Les changements climatiques, enjeu déterminant de notre époque, exigent une action collective et immédiate. À cet égard, la fougue étudiante n’est pas rare sur les campus, tant collégiaux qu’universitaires : on sent souvent chez les étudiant.e.s une volonté de faire bouger les choses. Est-ce votre cas?
Que vos cours se donnent en personne ou en ligne, sur le campus ou à la maison, vous pouvez impulser le changement, incarner vos valeurs et contribuer à bâtir une communauté en joignant (ou en fondant) dans votre établissement postsecondaire un groupe étudiant pour la protection du climat.
Le fonctionnement des associations étudiantes
Contrairement aux équipes vertes au primaire ou au travail, les groupes étudiants au postsecondaire doivent naviguer dans des milieux complexes. En effet, dans les associations de campus, les degrés d’implication varient parmi les membres, qui peuvent réunir le corps enseignant, l’administration et des parties prenantes externes. Les groupes sont souvent autonomes. Ce sont les étudiant.e.s qui mènent la barque et dictent les priorités.
L’incidence des associations étudiantes
Les groupes étudiants sur les campus ont donné d’immenses élans aux mouvements pour les droits sociaux et environnementaux.
1964 : le « Free Speech Movement » (mouvement pour la liberté d’expression) à Berkeley, campus de l’Université de Californie
L’un des plus célèbres mouvements étudiants de l’histoire est né d’une lutte pour la liberté d’expression et l’activisme politique des étudiant.e.s sur le campus de Berkeley. Cette lutte a résonné avec force dans les mouvements plus vastes pour les droits civiques et contre la guerre du Vietnam. Moteur de manifestations étudiantes à l’échelle nationale, elle a joué un rôle central dans l’avancement des droits à la liberté d’expression aux États-Unis, en participant notamment à faire des campus des foyers de transformation politique et sociale.
2010 à aujourd’hui : le mouvement #DivestCanada
Inspirée par le mouvement mondial de désinvestissement des énergies fossiles, la communauté étudiante canadienne a orchestré des campagnes sur les campus du pays pour faire pression sur les universités et les collèges et les inciter à couper les vivres aux entreprises du secteur des combustibles fossiles. Le mouvement #DivestCanada a connu un essor dans les années 2010, sous la houlette d’étudiant.e.s de l’Université de Toronto, de l’Université McGill et de l’Université de la Colombie-Britannique. Ces campagnes ont porté leurs fruits : 12 établissements postsecondaires canadiens se sont engagés à arrêter leurs investissements (source en anglais).
2012 à aujourd’hui : Idle No More
La jeunesse autochtone, la population étudiante et des forces alliées de partout au Canada se sont mobilisées pour militer pour la souveraineté autochtone et la protection de l’environnement. Nombre de groupes étudiants, formés d’Autochtones et d’allié.e.s, ont joué un rôle pivot sur les campus du pays en organisant des manifestations, des ateliers d’éducation populaire et des campagnes de sensibilisation. Idle No More (« Fini l’apathie ») a grossi pour devenir un mouvement national venant remettre en question les politiques gouvernementales nocives, les projets d’extraction de ressources et la dégradation environnementale.
Les avantages d’une association étudiante pour le climat
Peu importe votre établissement postsecondaire, l’adhésion à une association pour le climat comporte de nombreux avantages.
1. Convertir l’écoanxiété en action pour le climat
Pendant que la crise climatique fait les manchettes, les rapports scientifiques s’assombrissent. Pas étonnant que l’avenir terrifie autant d’étudiant.e.s. Leur réaction émotionnelle, couramment appelée « écoanxiété » ou « solastalgie », découle d’une conscience de plus en plus aiguisée des menaces existentielles qui pèsent sur la planète, en proie à une destruction anthropique. Le legs du réchauffement de la Terre peut être lourd à porter, voire paralysant, surtout pour les jeunes.
En 2023, un sondage pancanadien (en anglais seulement) a été mené auprès de plus de 1 000 jeunes pour connaître leurs préoccupations quant à la question climatique. Au total, 56 % des répondant.e.s ont déclaré ressentir peur, tristesse, anxiété et impuissance. De plus, 78 % des jeunes ont révélé que les changements climatiques affectaient leur santé mentale.
Les groupes étudiants pour le climat peuvent s’avérer de puissants antidotes au désespoir. Grâce à l’action collective et au soutien des pairs, ces groupes sur les campus sont à même de transformer l’écoanxiété en activisme porteur, tourné vers les solutions.
