Si vous vous souciez de la planète et des personnes qui y habitent, il y a de fortes chances que vous ressentez ou que vous ayez déjà ressenti une certaine peur de l’avenir. Au cours des dernières années, « l’écoanxiété » – la peur chronique de la catastrophe environnementale – est devenue un terme familier pour beaucoup d’entre nous. De plus en plus, les expert.e.s en santé publique reconnaissent les conséquences de l’écoanxiété sur la santé mentale, notamment celle des jeunes.
En 2021, la revue Lancet a publié la première enquête (en anglais) à grande échelle sur l’anxiété climatique chez les enfants. Dans le cadre de la recherche, 10 000 jeunes âgé.e.s de 16 à 25 ans et venant de 10 pays différents ont été interrogé.e.s. On a constaté que, dans tous ces pays, la vie quotidienne des jeunes était affectée par l’anxiété climatique et d’autres émotions et pensées angoissantes à ce sujet.
Les changements climatiques ne sont pas près de disparaître, ce qui signifie que les adultes (y compris les parents, les grands-parents, les enseignant.e.s, les tantes, les oncles, les frères et sœurs et les ami.e.s) doivent trouver de nouvelles et meilleures façons de soutenir les jeunes en leur parlant et en les aidant à en apprendre plus sur le sujet de manière adaptée à leur âge.
Cela ne sera peut-être pas facile – ce qui est souvent le cas des conversations sur le climat. Voici donc quelques conseils pour vous aider.
Commencez par écouter
Si un.e jeune de votre entourage aborde le sujet des changements climatiques, commencez par découvrir ce qu’il ou elle sait à ce sujet. Posez des questions et écoutez ce qu’il ou elle a à dire. Les enfants plus âgés peuvent en savoir beaucoup, voire plus que vous ne le pensez. Les plus jeunes ne sont peut-être pas aussi bien informé.e.s et ne sont peut-être pas prêt.e.s à avoir une conversation approfondie sur le climat. Ce n’est pas grave : vous n’avez pas besoin d’entamer la conversation s’ils et elles ne l’abordent pas. Essayez plutôt de leur faire aimer la nature et la planète en passant du temps à l’extérieur.
Si vous doutez de vos propres connaissances, vous pouvez consulter des ressources sur la crise climatique et les émissions de gaz à effet de serre en ligne et en librairie.
Comment évoquer le sujet de façon appropriée?
Tara Beck est une éducatrice environnementale et expérientielle, fondatrice de l’Edmonton Forest School Society et parent. Son approche des conversations sur le climat diffère selon son rôle. Lorsqu’elle porte son chapeau d’éducatrice, elle cherche des occasions de relier les changements climatiques à un sujet qui intéresse la personne. « Je reviens toujours à la question suivante : pourquoi seriez-vous enclin.e à agir si vous n’êtes pas connecté.e à ce pour quoi vous agissez? », dit-elle.
Mais en tant que parent, elle applique plutôt une approche de narration. « Lorsque je fais des choix qui pourraient affecter le climat, j’en parle. J’essaie également de partager des photos et des reportages avec mes enfants (ou c’est peut-être plutôt que j’essaie de ne pas leur cacher ces choses). Parfois, ils me disent : « On peut arrêter de parler de ça? » et je sais alors qu’ils sont dépassés ou qu’ils s’ennuient. Dans tous les cas, je respecte toujours ces demandes et j’attends le prochain moment où ils seront prêts à poursuivre la conversation. »
Il peut être utile de terminer la conversation sur une note calme et positive, en se concentrant par exemple sur ce que vous faites ensemble pour aider la planète.
Pour rappel : Nous savons comment résoudre les problèmes liés aux changements climatiques. Ce dont nous avons besoin, c’est que nos dirigeant.e.s politiques fixent des objectifs ambitieux et mettent en œuvre des plans bien financés pour réduire nos émissions.
Sortez dans la nature
C’est particulièrement crucial pour les jeunes enfants, mais c’est important pour les jeunes (et les gens en général) de tout âge. Selon une étude en 2017 de l’Université de la Colombie-Britannique, les enfants qui passent du temps dans la nature sont plus susceptibles de vouloir la protéger plus tard dans la vie. En prime, il a été démontré que le temps passé dans la nature améliore les capacités cognitives et la durée d’attention des enfants tout en réduisant leur niveau de stress.
Essayez de vivre des expériences positives dans la nature. Cela ne nécessite pas de faire de grands voyages. Vous pouvez commencer près de chez vous, en explorant la nature environnante. Apprenez le nom des oiseaux, des insectes et des plantes de la région. Cherchez les traces d’animaux dans un parc local. Prenez l’habitude de vous asseoir dans un endroit agréable régulièrement.
N’ayez pas peur du chagrin
Lorsque Monica Figueroa, gaptiviste à la Fondation et étudiante en troisième année à l’université, parlait des changements climatiques avec les adultes de son entourage, elle était frustrée par leur tendance à ignorer les sentiments difficiles et à ne pas se concentrer sur les solutions.
