(Photo : Laura Pedebas)

En descendant les montagnes du centre du Mexique, je n’ai qu’à lever la tête pour admirer les monarques par milliers. Ils volent encore assez bas pour pouvoir les observer. Puis ils se font plus rare. Pour continuer leur route vers le nord, ils devront traverser le désert de Chihuahua. Moi aussi.

Désert et manque d’eau

Que ce soit pour les monarques ou les humains, la traversée d’un désert est toute une épreuve. La solitude, l’absence de villages, d’eau, d’ombre… Rien n’incite l’humain à y rester. Pourtant, ces paysages continuent de fasciner.

Quant à moi, depuis la descente des montagnes hébergeant les sanctuaires, j’évolue dans l’univers aride du désert de Chihuahua. Sec, magnifique, mais peu accueillant aussi….

Pour y survivre, je me lève aux petites heures afin de profiter de la fraîcheur, mon plus beau luxe en ce lieu. Je transporte chaque jour entre 3 et 6 litres d’eau afin d’être sûre d’en avoir assez pour la journée. Et ma routine quotidienne est bien cadrée pour m’assurer de ne rien oublier. À date, ça fonctionne bien!

Cependant le désert m’a usée. Entre la chaleur, la fatigue et le stress d’être en danger, j’étais souvent sur le qui-vive afin de m’assurer de ne pas faire de faux pas, sait-on jamais. Un faux pas ici est plus facilement fatal qu’ailleurs. Une chaude journée sur une route incertaine, le stress m’a bloqué le dos. Heureusement, le Mexique compte un réseau d’autobus aussi varié qu’accessible ! Alors j’ai dû prendre soin de moi et terminer cette traversée du désert dans le froid glacial d’un autobus (et oui, la climatisation est toujours trop forte !).

Après avoir parcouru ce chemin sans avoir aperçu aucun monarque, je me demande bien comment ces derniers font pour traverser le désert de Chihuahua, jusqu’à Monterrey et la Sierra Madre Orientale.

Chihuahua, un désert riche en biodiversité

Malheureusement connu d’avantage pour des sombres épisodes de violence que pour sa richesse naturelle, le désert du Chihuahua est le plus grand d’Amérique du Nord. Parmi la faune du désert, les papillons monarques vont et viennent à chaque migration. Ainsi, ils participent activement à la pollinisation des cactus de la région. Passage éphémère aux intersaisons pour éviter les fortes chaleurs, le monarque est discret aussi par son vol d’exception.

Afin de préserver un maximum d’énergie, le monarque ne papillonne pas : il vole! Il vole haut d’ailleurs, pour se laisser bercer par les courants. Et quand il descend, ce n’est que pour manger ou dormir. Cependant, il se réfugie toujours sur les hauteurs de arbres, se faisant alors passer pour une branche.

C’est ainsi que les monarques survivent à leur traversée du désert. Discrets, rapides. Sans autobus pour se reposer des journées usantes qu’ils ont pu affronter.

Ensemble, les monarques et moi, nous continuons notre route vers les États-Unis.