Transformez votre peur en action pour le climat
Le monde s’approche d’un point de bascule vers le chaos climatique. Mais il est encore temps de changer de cap. Nos choix d’aujourd’hui détermineront la gravité des conséquences des changements climatiques de demain.
2. Œuvrer à la justice climatique intersectionnelle
Les problèmes environnementaux ne touchent pas tout le monde de la même façon. Une analyse intersectionnelle des changements climatiques montre que leurs effets se cumulent chez certaines communautés, à cause du chevauchement de divers systèmes d’oppression – dynamiques de pouvoir, racisme, colonialisme, sexisme.
L’intersectionnalité est un moyen d’analyser des problématiques pour comprendre comment des caractéristiques comme l’ethnie, la position, l’âge, le genre et l’emplacement géographique se recoupent et interagissent avec les structures de pouvoir pour créer et renforcer ledit pouvoir, les privilèges, les désavantages et la discrimination.
Cam Humphrey, étudiant boursier en justice environnementale à la Yale School of the Environment (2021)
Les associations étudiantes pour le climat sont très bien placées pour promouvoir une approche intersectionnelle, comme elles comptent souvent une pluralité d’étudiant.e.s, qui se distinguent par leurs champs d’études, leurs parcours et leurs vécus. Cette diversité crée une dynamique propice à la collaboration et à l’innovation.
La lutte pour la justice climatique exige plus que des gestes individuels : elle appelle des changements systémiques impossibles sans un mouvement de revendication collectif et intersectionnel. En intégrant un groupe étudiant pour le climat, vous ferez partie d’un tout plus grand, une communauté vouée à s’attaquer aux racines de la crise.
Le racisme environnemental : de quoi s’agit-il et comment peut-on y remédier?
Le racisme environnemental s’observe au Canada et ailleurs dans le monde. Facette de l’injustice environnementale, il se manifeste quand les projets de développement, les politiques ou les pratiques augmentent – volontairement ou non – la pollution ou les risques de santé parmi les communautés autochtones et d’autres populations traditionnellement marginalisées.
3. Bâtir une communauté et nouer des liens durables
En joignant un groupe étudiant, vous avez la chance de rencontrer des pairs avec les mêmes préoccupations que vous, même de tisser des amitiés en dehors de vos habituels cercles universitaires et sociaux. Vous devenez membre d’une communauté où les gens s’entraident, partagent des ressources et collaborent à la réalisation d’un objectif commun. C’est aussi l’occasion de créer des liens avec des organismes environnementaux hors du campus, des activistes, des organisateur.rice.s communautaires, des forces alliées parmi le personnel du campus et les cohortes diplômées.
4. Développer des compétences de leader et d’activiste
Le militantisme climatique nécessite un vaste éventail de compétences : organiser des événements, planifier des campagnes stratégiques, prendre la parole sur les médias sociaux ou devant des foules, etc. Or, un groupe pour le climat peut être une bonne école pour non seulement acquérir ces savoirs essentiels, mais aussi vous préparer à embrasser avec leadership l’écoactivisme ou une carrière connexe. Il s’agit de joindre un mouvement, oui, mais pas seulement. Il s’agit aussi de parfaire ses compétences et de cultiver une passion en vue de créer un changement durable.
5. Laisser un bel héritage à votre campus
En intégrant un groupe étudiant, vous pouvez réclamer des changements qui redessineront l’avenir de votre campus. Quand ses membres s’intéressent à un éventail de questions environnementales, le groupe est mieux placé pour mettre sur pied des initiatives d’envergure afin de relever les défis du campus au chapitre du développement durable. Qui plus est, un collectif étudiant plus autonome est à même de poursuivre des objectifs à long terme qui influenceront les politiques et la culture du campus.
Par divers moyens, du désinvestissement des énergies fossiles à la promotion d’initiatives pour tendre vers le zéro déchet, vous contribuerez à un changement positif durable. Un changement qui profitera aux futures cohortes étudiantes, au corps enseignant, au personnel et aux autres membres de la communauté universitaire sur le campus.
Les jeunes ne tardent pas à agir pour le climat
Après avoir attendu trop longtemps que les adultes prennent les bonnes décisions, beaucoup de jeunes découvrent un antidote à leur désespoir : canaliser leur colère et leur peur vers l’action.
Comment trouver une association étudiante pour le climat?
