
Avec les changements climatiques, les tiques gagnent du terrain et suscitent de plus en plus d’inquiétudes. Heureusement, de simples choix d’aménagement paysager — comme la plantation d’espèces indigènes — peuvent à la fois réduire les risques liés aux tiques et soutenir la biodiversité.
Si les tiques vous empêchent de profiter du plein air avec vos ami.e.s et votre famille, vous n’êtes pas seul.e. À mesure que le pays se réchauffe, les populations de tiques s’étendent vers le nord. C’est particulièrement vrai pour les tiques à pattes noires, qui sont porteuses de la maladie de Lyme. Une étude du Centre de collaboration nationale en santé environnementale (CCNSE) affirme que les changements climatiques et le développement urbain favorisent l’expansion de l’habitat des tiques.
L’un des meilleurs moyens de réduire les contacts avec les tiques commencent à la maison, en repensant sa pelouse.
Au Canada, les expert.e.s en santé publique soulignent le rôle de l’aménagement paysager dans la prévention de l’exposition aux tiques. Les conseils traditionnels mettent souvent l’accent sur l’entretien des pelouses et le débroussaillage. Cependant, un nombre croissant de données écologiques – notamment celles de Douglas Tallamy, célèbre entomologiste et figure de proue de la conservation (source en anglais) – indiquent que remplacer les pelouses par des jardins de plantes indigènes peut perturber les interactions entre les tiques et leurs hôtes, réduisant ainsi le risque de maladies transmises par les tiques, tout en favorisant le rétablissement de la biodiversité.
Plus de biodiversité, moins de tiques
Cela peut sembler contre-intuitif, mais plus de nature ne signifie pas nécessairement plus de tiques. En fait, les habitats présentant une plus grande diversité de plantes et d’animaux ont tendance à contenir moins de tiques porteuses de la maladie de Lyme. Cela s’explique par le fait que les environnements simplifiés, comme les pelouses, favorisent les souris à pattes blanches, un hôte clé de la maladie de Lyme au Canada (source en anglais).
Le CCNSE indique que le type d’habitat, la disponibilité des hôtes et la présence de prédateurs sont autant de facteurs qui influencent l’abondance des tiques. Tous ces facteurs sont influencés par la façon dont nous aménageons nos jardins et nos communautés. Dans les environnements plus complexes et naturalisés, les prédateurs comme les renards, les opossums et les oiseaux aident à réguler les populations de tiques en se nourrissant de celles-ci ou des petits rongeurs qui leurs servent d’hôtes.
Le problème des pelouses
Une pelouse traditionnelle est l’un des pires habitats pour la faune – et l’un des meilleurs pour les tiques. L’herbe coupée court crée des « habitats de bordure » où les tiques attendent leurs hôtes. Ces espaces homogènes sont dépourvus de prédateurs, de pollinisateurs et de plantes indigènes qui soutiennent les écosystèmes sains.
En revanche, une cour remplie de fleurs sauvages, d’herbes, d’arbustes et d’arbres indigènes offre nourriture et abri aux oiseaux, aux insectes et aux petits mammifères. Cela contribue à créer le type de biodiversité qui permet de contrôler les populations de tiques.
Renaturaliser les espaces verts
Voici comment la Fondation David Suzuki aide les communautés aux quatre coins du pays à transformer leur pelouse en espace vert accueillant pour la biodiversité :
- La campagne Partage ta pelouse invite la population à réimaginer leur jardin pour en faire un refuge pour les fleurs sauvages, les pollinisateurs et la biodiversité locale. En transformant leur pelouse, les habitant.e.s contribuent ainsi à relever des défis écologiques majeurs, notamment la lutte contre les maladies transmises par les tiques.
- Les patrouilleur.euse.s bénévoles du projet l’Effet Papillon aident à créer des réseaux de jardins de plantes indigènes dans les cours d’école, les parcs et les jardins privés. À ce jour, les bénévoles du projet ont planté plus de 100 000 plantes indigènes dans des jardins partout au Canada.
Cinq gestes simples pour réduire les tiques tout en favorisant la biodiversité

1. Remplacez la pelouse par des plantes indigènes
Plantez des fleurs sauvages locales comme la verge d’or, l’asclépiade, la fraise des bois, la bergamote sauvage ou des fougères indigènes. Évitez l’épine-vinette du Japon, une plante d’aménagement paysager populaire, qui héberge des tiques. Choisissez des plantes qui favorisent les pollinisateurs et la faune locale. Vous avez besoin d’aide pour choisir ce que vous allez planter? Utilisez nos guides de plantation par écorégion.

2. Délaissez les pesticides
Les insecticides contre les tiques ne tuent pas seulement les tiques. Ils nuisent aux oiseaux, aux coléoptères et aux guêpes qui régulent naturellement les populations de ravageurs. Le reboisement et la renaturalisation des espaces verts misent sur des solutions qui travaillent avec la nature, et non contre elle.

3. Diversifiez la végétation et les abris naturels
Plantez des arbres, des arbustes, des plantes couvre-sol, des troncs d’arbres ou des feuilles mortes. Ces éléments favorisent le développement de la faune et de la flore et réduisent les zones de bordure où les tiques se rassemblent.

4. Gardez les allées dégagées
Dégagez les chemins qui traversent les zones les plus sauvages de votre cour. Vous pourrez ainsi profiter de votre jardin tout en réduisant le contact avec les tiques en quête de nourriture.

5. Développez le mouvement dans votre communauté
Les clôtures n’arrêtent pas les tiques. Encouragez vos voisin.e.s, vos écoles locales ou votre ville à rejoindre le mouvement. Avec des règlements municipaux pour la biodiversité, nous contribuons à faire évoluer les politiques municipales vers des solutions orientées sur la nature et l’environnement.
De la peur à l’épanouissement
Le réaménagement de votre jardin n’est pas seulement bon pour les papillons et les abeilles, c’est aussi bon pour la santé publique. Selon le CCNSE, ces interventions sont essentielles à la prévention intégrée des maladies transmises par les tiques. La renaturalisation renforce également la résilience face aux changements climatiques, rétablit l’équilibre écologique et nous reconnecte avec la nature.
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