L’Effet papillon : portrait de trois patrouilleuses

Plantation de fleurs indigènes

Plantation de fleurs indigènes

Alors que la saison de recrutement 2023 des bénévoles de L’Effet papillon vient de se clôturer, nous profitons également de la Journée internationale des droits des femmes pour partager avec vous trois portraits de patrouilleuses qui améliorent l’environnement de leurs communautés, un geste à la fois. Voici Virginie, Catherine et Léa!

Portrait de Virginie

Virginie est impliquée dans le mouvement L’Effet papillon depuis 2016. En plus d’être bénévole, elle porte plusieurs autres chapeaux puisqu’elle est biologiste en conservation et biodiversité urbaine, coordonnatrice de l’éducation relative à l’environnement et responsable du programme de pêche scientifique à Héritage Laurentien, ainsi qu’apicultrice urbaine.

Ses premiers pas avec la Fondation David Suzuki? Des traductions d’articles de blogue, des coups de main lors de kiosques, d’évènements spéciaux et de certaines campagnes, ainsi que la participation à la sélection de projets du prix Demain Le Québec.

Ses motivations? Le constat que les questions touchant aux pollinisateurs suscitent un grand intérêt du public et que l’amélioration des effets négatifs qu’ils subissent est un levier pour améliorer la qualité de l’environnement en général.

« Les pollinisateurs ont un rôle d’espèce parapluie, et les actions visant leur protection et leur conservation ont un impact positif sur l’ensemble des écosystèmes. […] En visant la conservation du papillon monarque, on identifie les problèmes de qualité de l’environnement et les grands enjeux qui les affectent », explique-t-elle.

Les pollinisateurs ont un rôle d’espèce parapluie, et les actions visant leur protection et leur conservation ont un impact positif sur l’ensemble des écosystèmes.

Virginie

Ses actions? La création d’une banque de semences mellifères indigènes pour favoriser la création d’habitats pour les pollinisateurs, la mise en place de liens avec des jardins de pollinisateurs afin de pouvoir réaliser des activités de récolte de semences, ainsi que l’organisation et l’animation d’ateliers de tri de semences.

Chez elle, Virginie a planté une bande mellifère et une oasis pour les pollinisateurs. Elle a également cessé de couper son gazon qui est maintenant un mélange de trèfle, de lierre, de pissenlit et de fraises sauvages. Ce n’est pas pour rien que son jardin est inscrit au programme de l’Espace pour la vie comme « oasis pour les monarques », « oasis pour les pollinisateurs », « oasis pour les oiseaux » et « oasis nourricière »!

Oasis de biodiversité de Virginie

Oasis de biodiversité de Virginie

Selon elle, les actions à échelle locale sont pertinentes puisque de nombreuses espèces ne se déplacent que sur de courtes distances. De petits jardins permettent alors de créer un réseau d’oasis qui augmente significativement la capacité de support du milieu.

Bien qu’elle se soit heurtée au manque d’écoute et d’intérêt de la part de certain.e.s interlocuteur.trice.s, elle souhaite contribuer à la transition vers de nouvelles pratiques qui favorisent la biodiversité, tant au niveau des méthodes d’entretien des municipalités que des tendances de jardinage.

Portrait de Catherine

Catherine a rejoint L’Effet papillon en 2021. Courtière d’assurance de métier, elle est par ailleurs passionnée par les fleurs et présidente de la Société d’horticulture et d’environnement de Saint-Lazare. C’est donc tout naturellement qu’elle s’est impliquée dans sa communauté en plantant des asclépiades pour aider les pollinisateurs.

Elle a découvert l’univers des plantes indigènes grâce aux webinaires offerts par la FDS. « Ce ne sont pas des plantes que l’on trouve facilement dans les pépinières locales. C’était un peu comme des plantes secrètes. J’ai eu l’impression qu’on m’avait donné la clé de la caverne d’Alibaba! » commente-t-elle.

De fil en aiguille, elle a rencontré d’autres patrouilleur.euse.s inspirant.e.s. Le coup d’envoi a été lancé lorsque deux bénévoles de sa région et elle-même s’associent ensemble. Leur projet a rapidement été financé par la Caisse Desjardins de Vaudreuil-Soulanges.

Les bénévoles ont alors pu acheter des plantules indigènes auprès de la Pépinière Rustique, qu’elles ont transplantées avant de pouvoir les donner aux citoyen.ne.s, à des entreprises, à des commerces et à des écoles. Très rapidement, les stocks ont été épuisés. 42 personnes sont sur une liste d’attente depuis l’an passé!

De plus, la Ville de Saint-Lazare a créé un jardin avec plus d’une centaine de fleurs indigènes au sein de son centre communautaire et a aménagé des plans d’asclépiades aux coins de ses rues. Elle est devenue certifiée Ville amie des monarques, tout comme Vaudreuil-Dorion. Un espace dédié aux plantes indigènes a également été agencé au parc Jack Layton à Hudson.

« Je ne pensais pas que ça décollerait aussi vite. C’était impressionnant! Je me suis rendu compte à quel point les citoyen.ne.s, les banques et les villes dans notre coin étaient déjà prêt.e.s pour aider », confie-t-elle. À ce jour, c’est plus de 300 abonné.e.s qui suivent la page Facebook L’Effet papillon St-Lazare/Vaudreuil/Pincourt Butterflyway.