Chaque établissement postsecondaire est différent. D’un endroit à l’autre, la structure et le fonctionnement des groupes étudiants sont susceptibles de varier. Pour lancer votre recherche en ligne, entrez entre guillemets le nom de votre établissement postsecondaire, accompagné du mot « étudiant » et de l’un de ces mots clés : association, club, groupe, société, équipe ou communauté. Parmi les résultats, vous devriez voir une page Web où sont listés tous les groupes de votre campus.
Bon à savoir! Ce sont parfois les associations étudiantes qui gèrent les pages des groupes; la vôtre a peut-être son propre site Web. En cas de doute, consultez-la.
- Informez-vous sur les groupes existants. La plupart des campus comptent plusieurs groupes à vocation environnementale. Pour découvrir les vôtres, jetez un œil au site Web, aux tableaux d’affichage ou aux médias sociaux de votre association étudiante.
- Cherchez le bureau du développement durable. Certains établissements postsecondaires comptent un bureau voué au développement durable, qui peut servir de pont vers des groupes environnementaux existants. Vous découvrirez peut-être aussi des lacunes dans l’organisation sur le campus.
- Participez aux salons et aux événements des groupes de votre campus. Durant les premières semaines de cours, de nombreux établissements postsecondaires organisent des salons pour présenter leurs clubs. Allez-y pour rencontrer les représentant.e.s de divers groupes étudiants : c’est une belle occasion d’explorer vos options, de poser des questions et de vous abonner à des listes d’envoi.
Comment soutenir une association étudiante pour le climat, mais sans devenir membre?
Votre horaire déborde? C’est trop avec vos cours, vos activités, vos obligations professionnelles ou personnelles? Il se peut que vous vouliez agir sur votre campus pour le climat, mais sans pouvoir vous engager activement en tant que membre.
Eh bien, dans la lutte collective contre les changements climatiques, chaque effort compte. C’est pourquoi les groupes étudiants proposent souvent des options d’implication souples et peu accaparantes.
- Suivez les groupes sur les réseaux sociaux. De nombreux groupes étudiants diffusent sur leurs réseaux sociaux des événements à venir, des pétitions ou des appels à l’action. Abonnez-vous à leurs comptes pour ne rien manquer et trouver des façons de vous impliquer adaptées à votre horaire.
- Participez à des événements et à des ateliers. Pas le temps pour des réunions régulières? Participez à des événements ponctuels pour rester au courant et en action.
- Faites du bénévolat. Offrez de votre temps et mettez à profit vos compétences en vous impliquant dans des projets à court terme et des événements où les coups de main sont les bienvenus.
- Participez aux initiatives de développement durable de votre campus. Soutenez les initiatives écologiques à l’échelle du campus, comme le partage de vélos, un programme de contenants réutilisables ou un projet pilote de covoiturage. Voilà d’excellents moyens de verdir vos activités quotidiennes sur le campus tout en soutenant le travail du club pour le climat.
- Défendez la cause environnementale où que vous soyez. Si vous ne pouvez pas participer aux activités d’un groupe pour le climat, amplifiez son message dans vos cercles sociaux ou universitaires. Parlez des enjeux climatiques à vos proches, à vos camarades de classe et à vos enseignant.e.s. Encouragez-les à s’impliquer. Influencez aussi votre entourage immédiat : vos colocataires, votre famille, vos collègues. Votre club de campus dispose peut-être de ressources à distribuer.
Comment créer une association étudiante pour le climat?
Si votre campus ne compte pas déjà un groupe étudiant pour le climat, créez-en un. C’est une manière gratifiante d’agir pour la protection de l’environnement et d’inspirer un changement sur le campus et dans la communauté.
À noter : Chaque établissement postsecondaire est doté de ses propres règles et lignes directrices pour fonder un club étudiant. Informez-vous sur les directives, exigences et attentes du vôtre.
1. Définissez votre mission et votre vision
D’abord, déterminez ce que vous voulez accomplir. Les changements climatiques, c’est un enjeu large. Circonscrivez votre champ d’action. Fixez-vous des objectifs précis. Quels problèmes pèsent sur votre campus ou votre collectivité?
Objectifs possibles pour le campus :
- Plaider pour le recours aux énergies renouvelables ou des améliorations écoénergétiques.
- Promouvoir l’économie circulaire, tendre vers le zéro déchet ou des programmes et systèmes alimentaires durables.
- Créer un jardin communautaire de plantes indigènes.
- Lancer un défi Transport à l’échelle du campus.
N’oubliez pas : Ne vous épuisez pas, vous et le reste du groupe, en vous fixant des objectifs trop grands trop vite. Commencez petit et allez-y un pas à la fois. À mesure que votre groupe grandira, vos objectifs pourront gagner en ampleur.