« Ma famille avait tendance à minimiser mes sentiments de désespoir et d’anxiété », se souvient-elle. « Je trouve très dommageable qu’il n’y ait pas d’espace pour être triste et en colère. Si nous ne pouvons pas nous permettre d’accepter l’idée que les choses vont mal, la façon dont nous finissons par faire face à la réalité climatique est de l’ignorer. Il est important de pouvoir éprouver de la tristesse et du chagrin pour tout ce qui a été perdu afin de renforcer la résilience. »
Our Kids Climate, une organisation internationale qui protège les enfants de la crise climatique, soutient cette idée. Dans leur guide destiné à aider les parents à parler du climat aux enfants, elle conseille aux adultes de « résister à la tentation de passer directement du problème aux solutions sans laisser aux jeunes le temps d’y réfléchir. Les jeunes doivent être conscient.e.s qu’elles et ils grandiront dans un monde qui changera avec le climat, et ils et elles ont le droit d’avoir les bons outils – émotionnels, pratiques et éducatifs – pour s’engager pleinement dans leur avenir ».
Résistez à la tentation de passer directement du problème aux solutions sans laisser aux jeunes le temps d’y réfléchir.
Our Kids Climate
Lisez et parlez des solutions
Nous savons ce qui cause les changements climatiques et nous avons les solutions pour les résoudre (ce dont nous avons vraiment besoin, c’est d’une volonté politique). Des millions de personnes développent et perfectionnent des moyens de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Prenez le temps de vous renseigner sur les solutions climatiques et les personnes qui les mettent en œuvre.
Les adultes ne sont pas les seul.e.s à travailler sur des solutions! Comme nous le rappellent les climatologues Katharine Hayhoe et Rosimar Rios-Berrios, « Il y a des enfants qui gagnent des concours scientifiques pour avoir conçu de nouvelles façons d’obtenir de l’énergie à partir du soleil, du vent, des marées et même des algues. Des enfants participent à des grèves pour le climat et poursuivent les gouvernements fédéraux canadien et américain pour défendre leur droit à un avenir. Sur les réseaux sociaux, les jeunes partagent des solutions, comme la réduction des déchets et la plantation d’arbres. Elles et ils s’associent à leurs écoles, leurs villes et leurs organisations locales pour encourager le changement à tous les niveaux. Les voix et les actions des jeunes sont déjà incroyablement efficaces ».
De nombreux enfants s’inspirent des jeunes militant.e.s qui mènent le mouvement pour le climat dans le monde entier, comme Autumn Peltier, Xiuhtexcatl Martinez, Leah Namugerwa et, bien sûr, Greta Thunberg.
Cela dit, même s’il peut être stimulant d’apprendre sur les actions menées par des jeunes, il n’est pas souhaitable que les jeunes aient l’impression que c’est à eux de régler les problèmes que les générations précédentes ont créés. Les spécialistes conseillent de ne pas présenter la situation comme un problème à résoudre par la prochaine génération. Il s’agit plutôt d’un défi que nous devons relever toutes et tous ensemble.
Trouvez l’inspiration, passez à l’action et apprenez ensemble
Montrez aux enfants de votre entourage ce que vous faites pour lutter contre la crise climatique, que ce soit en prenant les transports en commun pour aller au travail, en faisant des achats de seconde main au lieu d’acheter des articles neufs, en participant à des manifestations ou en parlant à votre conseil municipal. N’oubliez pas : nous savons comment résoudre les problèmes liés aux changements climatiques. Ce dont nous avons besoin, c’est que nos dirigeant.e.s politiques fixent des objectifs ambitieux et mettent en œuvre des plans bien financés pour réduire nos émissions afin d’éviter les pires conséquences du réchauffement de la planète.
Réfléchissez à des actions et des activités que vous pouvez réaliser ensemble, comme rejoindre un groupe scientifique communautaire local ou réaliser un audit énergétique de votre maison pour découvrir comment vous pouvez économiser de l’énergie (et de l’argent) chez vous.
Ayez plus de conversations sur le climat
Parlez-vous des changements climatiques avec les adultes de votre entourage? Avec vos ami.e.s, votre famille et vos collègues?
Si la réponse est non et que cette idée vous met mal à l’aise, vous n’êtes pas le ou la seul.e. Selon Talk Climate to Me, les personnes de plus de 30 ans n’ont pas été informées sur les changements climatiques à l’école, et nombre d’entre elles estiment ne pas avoir le langage ou les connaissances nécessaires pour en parler, même à leurs proches.
Ce n’est pas grave. Où que vous soyez, vous pouvez prendre l’habitude de parler des changements climatiques. Plus vous le ferez, plus cela vous semblera naturel. (Cela vaut pour les conversations avec les enfants et les adultes.) Et vous pourriez peut-être inspirer quelqu’un.e d’autre à avoir une conversation sérieuse sur le sujet.
Apprenez à avoir des conversations productives sur le climat
Sachez que la conversation continue
Il ne s’agit pas d’une seule et unique conversation. À mesure que les enfants de votre entourage grandissent et que les changements climatiques évoluent, vous voudrez continuer à en parler, à y réfléchir et à apprendre ensemble.
Nous l’avons dit avant et nous le dirons encore : ce n’est pas facile. Mais cela en vaut absolument la peine. Plus que jamais, les enfants ont besoin de votre soutien, de votre attention et de votre volonté pour faire face aux difficultés ensemble.