Alors que la dégradation des écosystèmes naturels a des conséquences sexospécifiques, les femmes s’évertuent à créer des changements positifs dans la lutte contre les changements climatiques.
En effet, elles n’ont pas le même degré de vulnérabilité et d’adaptation face aux risques environnementaux que les hommes, en raison des inégalités persistantes entre les genres. Elles sont pourtant sous-représentées dans l’élaboration des lois et de la gouvernance environnementale. Certaines mesures d’adaptation s’en trouvent alors invisibilisées.
À Montréal, cette problématique se répercute sur la santé, sur l’accès au logement et aux espaces verts, ainsi que sur la mobilité. Des organismes tels que Mères au front (MAF) s’activent alors à trouver des solutions, afin de contrer ces lacunes. Elles sont des interlocutrices dans leurs communautés et auprès des gouvernements, ainsi que des organisatrices d’actions citoyennes mobilisatrices.
Santé
Le travail reproductif, dont les femmes sont majoritairement responsables constitue une charge de travail importante. Il regroupe notamment les tâches domestiques et les soins prodigués aux enfants et aux personnes âgées, qui sont amplifiés par des stratégies d’adaptation différenciées face aux changements climatiques.
Il s’en suit alors des répercussions plus intenses sur leur santé mentale, telles que l’écoanxiété ou le ressenti d’émotions négatives. De plus, le travail reproductif les expose davantage à certains polluants et perturbateurs endocriniens.
L’écoanxiété est l’étincelle et le moteur d’action chez beaucoup de Mères au front, surtout celles qui ont eu des enfants
explique la coordinatrice de l’organisme, Gabrielle Spenard-Bernier
Ainsi, le mouvement a décidé de créer un cercle « care ». Il s’agit d’intégrer des pratiques plus inclusives dans la façon de penser et d’entreprendre des actions, telles que la reconnaissance de l’épuisement.
« Ça ne demande pas de révolutionner nos façons de faire, mais d’être conscient.e.s de ce risque. Tout le monde devrait être préoccupé par la notion de “care”. C’est quelque chose qui pourrait être appliqué à plus large échelle », ajoute une bénévole de MAF, France Duquette.
L’augmentation des violences physiques, psychologiques et sexuelles envers les femmes lors d’événements extrêmes comme des vagues de chaleur ou des pandémies est aussi à souligner.
Espaces verts
Les parcs sont inégalement répartis au sein de l’île, ce qui soulève des enjeux d’accessibilité dans plusieurs quartiers, comme à Anjou ou Parc-Extension. Il en va de même pour les espaces de jeux destinés aux enfants et les parcs-nature, qui sont difficilement accessibles en transports en commun.
La présence de végétation en ville permet pourtant de réduire la pollution et le bruit, de garder l’air plus frais, ainsi que d’améliorer le bien-être. L’absence de verdure ou de climatisation constitue une menace pour la santé, notamment lors d’une vague de chaleur.
Les MAF, comme les groupes de Laval et de Rivière des Mille Îles, ont d’ailleurs récolté plusieurs victoires quant à la préservation des espaces naturels et des terrains de golf, notamment face aux propositions d’acquisition des promoteur.trice.s immobilier.ère.s.
La présence de végétation en ville permet pourtant de réduire la pollution et le bruit, de garder l’air plus frais, ainsi que d’améliorer le bien-être.
Accès à des logements adaptés
Alors que les logements salubres et abordables à Montréal se font de plus en plus rares, les femmes vivent davantage dans des logements exposés aux intempéries, telles que des îlots de chaleur, des nuisances ou une mauvaise isolation en hiver. Une hausse des coûts d’électricité s’en suit, ce qui accentue leur précarité financière.
En effet, les femmes sont plus nombreuses à vivre sous le seuil du faible revenu et gagnent en moyenne 10 % de moins que leurs homologues masculins. Leur marge de manœuvre est alors moindre pour s’adapter à la crise climatique, ce qui détériore leurs conditions de vie, telles que leur sécurité alimentaire.
Les MAF de Rouyn-Noranda et de Québec sont particulièrement impliquées au niveau des enjeux de la qualité de l’air, du fait de la pollution engendrée par la fonderie Horne et dans le secteur du Vieux-Limoilou.
Mobilité
Hors des quartiers centraux comme dans l’est et le nord de Montréal, l’offre de transports en commun est réduite aux autobus et demeure insuffisante. Le quotidien des femmes se trouve alors détérioré, puisqu’elles peuvent être dissuadées d’utiliser les transports collectifs et limiter leurs activités. En plus de générer de l’isolement, ceci peut les pénaliser sur les plans financiers et alimentaires.
Cette situation est d’autant plus problématique lorsqu’elle touche les femmes âgées ou en situation de handicap, ou bien qui ont la charge du travail reproductif.
De plus, des aménagements favorisant le transport actif inclusif, comme le vélo ou la marche, appellent à manquer. Un faible éclairage crée de l’insécurité et rend moins accessibles des lieux tels que des viaducs ou des pistes cyclables, par exemple.