Voyage en avion et changements climatiques

Les vols sont énergivores et dépendent des énergies fossiles.

Le transport aérien fait partie intégrante du monde moderne : il permet de connecter les personnes et les cultures sur de longues distances en quelques heures seulement. Mais à quel prix? La commodité du transport aérien entraîne un coût environnemental considérable.

Prenez des décisions éclairées. Informez-vous sur les répercussions de ce type de transport sur les changements climatiques et sur les mesures que vous pouvez prendre pour y remédier.

Pourquoi le transport aérien est-il problématique?

Les vols d’avion sont énergivores et dépendent des énergies fossiles. Les subventions provenant des taxes sur le carburant donnent au secteur du transport aérien un avantage injuste par rapport aux autres modes de transport (source en anglais). Les émissions générées par les vols restent dans l’atmosphère et la réchauffent pendant plusieurs siècles. Les émissions des avions étant libérées en haute altitude, elles déclenchent des réactions chimiques et des effets atmosphériques qui augmentent la température de la planète.

Selon Dan Rutherford, directeur du transport maritime et de l’aviation au Conseil international pour les transports propres (ICCT), environ 3 % de la population mondiale prendrait des vols réguliers. Bien que ce pourcentage puisse paraître minime, les répercussions de ce mode de transport affectent tout le monde.

Les nouvelles technologies peuvent-elles rendre le transport aérien plus durable?

Les exigences relatives aux biocarburants et à l’électrification pourraient aider, mais elles demeurent limitées. Une étude récente (en anglais) a démontré qu’il faudrait multiplier par quatre ou cinq la production mondiale de biocombustibles afin de décarboniser l’aviation. De telles mesures pourraient entraîner des conséquences importantes sur l’utilisation des terres, allant jusqu’à entrer en concurrence avec les cultures destinées à l’alimentation. Selon une étude de la NASA (en anglais), l’utilisation de biocombustibles mélangés pour couvrir 50 % des besoins en aviation permettrait de diminuer de 50 à 70 % la pollution causée par le trafic aérien.

En raison du poids de la batterie, l’électrification ne convient qu’aux vols court-courriers. La plupart des avions électriques sont donc utilisés pour le transport régional, en tant que taxis aériens. Toutefois, malgré les défis, des centaines de modèles d’avions électriques sont actuellement en développement partout dans le monde. D’ailleurs, en 2022, Air Canada a acquis 30 avions de ligne hybrides. L’introduction de ces avions en 2028 marquera une petite avancée pour le Canada en matière de vols à faible émission de carbone.

Une vérité qui ne fait pas planer : quelques données sur le transport aérien et les changements climatiques

  • D’ici 2050, le secteur du transport aérien pourrait être responsable d’un quart des émissions de gaz à effet de serre. On s’attend en effet à ce qu’elles connaissent une croissance soutenue fulgurante pendant cette période. Si le secteur du transport aérien n’est pas réglementé, il pourrait absorber un quart du budget carbone restant prévu pour limiter l’augmentation de la température à 1,5 °C.
  • En ce sens, renoncer à un vol entre Montréal et Londres serait aussi bénéfique pour le climat que faire du covoiturage pendant deux ans ou adopter une alimentation à base de plantes pendant trois ans et demi. En effet, si le secteur de l’aviation était un pays, il figurerait parmi les 10 principaux émetteurs mondiaux : il est responsable de 12 % des émissions liées au transport.
  • L’industrie du tourisme mondiale, quant à elle, est responsable de 8 % des émissions planétaires, ce qui est plus que le secteur de la construction (source en anglais)!
  • Le trafic aérien augmente de près de 5 % chaque année, tandis que l’efficacité énergétique n’a progressé que de 1 à 2 % (source en anglais).
  • Les émissions des compagnies aériennes représentent un peu plus de 3 % du total canadien.
  • Éviter un seul vol peut équivaloir à une année entière sans utiliser de voiture à essence.

Pensez-y à deux fois avant de sauter sur cette merveilleuse aubaine pour une fin de semaine au soleil. Elle n’est pas si formidable quand on pense aux émissions qui continueront de réchauffer la planète pendant des siècles.

Thomas Green, analyste des politiques de solutions climatiques, Fondation David Suzuki

Quelle est la meilleure réponse climatique aux vols aériens?

01

Aller jusqu'au bout

Prenez la décision d’arrêter de prendre l’avion.

02

Faites quelques pas

Ne voyagez que lorsque nécessaire et restez le plus longtemps possible à destination. Lorsque vous voyagez en avion pour le travail, organisez des réunions de groupe (ou utilisez la vidéoconférence). Lorsque possible, prenez des vols directs.

03

Faites de petits changements

Si vous devez absolument prendre l'avion, faites des changements temporaires dans vos habitudes (par exemple, faire du covoiturage) pour aider à réduire votre impact.

Choisissez la classe économique

Les sièges de classe affaires et de première classe prennent plus d'espace et sont responsables d'une plus grande part des émissions d'un avion. Voyagez en classe économique plutôt qu’en classe affaires pour améliorer l’efficacité et maximiser le rapport passager.ère.s/émissions de l’avion.

Prenez des vols directs, sans escale

Les émissions de carbone sont plus élevées lors du décollage et à l’atterrissage de l’avion. Prenez des vols directs (sans escale) afin de réduire considérablement les émissions de votre voyage par rapport aux vols avec escale.

Prenez des vols de jour

Les vols de jour sont à préconiser puisqu'ils réduisent la rétention de chaleur des traînées de condensation et des cirrus la nuit, tandis que la lumière du soleil favorise leur dispersion en journée.

Choisissez soigneusement les compagnies aériennes

Certaines compagnies prennent des mesures pour réduire la pollution par le carbone. Choisissez celles qui ont une flotte efficace et qui font voler leurs avions avec peu de sièges vides. Certaines de celles qui parcourent de courtes distances optent pour des flottes électriques.

Qu’en est-il de la compensation carbone?

Vous a-t-on déjà demandé de verser une contribution financière pour des initiatives écologiques lors de l’achat d’un billet d’avion? Il s’agit là d’un exemple de compensation carbone. Bien que ces mécanismes soient souvent présentés comme une solution pour « contrebalancer » les émissions liées à des activités – comme un voyage en avion –, cette stratégie est loin d’être miraculeuse, car les émissions du vol resteront dans l’atmosphère. Les compensations en matière de carbone peuvent effectivement servir à soutenir des projets favorables au climat, mais elles ne constituent pas une solution infaillible.

Les entreprises et les compagnies utilisent souvent la compensation carbone pour verdir leur image tout en continuant d’adopter des pratiques néfastes pour l’environnement – une stratégie d’écoblanchiment courante. Des études en anglais démontrent que certains programmes de compensation sont associés à des déplacements forcés de populations autochtones hors de leurs territoires ainsi qu’à d’autres violations des droits de la personne, sans compter une surestimation des retombées positives sur le climat.

En considérant la compensation carbone comme une solution, on détourne l’attention de l’essentiel, c’est-à-dire des changements systémiques qui entraîneraient des répercussions plus grandes (investir dans des transports plus propres, par exemple).