risque sur la qualité de l’eau potable en vigueur, la plupart dans des communautés autochtones. La qualité de l’air atteint souvent des niveaux dangereux, tandis que les industries pétrolières et minières continuent de polluer la terre, l’air et l’eau – là encore, le plus souvent à proximité des communautés autochtones. Les dangers environnementaux contribuent à des dizaines de milliers de décès prématurés chaque année au Canada, et la pollution nous coûte plus de 100 milliards de dollars par an.

Bien que la modernisation de la Loi sur la protection de l’environnement ne résoudra pas tous ces problèmes, elle nous mettra au moins sur la voie de la responsabilité gouvernementale. Mais il faut aller plus loin.

Le gouvernement devrait supprimer les obstacles qui empêchent les citoyen.ne.s d’utiliser des méthodes légales pour demander des comptes aux pollueurs lorsqu’ils enfreignent la Loi et ses règlements. Nous avons besoin de normes nationales de qualité de l’air applicables. Les réglementations concernant l’étiquetage des substances potentiellement dangereuses dans les produits de consommation doivent être renforcées.

la modernisation de la Loi sur la protection de l’environnement … nous mettra au moins sur la voie de la responsabilité gouvernementale

Le gouvernement doit aussi combler les lacunes concernant les déversements dans les océans, et il doit veiller à ce que les communautés autochtones bénéficient du même niveau de protection environnementale que les autres communautés au Canada. Nous devons également limiter les exportations de déchets plastiques.

Une autre étape importante sera pour le gouvernement d’adopter le projet de loi C-226 – « Loi concernant l’élaboration d’une stratégie nationale visant à évaluer et prévenir le racisme environnemental ainsi qu’à s’y attaquer et à faire progresser la justice environnementale ». Ce point est essentiel, car la justice sociale et la justice environnementale sont inextricablement liées. Les solutions aux crises climatiques et de la biodiversité doivent être basées sur l’équité, l’accès à la justice et le respect des droits humains.

La modernisation, attendue depuis longtemps, de la Loi sur la protection de l’environnement au Canada est une première étape positive et montre ce que nous pouvons accomplir lorsque nous travaillons ensemble.

Comme l’a déclaré David Boyd, rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’homme et l’environnement, et ancien porte-parole de longue date de Bleu Terre : « C’est un jour remarquable lorsque le Canada reconnaît le droit à un environnement sain et ce sera un jour encore meilleur lorsque les gouvernements respecteront, protégeront et réaliseront le droit de chacun.e à un environnement sain! »

Continuons à avancer!