Bien que l'industrie ait fourni des emplois bien rémunérés au fil des ans, elle évolue rapidement vers une plus grande automatisation, une réduction des coûts et une augmentation des profits et du rendement pour les actionnaires. (Photo : Guilherme Cunha via Unsplash)

Le secteur des combustibles fossiles s’est donné beaucoup de mal pour se présenter comme un champion de l’environnement qui travaille ardemment à réduire les émissions de gaz à effet de serre. On ne peut pas lui faire confiance.

Il a alimenté une crise qui s’accélère rapidement et qui met en péril la santé et la survie des êtres humains et de nombreux autres êtres vivants, tout cela au nom d’énormes profits.

Cela fait des décennies que les dirigeants du secteur induisent sciemment les gens en erreur quant aux conséquences de brûler inutilement leurs produits. Il y a environ 45 ans, les scientifiques du géant pétrolier Exxon avaient prévenu que la consommation excessive de combustibles fossiles entraînerait des perturbations climatiques.

En 1977, James Black, scientifique principal d’Exxon, au comité de gestion de l’entreprise avait déclaré : « Tout d’abord, les scientifiques s’entendent unanimement pour dire que la façon la plus probable dont l’humanité influence le climat mondial est par le rejet de dioxyde de carbone découlant de la combustion de combustibles fossiles ». L’année suivante, il avait renchéri que doubler les émissions de CO2 augmenterait les températures moyennes mondiales de 2 à 3 oC, en précisant alors que « la pensée actuelle soutient que l’homme dispose d’un délai de 5 à 10 ans avant qu’il ne devienne urgent de prendre des décisions difficiles en matière de changements des stratégies énergétiques », ce qui correspond au consensus scientifique aujourd’hui.

Des preuves récentes montrent que les géants pétroliers continuent de recourir à leurs stratagèmes trompeurs et malhonnêtes, souvent avec l’appui de médias et de politicien.ne.s complaisant.e.s.

Exxon n’a rien fait pour contrer la crise imminente à laquelle elle contribuait, mais les dirigeants de l’entreprise ont consacré énormément d’efforts et d’argent à minimiser les données scientifiques et à semer le doute et la confusion dans l’esprit du public. Ils ont même travaillé à miner les accords internationaux sur le climat, comme le Protocole de Kyoto de 1998.

Si les dirigeant.e.s mondiaux avaient agi en se fondant sur des preuves, même en 1988, lorsque James Hansen, scientifique de la NASA, a prévenu les législateurs et législatrices américain.e.s de la crise, nous ne serions probablement pas dans une telle situation. Le Scientific American souligne que « la moitié des émissions de gaz à effet de serre dans notre atmosphère ont été rejetées après 1988 ».

Des preuves récentes montrent que les géants pétroliers continuent de recourir à leurs stratagèmes trompeurs et malhonnêtes, souvent avec l’appui de médias et de politicien.ne.s complaisant.e.s. Une étude japonaise examinée par des pairs, publiée dans la revue scientifique PLOS One, a révélé une hausse de la mention des enjeux liés au climat et des déclarations des entreprises sur la transition vers l’énergie propre dans les rapports annuels au cours des 12 dernières années. Cependant, les actes posés vont dans la direction opposée, incluant des plans d’affaires qui reposent sur l’augmentation de l’exploration, de la mise en valeur et de l’exportation du pétrole et du gaz.

Selon le Guardian, la nouvelle étude « a révélé que les mentions de mots clés liés au climat dans les rapports annuels ont fortement augmenté de 2009 à 2020. Par exemple, l’utilisation du terme « changement climatique » par BP est passée de 22 à 326 mentions. »

Les entreprises affirment également qu’elles réduisent leurs propres émissions, mais il s’agit généralement des émissions liées à leurs activités et non des volumes bien plus importants découlant de l’utilisation de leurs produits comme prévu.

L’objectif déclaré est toujours le même : maximiser le rendement des actionnaires. Cela signifie qu’il faut promouvoir des choses qui permettent de maintenir le statu quo, comme le captage du carbone, l’hydrogène et les biocarburants, plutôt que de faire face au besoin criant de mettre fin à l’utilisation des combustibles fossiles. L’an dernier, l’Agence internationale de l’énergie a déclaré qu’on ne pouvait se permettre de développer de nouveaux combustibles fossiles si le monde devait atteindre ses objectifs de carboneutralité d’ici 2050.

Ces dirigeant.e.s d’entreprise et leurs partisan.e.s politiques et médiatiques savent que le charbon, le pétrole et le gaz rendent déjà la vie misérable pour d’innombrables personnes confrontées, entre autres, à des sécheresses, à des inondations, à des dômes de chaleur, à des feux de forêt, et à des températures de plus en plus inhospitalières, et que si nous continuons sur cette trajectoire, les systèmes de survie de la Terre seront davantage compromis. Ils ne semblent toutefois pas s’en soucier, tant que l’argent continue d’affluer.

Dirigeant.e.s, politicien.ne.s et médias ont également tenté de dépeindre ceux qui tentent de ralentir ou d’arrêter la destruction comme des ennemis des travailleurs et travailleuses.

Dirigeant.e.s, politicien.ne.s et médias ont également tenté de dépeindre ceux qui tentent de ralentir ou d’arrêter la destruction comme des ennemis des travailleurs et travailleuses. Encore une fois, ils mentent. Bien que le secteur ait fourni des emplois bien rémunérés au fil des ans, il évolue rapidement vers une plus grande automatisation, une réduction des coûts et une augmentation des bénéfices et du rendement pour les actionnaires. L’argent prime sur les travailleurs et travailleuses et les collectivités.

Par ailleurs, les organisations environnementales et de la société civile préconisent depuis longtemps une « transition équitable » pour les travailleurs et travailleuses. Il peut s’agir notamment d’un soutien gouvernemental à la formation aux technologies propres et aux énergies renouvelables, de programmes visant à inciter le secteur à payer les travailleurs et travailleuses chargés de nettoyer son héritage désastreux, comme les puits abandonnés et orphelins, et d’efforts pour aider les collectivités à diversifier les occasions économiques et d’emploi.

N’acceptez pas l’écoblanchiment de l’industrie. Nous n’avons pas le temps pour cela. Vingt ans après le début du 21e siècle, il est temps de passer à autre chose.