Elon Musk

Elon Musk à lui seul pourrait résoudre bon nombre des problèmes les plus graves du monde et rester incroyablement riche, mais malheureusement, il est... Elon Musk. (Photo : Gage Skidmore via Flickr)

Les rapports de nature économique pourraient faire croire, à tort, que les déficits budgétaires représentent le défi le plus important auquel les gouvernements sont confrontés. Ils servent de prétexte pour réduire les prestations essentielles, notamment les soins de santé, l’éducation, la sécurité sociale, l’action climatique et plus encore. Est-il vrai que des pays comme le Canada et les États-Unis ne peuvent pas se permettre d’offrir ces services?

Une étude américaine (source en anglais) citée par George Monbiot du journal The Guardian démontre que les personnes très riches considèrent les déficits budgétaires comme le problème le plus important, et que l’action climatique est au bas de la liste.

« Ils étaient beaucoup plus susceptibles d’insister pour que la sécurité sociale et les soins de santé fédéraux soient réduits, et beaucoup moins susceptibles de penser que les personnes sans emploi devraient avoir un “niveau de vie décent”, ou que les compagnies pétrolières, les banques et les assureurs de soins médicaux soient plus règlementés », écrit Monbiot (source en anglais). « Ils étaient farouchement opposés à la redistribution. »

Clairement, les personnes ultra-riches pensent différemment de la majorité d’entre nous. Pourquoi tant de gens acceptent-ils donc leur raisonnement en matière de déficits et d’abordabilité?

Ils veulent protéger leurs intérêts. Une récente étude d’Oxfam (source en anglais) a révélé qu’au cours de la dernière année, « les 10 milliardaires américains les plus riches se sont enrichis de 698 milliards de dollars et l’avènement du premier billionnaire au monde est à nos portes ». Comme l’écrit Monbiot, « cet argent à lui seul, l’augmentation de la richesse de 10 personnes, représente près de 10 fois le montant annuel nécessaire pour mettre fin à l’extrême pauvreté dans le monde ».

La chronique de Monbiot répondait en partie au récent essai du milliardaire Bill Gates (source en anglais) qui affirmait qu’il serait plus bénéfique de dépenser cet argent pour la pauvreté, la maladie et l’adaptation au climat que pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Elle s’inscrit aussi dans le sillage de la nouvelle qu’Elon Musk est sur le point de devenir le premier billionnaire au monde. (Pour avoir une idée de ce que cela représente, compter un billion de secondes prendrait 32 000 ans (source en anglais).)

Clairement, les personnes ultra-riches pensent différemment de la majorité d’entre nous. Pourquoi tant de gens acceptent-ils donc leur raisonnement en matière de déficits et d’abordabilité? Quand il s’agit de politique, note Monbiot, l’argent est roi. « Plus elles deviennent riches, plus elles peuvent manipuler l’État et le système économique comme bon leur semble afin de s’assurer de devenir encore plus riches. »

Imposer les ultra-riches à des taux qui leur en laisseraient encore amplement pour préserver leur mode de vie somptueux permettrait de générer assez d’argent pour résoudre de nombreux problèmes de société, de la santé à la famine en passant par le réchauffement planétaire.

Ou, comme l’indique Oxfam, « la concentration croissante des entreprises au cours des dernières décennies a donné aux grandes entreprises plus d’influence politique et de pouvoir de marché, et donc plus de pouvoir pour influencer directement la vie des gens, notamment en influençant les politiques et en déterminant les salaires, les conditions de travail et les prix ».

Nous pouvons en voir un exemple flagrant aux États-Unis; l’administration actuelle réduit les impôts pour les riches tout en réduisant les services essentiels pour les classes moyennes et ouvrières et les politiques sur le changement climatique, pour ne nommer que quelques exemples. Pendant ce temps, le président américain Donald Trump a organisé une somptueuse fête sur le thème de Great Gatsby à Mar-a-Lago, réservée aux riches qui détestent la planète, y compris l’Australienne Gina Rhinehart (source en anglais), qui a des intérêts dans les mines de charbon en Alberta. Au même moment, les gens ordinaires peinaient à se nourrir pendant une paralysie du gouvernement.

Imposer les ultra-riches à des taux qui leur en laisseraient encore amplement pour préserver leur mode de vie somptueux permettrait de générer assez d’argent pour résoudre de nombreux problèmes de société, de la santé à la famine en passant par le réchauffement planétaire. Malgré la propagande incessante et les distractions des médias et des plateformes de médias sociaux appartenant à des milliardaires (source en anglais), beaucoup de gens commencent à y voir clair. Un récent sondage YouGov (source en anglais) a révélé que 69 % des adultes américains (dont 40 % sont républicains!) sont en faveur d’une hausse des impôts pour les millionnaires et les entreprises.

La gratuité des services de garde d’enfants (66 %), le gel des loyers (65 %), la gratuité des transports en commun (53 %) et l’augmentation du salaire minimum (56 %) ont également reçu un soutien élevé.

Nous pourrions résoudre la plupart ou tous ces problèmes simplement en obligeant les ultra-riches à payer leur juste part.

Elon Musk à lui seul pourrait résoudre bon nombre des problèmes les plus graves du monde et rester incroyablement riche, mais malheureusement, il est… Elon Musk. Oxfam rapporte que si les 10 personnes les plus riches du monde perdaient 99 % de leur richesse, elles seraient toujours milliardaires!

Il est difficile d’imaginer qu’une personne peut valoir des milliards, peu importe à quel point elle a travaillé dur ou contribué à la société. La vérité est que la plupart ne le gagnent pas. Oxfam souligne que « 60 % de la richesse des milliardaires provient désormais d’héritages, du pouvoir monopolistique ou de liens de connivence ».

L’humanité est confrontée à de nombreuses crises existentielles, notamment la pauvreté, la famine, l’extinction des espèces et le dérèglement climatique. Nous pourrions résoudre la plupart ou tous ces problèmes simplement en obligeant les ultra-riches à payer leur juste part. Mais ces personnes détiennent les leviers du pouvoir, notamment en étant propriétaires de médias, en influençant la sphère politique et en ayant le temps et les ressources pour manipuler l’opinion publique.

C’est à nous, la grande majorité, d’exiger le changement.