Après des décennies de déni, les gouvernements du monde entier sont désormais d’accord : nous devons cesser de brûler des combustibles fossiles si nous voulons un climat stable propice à la vie sur Terre.
L’industrie a également accepté de faire quelques petits pas vers l’action climatique : au Canada, les principales compagnies pétrolières et gazières se sont engagées à œuvrer pour que le Canada n’émette aucune émission nette d’ici 2050, atteignant donc la carboneutralité.
Mais nous savons désormais que, depuis un demi-siècle, l’industrie pétrolière et gazière a investi des milliards de dollars dans des campagnes de marketing malhonnêtes et trompeuses, conçues pour semer le doute dans la science du climat et convaincre les gens que les combustibles fossiles ont leur place dans un avenir à zéro émission nette.
Alors, dans un monde d’engagements climatiques et de campagnes d’écoblanchiment, comment savoir si les entreprises disent la vérité? Et leurs actions sont-elles conformes à leurs paroles?
Malheureusement, lorsque nous regardons au-delà des campagnes de marketing de l’industrie et que nous entrons dans les détails de leurs engagements, nous constatons que l’idée que l’industrie pétrolière et gazière se fait de la durabilité est loin de correspondre aux changements dont nous avons besoin.
Voici quelques outils pour vous aider à repérer et à mettre fin à la désinformation de l’industrie pétrolière et gazière.
Cinq exemples de désinformation de l'industrie pétrolière et gazière
Compter sur la capture du carbone
Les objectifs des grandes compagnies pétrolières et gazières en matière de réduction des émissions au Canada ne sont pas ceux que l’on croit. Il suffit de lire les petits caractères pour comprendre que l’industrie n’envisage pas un avenir dans lequel l’humanité réduirait sa production et sa consommation de combustibles fossiles pourtant nocifs.
La technologie de capture et de stockage du carbone est présentée par l’industrie comme la solution miracle pour réduire les immenses émissions associées à la production et au raffinage du pétrole et du gaz. Mais cette technologie coûteuse et gourmande en énergie n’a pas prouvé qu’elle était à la hauteur pour s’attaquer au secteur le plus nuisible à l’environnement au Canada.
La prochaine fois que vous entendrez parler de la capture du carbone, prenez-le pour ce qu’il est : une distraction. Nous savons que nous devons abandonner les combustibles fossiles au profit d’énergies renouvelables qui ont fait leurs preuves.
L'écoblanchiment des combustibles fossiles
Il s’agit d’un outil de marketing qui a fait ses preuves : le changement de marque. L’industrie utilise des tactiques de désinformation coordonnées depuis des années et des années. Au Canada, la situation n’a pas changé.
L’industrie des combustibles fossiles continue de renommer ses produits, mais nous sommes désormais mieux informé.e.s :
- Le pétrole responsable, éthique ou propre n’existe pas. Aucune forme de pétrole n’est vraiment retirée du marché mondial et aucune n’est moins nocive.
- Le gaz naturel n’est pas plus naturel que le charbon ou le pétrole. Et il est tout aussi nocif pour notre environnement. Nous le considérons plutôt comme un gaz fossile, et directement associé au méthane, un gaz à effet de serre environ 80 fois plus puissant que le dioxyde de carbone à court terme.
- Le gaz naturel liquéfié (GNL) n’est pas un « carburant de transition ». L’idée selon laquelle nous devons investir dans les combustibles fossiles pour faire place à un avenir renouvelable ne tient pas la route. Nous devons investir dès maintenant dans les énergies renouvelables qui ont fait leurs preuves.
Mais l’industrie des combustibles fossiles n’est pas la seule concernée. Alors que les banques se vantent d’avoir pris des engagements en matière de consommation nette zéro, les chiffres montrent que la situation reste inchangée.
Minimiser le pouvoir des énergies renouvelables
L’énergie éolienne et l’énergie solaire sont les formes d’énergie les moins chères de l’histoire, mais l’industrie voudrait vous faire croire le contraire.
L’énergie éolienne et solaire est également fiable, grâce aux progrès réalisés en matière de stockage de l’énergie et d’efficacité énergétique, et grâce à la collaboration entre les provinces.
L’énergie renouvelable est sûre – une énergie fabriquée au Canada, utilisée au Canada. Elle crée des emplois et de nouveaux types d’entreprises, de coopératives et de projets soutenus par la communauté. Nos recherches récentes le confirment. Ne laissons pas les grandes sociétés pétrolières et gazières jeter le doute sur les énergies renouvelables.
L'inflation et la demande de fonds publics
Les compagnies pétrolières et gazières engrangent des profits records. Au Canada, au cours des trois premières années de la pandémie, les bénéfices des compagnies pétrolières et gazières ont augmenté plus que ceux de n’importe quel autre secteur – de plus de 1 000%! Alors que les Canadien.ne.s peinent à payer les produits de première nécessité comme la nourriture et le logement, l’industrie, elle, prospère.
Une étude récente (en anglais) a révélé que le pétrole et le gaz sont des moteurs de l’inflation. Le maintien du statu quo pour les grandes compagnies pétrolières signifie une crise du coût de la vie pour le reste d’entre nous.
Malgré ces profits, l’industrie pétrolière et gazière demande au gouvernement canadien de payer la facture de ses installations de capture du carbone, qui se chiffrent en milliards.
Nous devons nous unir et nous opposer à la cupidité de l’industrie.
Retarder l'action climatique
En recourant à des tactiques trompeuses, l’industrie pétrolière et gazière retarde et bloque toute action significative en faveur du climat. Son influence politique aux plus hauts niveaux des négociations internationales sur le climat est également troublante.
Lors du sommet sur le climat à Dubaï (COP28), la représentation de l’industrie des énergies fossiles a battu les records avec près de 2 500 délégué.e.s. De plus, alors que les représentant.e.s de l’industrie sont autorisé.e.s à pénétrer dans les espaces de négociation « bleus », les autres voix (autochtones, Sud global, jeunes, etc.) sont souvent reléguées dans les espaces « verts », où aucune négociation n’a lieu.
Lorsque nous avons réalisé que fumer des cigarettes provoquait des cancers et tuait des gens, pensez-vous que nous avons laissé aux représentant.e.s de l’industrie du tabac le soin de rédiger les réglementations qui régissent aujourd’hui l’industrie? De toute évidence, non.
Nous sommes à un moment critique et nous ne pouvons pas laisser de puissantes entreprises bloquer l’action climatique.