(Photo : Laura Pedebas)

Partir en voyage à vélo amène le voyageur à se confronter aux éléments, et il faut savoir en tenir compte pour les transformer le plus possible en allié. Quand j’ai commencé à imaginer ce voyage, je l’ai toujours pensé du nord au sud, dans le sens du vent, et à l’automne avec les super papillons. Mais, puisqu’il faut s’adapter, je suis finalement partie en février, avec un aller simple pour Mexico. Le début du voyage a donc rimé avec montagnes aux forts dénivelés et les sanctuaires d’hivernage des papillons monarques…

Une difficile découverte

Trouver les sanctuaires à vélo a été assez compliqué. Peu (ou pas) signalé sur les cartes, on ne trouve sur internet que des informations générales. Lorsque je demandais aux locaux, ceux-ci étaient surtout déconcertés par mon vélo chargé. Ils m’orientaient alors vers les transports touristiques, m’ôtant toute capacité à y aller en autonomie. Une situation qui m’enrageait parfois, surtout lorsque je découvrais que le sanctuaire était en fait sur la route prévue pour le lendemain…

Malgré ces quelques déboires, quelques jours m’ont suffi pour trouver les quatre sanctuaires que je souhaitais visiter : El Rosario, Sierra Chincua, El Capulin et Piedra Herrada, ce qui n’est rien face aux 40 années de recherche de Frederic Urquhart, un biologique canadien qui a consacré sa vie à chercher le site d’hivernage des monarques. Il a été bien surpris lorsque son équipe a trouvé le premier sanctuaire au Mexique. Avant cette découverte, il était impensable d’imaginer d’aussi fragiles insectes parcourir autant de kilomètres pour se réfugier là où plus personne ne pouvait les voir. Et pourtant ! 

Chaque année il en est ainsi. Au mois de septembre, les monarques partent du Canada (ou du nord des États-Unis), et parcourent 4000 km pour rejoindre leurs sanctuaires. La génération suivante met le cap au Nord, et ce sont plus de 3 générations qui s’éparpillent ainsi aux États-Unis et au Canada. Avant que la nouvelle super génération s’élance à nouveau dans son incroyable migration. On dit que les raisons de cette migration sont les températures et l’asclépiade – plante nourricière des chenilles monarques. 

Nos monarques à nous se sont fait repérer grâce à Frederic Urquhart, mais il en existe aussi sur d’autres continents : en Océanie et en Europe notamment. Cependant ils ne migrent pas tous, et il semblerait que les monarques migrateurs sont plus résistants aux maladies. Comme quoi, voyager forge aussi le caractère des papillons !

(Photo : Laura Pedebas)

La visite des sanctuaires d’hivernage

Depuis la découverte du premier sanctuaire, tout a bien changé. Les sites sont aménagés, protégés et ces montagnes isolées accueillent chaque année des millions de touristes venus du monde entier. Attention, les monarques arrivent à la mi-novembre pour repartir début mars. Si vous venez à un autre moment, vous aurez seulement le droit à de belles randonnées en forêt.

Pour aller les voir, le plus simple est de prendre un transport touristique depuis Mexico ou Morelia. Personnellement je vous recommanderais de prendre le vélo. C’est difficile car il faut monter jusqu’à 3000 mètres d’altitude, mais la route est tellement belle qu’il serait dommage de ne pas en profiter ! En chemin depuis Mexico, vous pourrez alors aller visiter la belle Toluca et son jardin Cosmovitrail, l’atypique Valle de Bravo et le sanctuaire Piedra Herrada, les villages ruraux sur la route de Zitacuaro et son sanctuaire El Capulin, pour enfin arriver au petit village d’Angangueo et son accès à El Rosario et Sierra Chincua. De quoi voir voler des papillons lorsque vous fermerez les yeux le soir !

Chaque sanctuaire se ressemble tout en étant différent. Si vous ne deviez en voir qu’un seul, je vous conseille d’aller à El Rosario. Le plus gros, le plus beau, et le mieux aménagé. El Capulin est le plus sauvage. Dans ce sanctuaire, les monarques se méritent après une randonnée plutôt difficile de plus de 6 km. Piedra Herrada est le plus proche de Mexico et plutôt facile d’accès, à quelques pas de Valle de Bravo. Si vous n’avez que peu de temps au départ de Mexico, il sera sûrement celui qui vous épargnera le plus de route. Sierra Chincua est peut-être le plus difficile d’accès car il faut aller à la ville  d’Angangueo pour y accéder, ou bien avoir son propre véhicule.

Un écosystème fragile qu’il faut protéger

Découverte en 1975, classée zone protégée en 2000, puis au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2008, la réserve de la biosphère des monarques est le lieu clé de leur migration. Ainsi, pour protéger les monarques, il faut commencer par protéger leurs sanctuaires.  Un rôle pour lequel le Mexique s’investit depuis plusieurs années 

De nombreux acteurs travaillent pour la préservation du sanctuaire en surveillant les coupes forestières illégales, étudient et protègent la forêt de pins et Oyamels, et mettent en place un développement économique pour que l’humain puisse être aussi gagnant.

Le point d’équilibre idéal n’est pas encore trouvé, cependant plusieurs organismes travaillent fort pour préserver ce lieu unique. Que ce soit la communauté scientifiques, des ONG qui travaillent sur la reforestation, les gérants de la réserve, et les communautés locales qui s’impliquent dans le projet «para que siempre volver».