Bilan 2023 : les victoires environnementales de l’année

Mobilisation à Montréal lors du Jour de la Terre

Mobilisation à Montréal lors du Jour de la Terre (Photo : Ambre Giovanni / Fondation David Suzuki)

L’année qui vient de s’écouler a été teintée de succès environnementaux, que ce soit à l’échelle du Québec, du Canada ou du monde. Retour en texte et en images sur ces petites et grandes avancées!

Hiver

Au Québec, la Commission sur l’eau, l’environnement, le développement durable et les grands parcs de la Ville de Montréal a émis des recommandations à la suite d’une consultation en lien avec la Feuille de route vers des bâtiments montréalais zéro émission dès 2040. Elles ont été applaudies par des groupes environnementaux québécois, notamment celles qui proposent d’interdire le raccordement de tout nouveau bâtiment au réseau gazier, et de proscrire l’installation de nouveaux appareils, tels que les cuisinières à gaz.

Trois patrouilleuses de l’Effet papillon

Trois patrouilleuses de l’Effet papillon

À travers le Canada cette fois, plus de 600 patrouilleur.euse.s ont rejoint le mouvement l’Effet papillon cette année. Depuis la date de création du projet en 2017, 1 500 bénévoles passionné.e.s ramènent la nature dans leurs quartiers. Grâce à elleux, plus de 106 300 fleurs et plantes indigènes, ainsi que près de 2 900 arbres et arbustes ont été plantés. Au total, près de 7 200 jardins pour les pollinisateurs ont été créés à travers le pays!

15 jeunes canadien.ne.s ont par ailleurs intenté la poursuite La Rose c. Sa Majesté le Roi en raison de la responsabilité du Canada dans les changements climatiques. En février dernier, les plaignant.e.s et leurs avocat.e.s ont plaidé leur cause devant trois juges de la Cour d’appel fédérale afin d’obtenir un procès. Leur requête a d’ailleurs été approuvée le 14 décembre! Iels demandent au gouvernement canadien d’instaurer un plan de redressement climatique pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et décarboner le système énergétique du pays.

Les 15 jeunes de La Rose (Photo : Fondation David Suzuki)

Une résolution historique a été adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 29 mars dernier : la Cour internationale de justice définira désormais les obligations des États en matière de lutte contre les changements climatiques.

Au niveau international cette fois, une résolution historique a été adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 29 mars dernier : la Cour internationale de justice, la plus haute juridiction mondiale, définira désormais les obligations des États en matière de lutte contre les changements climatiques. L’avis formulé sera non contraignant, mais incitera certainement les pays à agir en faveur de la transition socioécologique. En effet, les avis de la Cour internationale de justice ont un poids légal et moral important, qui est souvent pris en compte par les tribunaux nationaux.

Printemps

Après des mois de mobilisation de la Fondation David Suzuki et de ses partenaires de la coalition Non au troisième lien!, le gouvernement provincial a abandonné son projet d’établir un lien autoroutier entre les villes de Québec et de Lévis, au profit d’une liaison dédiée au transport en commun. La suite est toutefois moins glorieuse, puisque le projet est à nouveau sur les rails depuis lors. La société civile redoublera d’efforts pour combattre ce projet, dont l’impact est désastreux pour l’environnement.

Toujours au niveau provincial, le premier rassemblement du Réseau Demain le Québec (RDQ) a eu lieu au mois de mai dernier. Des centaines de personnes et 85 collectifs citoyens provenant des quatre coins de la province se sont rassemblés pour discuter des enjeux liés à la transition socioécologique. Depuis sa création en 2021, le RDQ s’affaire à soutenir les mobilisations citoyennes, en plus de leur offrir une plateforme permettant d’établir des liens entre les groupes.

Premier rassemblement du Réseau Demain le Québec

Premier rassemblement du Réseau Demain le Québec (Photo : Alexandre St-Amant / Fondation David Suzuki)

Loi canadienne sur la protection de l’environnement a reconnu le droit de chaque personne au Canada à un environnement sain.

Sur le plan fédéral, la Loi canadienne sur la protection de l’environnement a reconnu le droit de chaque personne au Canada à un environnement sain. Il s’agit de sa première mise à jour depuis son en entrée en vigueur en 1999. Le gouvernement aura ainsi l’obligation de faire respecter les principes de justice environnementale, et la priorité sera donnée à l’interdiction des substances toxiques et des produits chimiques les plus dangereux.

