Le transport est responsable est responsable du quart environ des émissions de gaz à effet de serre au Canada, ce qui en fait la deuxième source, tout juste derrière l’industrie pétrolière et gazière. Aux États-Unis, il constitue la principale source d’émissions et de pollution. Malgré des améliorations constantes depuis 1975 dans les normes de carburant des véhicules de promenade, les émissions canadiennes liées au transport ont grimpé de 42 pour cent entre 1990 et 2005, notamment en raison de la croissance de la population et du parc automobile, ainsi que de l’augmentation massive des ventes de camionnettes, de VUS et de véhicules « multisegment » à des fins personnelles. Il est clair que nous pouvons faire autrement.

Pourtant, après des années de progrès, l’administration américaine entend annuler la réglementation sur l’efficacité énergétique et les émissions des véhicules de promenade établie par le gouvernement précédent, et contrecarre ainsi la tendance mondiale vers des véhicules plus verts. Comme le Canada et plusieurs autres pays ont, de tout temps, suivi les normes américaines en matière de carburant, cette annonce pourrait avoir des effets domino néfastes à l’échelle mondiale.

Il est difficile de comprendre les raisons qui poussent un gouvernement à s’opposer à l’air pur, à l’innovation technologique, au progrès économique et à l’amélioration de la santé de ses citoyens, pour renverser une réglementation efficace que peu de gens contestent, pas même l’industrie. Les seuls secteurs qui pourraient profiter de ce retour en arrière, les pétrolières et les constructeurs automobiles, ne semblent pas avoir été affectés par les normes de plus en plus rigoureuses adoptées au fil des 50 dernières années. En fait, de hauts dirigeants de Ford et de GM ont déclaré soutenir ces normes, tout comme ceux de Toyota, Jaguar et Volvo.

À souligner que la Californie et une douzaine d’États américains entendent néanmoins utiliser leur influence pour maintenir et renforcer les règles, malgré certains signes qui laissent croire que l’Environmental Protection Agency pourrait mettre fin à une dérogation vieille de 50 ans qui permet à la Californie d’établir ses propres normes.

En dépit des décisions américaines, le Canada doit faire ses propres choix. Si nous voulons respecter nos engagements dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat et protéger les citoyens contre la pollution et les perturbations climatiques, il nous faut des politiques et des règles qui rendent tous les véhicules, y compris les camionnettes et les VUS, moins polluants.

La priorité serait évidemment de faire en sorte que les gens délaissent le plus possible les voitures et les camionnettes grâce à des investissements dans les transports en commun et les infrastructures de transport actif comme le vélo ou la marche. Cette avenue contribuerait à réduire la congestion routière liée à la croissance de la population. Mais, nous devons aussi nous assurer que les voitures, camions et autobus qui continueront à rouler sur nos routes soient les moins polluants possible.

En ce sens, le développement et le déploiement de véhicules électriques et hybrides constituent les solutions les plus prometteuses. Les véhicules électriques devraient représenter d’ici 2040 plus de la moitié des ventes de voitures dans le monde, mais cette tendance doit s’accélérer si nous voulons faire face à la crise climatique.

Tout comme les États-Unis ont suivi l’exemple de la Californie, le Canada doit emboîter le pas au Québec. En janvier, la province a adopté la norme véhicules zéro émission, une norme similaire à celle de la Californie, du Connecticut, du Maine, du Maryland, du Massachusetts, du New Jersey, de l’État de New York, de l’Oregon, du Rhode Island et du Vermont. En vertu de ce plan, les constructeurs assujettis devront accumuler des crédits en offrant sur le marché québécois des véhicules zéro émission (VZE) ou des véhicules à faibles émissions (VFE). Selon le gouvernement québécois, le secteur du transport produit 41 pour cent des émissions de gaz à effet de serre. C’est pourquoi il vise, d’ici 2025, à accroître de 10 pour cent les ventes et les locations de véhicules zéro émission ou à faibles émissions.

Le Canada s’est engagé à mettre en œuvre l’objectif mondial d’augmentation des ventes de véhicules électriques de 30 pour cent d’ici 2030 et à se doter d’une stratégie zéro émission, mais aucun objectif n’a été fixé à l’échelle nationale. Les progrès sont lents, freinés en partie par l’opposition des fabricants de voitures. Actuellement, le Canada ne fabrique pas de véhicules électriques à grande échelle.

À l’heure où les grandes économies, notamment la Chine, la Californie et l’Union européenne, exigent des concessionnaires automobiles qu’ils augmentent leur proportion de ventes de voitures et camionnettes zéro ou quasi zéro émission, il est temps que leurs collègues canadiens révisent leur point de vue et se joignent à l’avant-garde de cette révolution. Le statu quo ne fera qu’accroître la vulnérabilité des fabricants canadiens.

L’adoption d’une norme nationale de véhicules zéro émission et l’investissement dans la fabrication de voitures vertes pourraient sauver l’industrie canadienne de l’automobile et aider à contrer la crise climatique.

Au nom de la santé humaine, du climat, de l’économie et de l’innovation, il est temps de passer à la vitesse supérieure, même si les États-Unis décident d’appuyer sur le frein et de faire marche arrière.

 

Traduction : Monique Joly et Michel Lopez