(Photo : Laura Pedebas)

La première grosse étape du voyage est franchie, j’entame à présent mon second pays : les États-Unis.

Quand les villes deviennent des barrières

Moi, je suis européenne, alors les grandes villes américaines m’impressionnent toujours! Que ce soit les autoroutes aériennes toutes de béton bâties qui s’entremêlent, les routes à l’infini bien perpendiculaires, ou encore les hautes tours de bureaux.

Quant au monarque, lui, ce sont ses repères qui disparaissent. L’air est pollué, la nature est presque absente, tot comme l’asclépiade. Ici, sa nouvelle épreuve, c’est de survivre tout simplement. Ne pas se faire frapper par les voitures, trouver un espace pour manger, un lieu de repos… Comme les villes sont de plus en plus étalées, l’épreuve se fait récurrente.

Pour le cycliste, le problème est le même. Venir en ville signifie une attention accrue sur la route, un inconfort, parfois même des coups de klaxon et des injures. Parce que, comme le monarque, le cycliste n’a pas réellement de place en ville. Un cycliste de passage est obligé de s’arrêter et doit trouver lui aussi une place où dormir, où manger. Une épreuve qui peut s’avérer parfois complexe.

Les villes sont devenues des barrières qu’il faut comprendre pour pouvoir passer, des îlots sans nature, un paradis de la voiture.

De la voiture aux villes fantômes

Lorsque la voiture est devenue un objet du quotidien, notre espace urbain s’est transformé pour en accueillir toujours plus. Les rues s’élargissent au détriment des piétons, qui perdent leur légitimité et qui réclament maintenant des infrastructures adaptées. Quant aux cyclistes, n’en parlons même pas! En ville, on devient seulement des obstacles à la vitesse, et on ose se plaindre lorsque l’on se fait frapper par un chauffard trop pressé!

Et si aujourd’hui, sortir de sa voiture était un acte de résistance ?

Ce n’est peut-être pas le cas à Montréal ou à Ottawa. Mais quelque chose m’a frappée aux États-Unis : les villes sont désertes de tout être humain. On voit bien passer quelques fantômes dans la lueur métallique d’une voiture. Mais ce n’est pas pareil. Pas de regard, pas de sourire, pas de bonjour… Le silence n’est rompu que par les corbeaux et le ronronnement constant des moteurs. Cette ambiance donne un air de ville fantôme, où les âmes perdues se déplacent dans une lueur aux odeurs de gaz d’échappement.

L’ambiance est encore plus triste que dans les rues de Montréal lors d’une grise journée de novembre. C’est vous dire!
La vie ne semble pas permise. Et si le cycliste se sens mal, comment pourrait se sentir un papillon de passage dans ces villes sans verdure ?

Et si transformait nos rues à notre image?

Pour commencer à vivre ensemble, il faudrait commencer par être ensemble. Et cela commence par l’espace public. Il est grand temps que l’humain se réapproprie les rues afin de les transformer en lieu de rencontre et d’échange. Qu’elles puissent devenir des espaces où l’on s’arrête aussi, pas seulement des lieux de passages.

Réappropriez vous votre jardin pour en faire un potager ou un jardin fleuri. Invitez les monarques sur votre balcon en y plantant de l’asclépiade et toute autre fleur nectarifère! Mettez le nez dehors en allant au travail à vélo ou à pied demain matin. Participez aux prochains Park(ing) days, un évènement international pour reconvertir l’espace public réservé aux stationnements.

Dites bonjour à vos voisins, tout simplement!