Été

Le mois de juillet a commencé tristement, avec une saison des incendies qui a atteint des records au Canada : 18,4 millions d’hectares se sont embrasés, alors que seulement 2,5 millions brûlent en moyenne chaque année. Les changements climatiques attisent ainsi l’intensité et la fréquence des feux, et sont à l’origine d’injustices environnementales. Au Québec, les incendies ont particulièrement touché les peuples autochtones vivant dans le Nord de la province, pour qui des lieux porteurs de culture et d’histoire se sont envolés en fumée.

Le Canada a néanmoins fait un pas en avant en mettant fin aux subventions jugées inefficaces à l’industrie des combustibles fossiles. Il s’agit d’une étape fondamentale pour que ses investissements publics soient cohérents avec ses engagements climatiques. Toutefois, une étude (en anglais) réalisée par l’Agence internationale de l’énergie en 2021 a conclu qu’il n’était pas nécessaire d’investir dans de nouvelles sources d’approvisionnement en combustibles fossiles pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050. La fin de toute forme de soutien public à cette industrie polluante s’avère donc être encore plus efficace!

Rivière Sainte-Marie, île d’Anticosti

La rivière Sainte-Marie, île d’Anticosti (Photo : Dominique Blanc-Tradif / Openverse)

Le Canada a fait un pas en avant en mettant fin aux subventions jugées inefficaces à l’industrie des combustibles fossiles. Il s’agit d’une étape fondamentale pour que ses investissements publics soient cohérents avec ses engagements climatiques.

Au Québec cette fois, l’île d’Anticosti fait désormais partie du patrimoine mondial de l’UNESCO. L’abondance, la diversité et l’état de préservation des fossiles sur l’île permettent notamment un travail scientifique de calibre mondial et font d’Anticosti un laboratoire à ciel ouvert. C’est également un milieu naturel unique où cohabitent de nombreuses espèces. D’ailleurs, l’île cache les secrets de la première extinction massive du vivant, il y a environ 440 millions d’années!

Automne

Afin de réduire la production de gaz à effet de serre, Prévost est devenue la première ville de la province à interdire l’usage du gaz naturel dans les nouveaux bâtiments résidentiels et institutionnels de la municipalité. La réglementation a toutefois soulevé de vives réactions de la part de l’industrie du gaz naturel. En effet, Énergir a intenté une poursuite contre la ville afin qu’elle limite la portée de sa règlementation.

En outre, cinq projets québécois ont été retenus pour devenir des forêts de la guérison. Ces espaces de partage et de réflexion sur l’histoire du Canada, ainsi que les conséquences des pensionnats seront transformés en lieux sûrs pour favoriser le mieux-être, la réconciliation et le renforcement des communautés autochtones et allochtones au Québec.

Parc national de la Mauricie

Parc national de la Mauricie (Photo : Ambre Giovanni (photo de courtoisie))

Afin de réduire la production de gaz à effet de serre, Prévost est devenue la première Ville de la province à interdire l’usage du gaz naturel dans les nouveaux bâtiments résidentiels et institutionnels de la municipalité.

Au mois de novembre, les gouvernements du Québec et du Canada ont par ailleurs annoncé conjointement leur volonté de créer un nouveau parc marin dans le golfe du Saint-Laurent, au nord de l’Île d’Anticosti, d’une superficie qui pourrait s’étendre sur 10 000 km2. C’est une excellente nouvelle pour toute la faune et la flore qui composent la riche biodiversité de cette zone.

Enfin, la Conférence annuelle des Nations Unies sur les changements climatiques (COP28) était à l’honneur en décembre. Les pays participants ont adopté le Fonds des pertes et dommages, qui permettra d’offrir une compensation financière aux pays en voie de développement, qui sont souvent les plus touchés par les conséquences des changements climatiques. Le ministre canadien de l’Environnement, Steven Guilbeault, a quant à lui annoncé le projet de règlement fédéral sur le méthane, visant à réduire de 75 % les émissions de méthane produites par l’industrie du pétrole et du gaz au Canada d’ici 2030.

Au bout du compte, ces progrès nous mènent peu à peu vers une transition socio-écologique qui soit durable et responsable. Un bout du chemin reste toutefois à parcourir, alors continuons à nous mobiliser afin que 2024 s’inscrive dans le même sillon que l’année qui vient de s’écouler!