Catherine pense que les personnes sont de plus en plus sensibilisées à l’usage des plantes indigènes, qui permettent de faire un corridor de biodiversité d’une maison à l’autre. « Tout le monde peut planter une plante quelque part, en pot ou dans la terre. On peut faire ça à petite échelle, même quand on vit en appartement », dit-t-elle.

Tout le monde peut planter une plante quelque part, en pot ou dans la terre. On peut faire ça à petite échelle, même quand on vit en appartement.

Catherine

Tout comme Virginie, Catherine a organisé une section de son jardin où sont plantées des plantes sauvages. « La première fois que j’ai vu un monarque dans mon jardin, il fallait me voir… J’étais vraiment excitée! […] Quand on prend conscience que c’est un insecte qui est en danger de disparaître, là, tout d’un coup, d’en voir un, c’est comme gagner à la loterie! » s’exclame-t-elle.

Les écoles ont également témoigné leur intérêt, en contactant Catherine pour obtenir des semences à planter. Elle souhaite d’ailleurs outiller les élèves afin de limiter l’importation de chenilles dans les salles de classe, qui sont utilisées pour expliquer le cycle de vie du papillon.

Catherine est néanmoins confrontée à plusieurs défis et le changement des mentalités arrive en première place. En effet, les gens ont été éduqués à considérer les plantes indigènes comme des mauvaises herbes, qu’il faut enlever.

Leur vente dans les pépinières locales est donc rare et elles sont souvent remplacées par des versions modifiées, appelée cultivars, dont les bénéfices pour les pollinisateurs sont restreints. Enfin, peu de ressources existent en français, excepté Pollinator partnership Canada, qui propose des guides de plantation écorégionaux, permettant de fournir des habitats essentiels aux pollinisateurs.

Portrait de Léa

Léa est mannequin et comédienne, et a récemment terminé un programme en éducation relative à l’environnement à l’Université du Québec à Montréal. Tout comme Catherine, elle a pris connaissance de L’Effet papillon via les réseaux sociaux et s’y est impliquée en 2021.

C’est la possibilité d’établir des liens avec des gens qui ont des valeurs semblables aux siennes qui l’a interpellé lors de la pandémie, lorsqu’elle s’est retrouvée isolée dans les alentours de Montréal.

Elle est par la suite passée à l’action avec une autre patrouilleuse, Penny Arsenault. Au printemps 2021, les deux femmes ont contacté la société horticultrice de leur ville et fait un échange de plantes pour pollinisateurs, qui était ouvert au grand public.

De plus, elles ont recouru à la guérilla jardinière sur rue et initié la création d’un jardin pour papillons à l’École orale de Montréal pour les sourds. Elles se sont également mobilisées pour réaliser un « sauvetage d’asclépiades » qui devaient être rasées et les ont par la suite replanté dans un boisé.

« Les actions citoyennes peuvent avoir un effet boule de neige. On a tous.tes le pouvoir de créer des refuges pour la biodiversité, que ce soit sur notre balcon, en ajoutant quelques plantes indigènes à notre plate-bande ou en participant à une activité de jardinage à l’école de nos enfants », témoigne-t-elle.

Les actions citoyennes peuvent avoir un effet boule de neige. On a tous.tes le pouvoir de créer des refuges pour la biodiversité, que ce soit sur notre balcon, en ajoutant quelques plantes indigènes à notre plate-bande ou en participant à une activité de jardinage à l’école de nos enfants.

Léa

Léa pense qu’une des forces du mouvement est de connecter les personnes ensemble et de créer des réseaux, que ce soit à travers des webinaires, des rencontres qui sont faites en ligne ou des groupes sur Facebook.

« C’est important de s’entourer de gens, car c’est difficile de commencer un projet seul.e. C’est plus facile de le faire en équipe, de se joindre au projet de quelqu’un.e et de prêter main-forte », explique-t-elle.

Elle souhaiterait écrire un livre destiné aux enfants, portant sur l’importance de protéger les pollinisateurs, ainsi qu’organiser des activités éducationnelles dans les écoles. De plus, P. Arsenault et elle aimeraient transformer le toit de l’aréna communautaire en jardin pour pollinisateurs.

Plantation de fleurs indigènes

Plantation de fleurs indigènes

« Les plantes indigènes n’ont pas besoin d’entretien et ne requièrent pratiquement pas d’eau. On pourrait planter plus, mais mieux. J’ai l’impression que ça serait gagnant-gagnant pour tout le monde », dit-elle.

Elle a néanmoins constaté des avancées positives dans sa ville. Depuis l’an passé, celle-ci s’est engagée à entreprendre des actions s’inscrivant dans le programme Ville amie des monarques.

À ce jour, un jardin à papillons situé à côté de la bibliothèque a été créé, mettant de l’avant l’asclépiade et d’autres plantes favorables aux pollinisateurs. De plus, un documentaire sur les papillons monarques a été projeté et des graines de plantes indigènes ont été distribuées aux résident.e.s, lors de la Journée de la Terre 2022.