Désert et manque d’eau
Que ce soit pour les monarques ou les humains, la traversée d’un désert est toute une épreuve. La solitude, l’absence de villages, d’eau, d’ombre… Rien n’incite l’humain à y rester. Pourtant, ces paysages continuent de fasciner.
Quant à moi, depuis la descente des montagnes hébergeant les sanctuaires, j’évolue dans l’univers aride du désert de Chihuahua. Sec, magnifique, mais peu accueillant aussi….
Pour y survivre, je me lève aux petites heures afin de profiter de la fraîcheur, mon plus beau luxe en ce lieu. Je transporte chaque jour entre 3 et 6 litres d’eau afin d’être sûre d’en avoir assez pour la journée. Et ma routine quotidienne est bien cadrée pour m’assurer de ne rien oublier. À date, ça fonctionne bien!
Cependant le désert m’a usée. Entre la chaleur, la fatigue et le stress d’être en danger, j’étais souvent sur le qui-vive afin de m’assurer de ne pas faire de faux pas, sait-on jamais. Un faux pas ici est plus facilement fatal qu’ailleurs. Une chaude journée sur une route incertaine, le stress m’a bloqué le dos. Heureusement, le Mexique compte un réseau d’autobus aussi varié qu’accessible ! Alors j’ai dû prendre soin de moi et terminer cette traversée du désert dans le froid glacial d’un autobus (et oui, la climatisation est toujours trop forte !).
Après avoir parcouru ce chemin sans avoir aperçu aucun monarque, je me demande bien comment ces derniers font pour traverser le désert de Chihuahua, jusqu’à Monterrey et la Sierra Madre Orientale.
Chihuahua, un désert riche en biodiversité
Malheureusement connu d’avantage pour des sombres épisodes de violence que pour sa richesse naturelle, le désert du Chihuahua est le plus grand d’Amérique du Nord. Parmi la faune du désert, les papillons monarques vont et viennent à chaque migration. Ainsi, ils participent activement à la pollinisation des cactus de la région. Passage éphémère aux intersaisons pour éviter les fortes chaleurs, le monarque est discret aussi par son vol d’exception.
Afin de préserver un maximum d’énergie, le monarque ne papillonne pas : il vole! Il vole haut d’ailleurs, pour se laisser bercer par les courants. Et quand il descend, ce n’est que pour manger ou dormir. Cependant, il se réfugie toujours sur les hauteurs de arbres, se faisant alors passer pour une branche.
C’est ainsi que les monarques survivent à leur traversée du désert. Discrets, rapides. Sans autobus pour se reposer des journées usantes qu’ils ont pu affronter.
Ensemble, les monarques et moi, nous continuons notre route vers les États-Unis.
Laura Pedebas, Cyclonomade
Professionnelle du tourisme, Laura vibre avant tout pour le vélo et l’écologie. Après 27 000 km de cyclotourisme à travers la planète, elle a créé le site La Cyclonomade afin de partager ses aventures et conseiller ceux qui souhaiteraient se lancer. Une façon de rassembler l’information dispersée sur le web.
En tant que bénévole pour la Fondation David Suzuki, il était naturel de se lancer à la poursuite des monarques à vélo. Un projet pour faire parler des monarques et de la campagne de protection, mais aussi de la biodiversité, afin de créer un guide de voyage à vélo suite à cette aventure.