2. Cherchez et mobilisez des forces alliées
Avant de soumettre officiellement à l’administration votre proposition ou votre demande d’adhésion au club, cherchez des ressources sur le campus ou des organisations déjà en place qui pourraient vous soutenir dans votre démarche.
Forces alliées potentielles :
- Bureau du développement durable ou initiatives vertes sur le campus. De nombreux établissements postsecondaires comptent un département voué à la durabilité du campus pouvant offrir du soutien, des ressources et, même, du financement.
- Membres du corps enseignant ou professoral. Trouvez des membres du corps enseignant ou professoral qui donnent des cours sur la science de l’environnement, les politiques sur les changements climatiques ou la justice sociale. Sondez leur intérêt à soutenir votre groupe ou à agir à titre de conseiller.ère.s. Leur appui pourrait aider à maximiser votre influence.
- Autres organisations étudiantes. Sur le campus, nouez contact avec d’autres groupes étudiants voués à la justice sociale, aux droits de la personne ou à l’activisme. Le but est de renforcer les efforts déployés, pas de les dupliquer! La formation d’une coalition peut élargir votre portée et accroître vos retombées. Par ailleurs, ces groupes pourront peut-être vous conseiller quant au processus de demande et vous donner une idée de ce à quoi vous attendre.
- Groupes pour le climat d’autres campus. Approchez d’autres groupes étudiants pour le climat dans des établissements postsecondaires voisins. Ils pourront vous éclairer sur les enjeux environnementaux sur lesquels ils se penchent, pointer des lacunes et prodiguer des conseils. Vous trouverez peut-être même un réseau étudiant interétablissements à joindre.
3. Formez votre équipe
Réunissez un petit groupe d’étudiant.e.s dévoué.e.s pour vous aider à former et à piloter le club pour le climat. La plupart du temps, pour que le projet soit viable, on demande l’engagement d’au moins 10 membres.
Tendez des perches : lancez un appel sur les réseaux sociaux; approchez des collègues de classe, des ami.e.s et des pairs qui ont à cœur l’environnement. Tenez ensuite une rencontre informelle ou une séance d’information où les personnes interpellées pourront découvrir votre vision et proposer des idées. Visez la représentativité en mobilisant une diversité de membres (différents niveaux et parcours d’études). Vous gagnez d’ailleurs à inviter les parties intéressées à co-définir la visée ou la mission de votre groupe : si les gens se sentent inclus et investis, ils seront plus susceptibles de rester engagés.
4. Soumettez votre demande ou votre proposition
Pour que votre groupe soit épaulé et reconnu par votre établissement, inscrivez-le en tant qu’organisation étudiante officielle. Vous pourrez ainsi obtenir du financement, réserver des espaces sur le campus et promouvoir vos événements.
Les lignes directrices régissant la demande d’intégration ou de formation d’un groupe étudiant varient d’un établissement à l’autre. Le processus implique généralement de remplir un formulaire ou de présenter une proposition, en fournissant une description écrite et l’énoncé de mission, le nom d’une personne membre du corps enseignant prête à offrir ses conseils ou son soutien, la liste des membres de la direction et des idées d’activités.
5. Planifiez votre premier événement ou campagne
Maintenant que vous avez votre équipe de base et que votre club est officiellement reconnu sur le campus, planifiez votre premier événement ou campagne! Organisez une réunion de démarrage pour présenter le groupe aux nouvelles recrues et faire un remue-méninges collectif. Choisissez un projet non seulement aligné sur les objectifs de votre groupe, mais aussi réalisable avec vos ressources actuelles. Votre premier événement n’a pas besoin d’être grandiose. Commencez par quelque chose de facile à gérer qui contribuera à mettre du vent dans vos voiles, à attirer des membres et à vous faire connaître.
Conseil! Afin de maximiser l’accessibilité du groupe pour les personnes qui étudient surtout en ligne, pensez à rendre vos réunions hybrides et à déléguer des tâches faisables à distance.
6. Célébrez les victoires
Créer un groupe pour le climat florissant exige temps et persévérance, d’où l’importance de célébrer les petites victoires en cours de route pour garder les troupes inspirées et motivées. Votre événement s’est avéré un franc succès? Vous avez gonflé vos rangs? Vous avez convaincu votre école d’adopter une nouvelle politique sur la durabilité? Peu importe ce que c’est, soulignez vos réussites pour poursuivre sur votre lancée. Évaluez régulièrement l’atteinte de vos objectifs et continuez d’élargir votre influence, sur le campus et dans la collectivité.