Un homme marche au sommet de la montagne avec un enfant sur le dos.

Nous ne sommes pas en dehors ou au-dessus de la nature; nous en faisons partie. (Photo: Josh Willink via Pexels)

Jusqu’à il y a environ 400 ans, il était largement admis que la Terre était au centre de l’univers et que tout tournait autour d’elle.

Lorsque le scientifique Galilée a contesté cette vision « géocentrique » – confirmant la théorie « héliocentrique » de Nicolas Copernic selon laquelle les planètes tournent autour du soleil – il a été accusé d’hérésie par l’Inquisition catholique, un crime passible de la peine de mort. En 1633, il a été condamné à la prison à vie.

Galilée est mort en résidence surveillée en 1642, mais l’Église n’a levé son interdiction sur les travaux héliocentriques qu’en 1757. Malgré les preuves, l’héliocentrisme menaçait une vision du monde qui plaçait les êtres humains au centre de la « création ».

Notre compréhension de notre place dans l’univers a peut-être considérablement progressé au cours des cent dernières années, mais nous agissons encore dans une large mesure avec un état d’esprit « anthropocentrique » (centré sur l’être humain), voire géocentrique. C’est-à-dire que nous considérons les êtres humains comme le sommet de l’existence, à un niveau bien au-delà de celui des autres formes de vie.

Ce point de vue est également confronté à des défis à la lumière des preuves scientifiques croissantes. Dans la culture occidentale notamment, les plantes et les animaux ont longtemps été considérés comme des formes de vie rudimentaires, incapables d’avoir la cognition avancée et les compétences de communication des êtres humains. Cela nous a donné une justification pour exploiter la nature sans trop réfléchir aux conséquences.

Cela nous a donné une justification pour exploiter la nature sans trop réfléchir aux conséquences.

Mais la recherche scientifique commence à confirmer ce que de nombreux peuples autochtones savent depuis longtemps : les autres formes de vie, et peut-être même les choses non vivantes, sont autant notre parenté qu’elles sont des objets à utiliser pour nos besoins.

Des abeilles sensibles aux corbeaux conscients d’eux-mêmes, en passant par les plantes qui lancent un appel lorsqu’elles sont stressées, le monde vivant se révèle bien plus fascinant et complexe que nous ne l’imaginions.

Stephen Buchmann, un écologiste de la pollinisation et auteur de What a Bee Knows: Exploring the Thoughts, Memories and Personalities of Bees (Ce qu’une abeille sait : exploration des pensées, des souvenirs et des personnalités des abeilles), a étudié les abeilles pendant plus de 40 ans. Il soutient que ces minuscules insectes « peuvent manifester des émotions sophistiquées ressemblant à l’optimisme, la frustration, l’enjouement et la peur » et « peuvent connaître des symptômes similaires au TSPT (trouble de stress post-traumatique), reconnaître différents visages humains, traiter les souvenirs à long terme pendant le sommeil et peut-être même rêver », rapporte The Guardian.

les autres formes de vie, et peut-être même les choses non vivantes, sont autant notre parenté qu’elles sont des objets à utiliser pour nos besoins

Oliver Milman, un rédacteur au Guardian et auteur de The Insect Crisis: The Fall of the Tiny Empires that Run the World (La crise des insectes : La chute des minuscules empires qui dirigent le monde), affirme : « Les abeilles comprennent le concept du zéro, peuvent additionner et soustraire des nombres et peuvent même être entraînées à détecter des mines terrestres plus efficacement que les chiens renifleurs ». Et certains bourdons « peuvent être entraînés à jouer au football, et peuvent se souvenir des bonnes et des mauvaises expériences, ce qui suggère qu’ils ont une forme de conscience ».

Quant aux corbeaux et autres corvidés, les recherches montrent qu’ils « savent ce qu’ils savent, et ils peuvent réfléchir au contenu de leur propre esprit », ce qui est « un fondement de la conscience de soi et n’est partagé que par une poignée d’espèces animales en plus des êtres humains, tels que les singes et les grands singes », rapporte un article de Popular Mechanics (en anglais). Ils peuvent « aussi utiliser leur cerveau complexe pour trouver des solutions créatives, comme lâcher des noix sur la route pour que les voitures qui passent puissent les ouvrir en les cassant ».

Nous sommes aussi en train d’apprendre que les plantes ont des capacités complexes qui leur permettent de communiquer et de prendre soin les unes des autres. Des recherches menées par des scientifiques tels que Suzanne Simard, de l’Université de la Colombie-Britannique, et popularisées dans des livres de Peter Wohlleben et d’autres, dont moi-même, montrent que les arbres partagent des nutriments grâce à des réseaux fongiques et peuvent s’alerter mutuellement des menaces.

Ce que montre une grande partie de cette recherche, c’est que nous avons agi, et nous continuons à agir en ayant une compréhension limitée de la nature et de la manière dont tout est interconnecté.

De nouvelles recherches ont révélé que certaines plantes émettent des sons aigus lorsqu’elles subissent un stress consécutif à des dommages ou à une déshydratation. Bien que ces sons aient des fréquences que les êtres humains ne peuvent pas entendre, ils pourraient théoriquement être détectés par d’autres animaux.

Bien qu’il n’y ait « aucune preuve que les plantes émettent des sons intentionnellement », les chercheur.euse.s ont pu distinguer entre les différentes plantes et les types de stress qu’elles subissaient en fonction du rythme des sons, selon le Smithsonian Magazine.

Ce que montre une grande partie de cette recherche, c’est que nous avons agi, et nous continuons à agir en ayant une compréhension limitée de la nature et de la manière dont tout est interconnecté. Nous ne sommes pas en dehors ou au-dessus de la nature; nous en faisons partie. C’est pourquoi de nombreux peuples autochtones considèrent la nature comme une « parenté » à laquelle nous sommes lié.e.s plutôt que comme des « ressources » à exploiter.

Nous continuerons sans aucun doute à en apprendre davantage sur le monde qui nous entoure, ce qui changera nécessairement notre point de vue. Nous dépendons de la nature pour notre subsistance, mais même les connaissances limitées que nous avons montrent que nous devons satisfaire nos besoins avec plus d’humilité et de respect pour toute existence.