Bien que le captage et le stockage du carbone n'aient pas vraiment pris leur essor au Canada ou dans le monde, les propositions émanant d'entreprises, de sociétés de pipelines, de consortiums de sables bitumineux et de fabricants de produits chimiques se multiplient.

Bien que le captage et le stockage du carbone n'aient pas vraiment pris leur essor au Canada ou dans le monde, les propositions émanant d'entreprises, de sociétés de pipelines, de consortiums de sables bitumineux et de fabricants de produits chimiques se multiplient. (Photo : ETA+ via Unsplash)

Le réchauffement planétaire s’accélère. Pourtant, nous continuons d’extraire des combustibles fossiles et de détruire les forêts, les milieux humides, les tourbières, les pâturages et les forêts de laminaires qui éliminent, convertissent et stockent le carbone atmosphérique.

Le bien-être humain et la survie à long terme dépendent de la rapidité à laquelle nous changerons de cap, mais à défaut d’avoir commencé à agir plus tôt, nous devons également éliminer les gaz à effet de serre déjà présents dans l’atmosphère. Une solution consiste à faire ce que font les plantes : capturer le dioxyde de carbone et le stocker ou le convertir en autre chose.

La plupart des usines de capture du carbone éliminent les émissions de CO2 générées par les exploitations industrielles. Moins courantes, mais gagnant en popularité les technologies de capture atmosphérique directe éliminent le dioxyde de carbone dans l’air. Dans les deux cas, le CO2 est généralement injecté dans les couches géologiques profondes afin d’être stocké de façon permanente, mais il peut également être combiné à l’hydrogène pour créer des combustibles synthétiques, ou utilisé à d’autres fins. Le CO2 généré par les activités industrielles est souvent injecté dans les puits de pétrole et de gaz pour accroître la production.

Une façon efficace et économique de capturer le carbone à grande échelle consiste à laisser les plantes faire leur travail – en protégeant et en restaurant les espaces verts, en plantant des arbres et en prévenant les feux de forêt. Cependant, la technologie peut aider à réduire le CO2 sur place et à le convertir en d’autres produits. Reste à savoir si elle peut être utilisée à une échelle suffisamment grande pour faire une différence.

Le secteur des combustibles fossiles et d’autres secteurs se sont tournés vers la capture, l’utilisation et le stockage du carbone de manière à poursuivre leurs activités, engrangeant les profits, ainsi que les subventions gouvernementales et les crédits d’impôt.

Les quelques usines existantes de capture et de stockage du carbone ont coûté cher et ne sont pas très efficaces. Dans le cas de l’usine en Saskatchewan, son taux de capture est lamentable et elle utilise le CO2 d’une centrale au charbon pour extraire plus de pétrole, de sorte que les avantages pour le climat sont négligeables. L’Alberta compte deux usines qui ont coûté 1,24 milliard de dollars. Le gouvernement provincial a promis plus de capitaux – et même d’utiliser les fonds de la taxe carbone.

Malgré les prétentions de l’industrie selon lesquelles les usines peuvent capturer plus de 90 pour cent de leurs émissions, le projet Quest de Shell pour capter le carbone d’une usine d’hydrogène fossile ou « bleu » (utilisé pour enrichir le bitume des sables bitumineux) a capturé environ 48 pour cent du CO2 par année et 39 pour cent du total des émissions générées entre 2015 et 2019, selon un rapport de Global Witness.

L’usine a capturé 4,81 millions de tonnes de gaz à effet de serre, y compris de méthane, mais a émis 7,66 millions de tonnes — le tout pour transformer du pétrole qui sera éventuellement brûlé

Le secteur des combustibles fossiles et d’autres secteurs se sont tournés vers la capture, l’utilisation et le stockage du carbone de manière à poursuivre leurs activités, engrangeant les profits, ainsi que les subventions gouvernementales et les crédits d’impôt. Les importantes réductions des émissions liées aux opérations invoquées ne compensent pas l’augmentation des émissions provenant de la consommation des produits finaux par les véhicules et les usines.

Des organismes comme l’Agence internationale de l’énergie disent qu’il faut s’attaquer à la crise climatique. Cela coûte cher et l’injection de quantités massives de CO2 dans le sol, que ce soit pour extraire plus de pétrole ou de gaz, ou pour les stocker, n’est pas exempte de problèmes. Convertir le CO2 en quelque chose d’utile, comme les combustibles, est peut-être une partie de la solution, mais les combustibles doivent être propres.

Même si la capture et le stockage du carbone n’ont pas vraiment pris leur essor au Canada, ou ailleurs dans le monde, les propositions émanant d’entreprises, de sociétés de pipeline, de consortiums d’exploitation des sables bitumineux et de fabricants de produits chimiques abondent.

La plupart d’entre eux injecteraient le CO2 découlant de leurs opérations dans le sous-sol profond, le stockant dans le roc poreux – ce qui nécessiterait une grande quantité de roc poreux. Comme la plupart des approches « hors de la vue, vite oubliée », il pourrait y avoir des conséquences inattendues. Premièrement, des fuites de CO2 pourraient survenir. De plus, même si les gens pensent qu’il n’y a pas de vie dans la roche-mère, des bactéries ont depuis été découvertes à des kilomètres sous terre – y compris des méthanogènes qui convertissent le CO2 en méthane, un gaz à effet de serre de plus courte durée de vie, mais beaucoup plus puissant que le CO2.

Selon l’AIE, les objectifs de réduction des émissions ne peuvent pas être atteints sans le recours à la technologie, estimant que 7,6 gigatonnes de carbone devraient être capturées annuellement à l’échelle mondiale pour atteindre la carboneutralité. Cela représente près de 200 fois les émissions actuellement capturées, explique un article de Narwhal.

Les innovations technologiques sont essentielles pour résoudre la crise, mais les gouvernements ne devraient pas financer des technologies coûteuses, qui prennent du temps et qui souvent n’ont pas encore fait leurs preuves et qui visent davantage à soutenir le secteur des combustibles fossiles qu’à venir à bout des dérèglements climatiques.

Les innovations technologiques sont essentielles pour résoudre la crise, mais les gouvernements ne devraient pas financer des technologies coûteuses, qui prennent du temps et qui souvent n’ont pas encore fait leurs preuves et qui visent davantage à soutenir le secteur des combustibles fossiles qu’à venir à bout des dérèglements climatiques. Nous ne pouvons pas utiliser les technologies actuelles et futures pour justifier de continuer à surcharger l’atmosphère avec du CO2.

Pour atteindre nos objectifs climatiques de 2030 et au-delà, nous devons cesser de consommer des combustibles fossiles et nous tourner vers les solutions facilement accessibles et abordables, comme les énergies renouvelables, l’électrification et l’efficience.

Pour atteindre nos objectifs climatiques de 2030 et au-delà, nous devons cesser de consommer des combustibles fossiles et nous tourner vers les solutions facilement accessibles et abordables, comme les énergies renouvelables, l’électrification et l’efficience. Les technologies qui aident vraiment à assurer la transition nécessaire sont importantes, mais nous devons également veiller à ce que les systèmes naturels demeurent une composante importante de nos efforts pour capturer le carbone.