Des erreurs dans une récente étude sur le réchauffement des océans illustrent la complexité du réchauffement mondial. Les critiques de l’étude ont mené à une meilleure compréhension et à un meilleur encadrement de la méthodologie et de l’analyse (Photo: Yannis Papanastasopoulos via Unsplash)

Des erreurs dans une récente étude sur le réchauffement des océans illustrent la complexité du réchauffement mondial. Elles démontrent également tout ce que les climatosceptiques sont prêts à faire pour nier ou minimiser les preuves des changements climatiques d’origine humaine.

L’étude menée par des chercheurs des États-Unis, de Chine, de France et d’Allemagne concluait que « le réchauffement des océans dépassait les prévisions antérieures » et que le réchauffement mondial pourrait être plus rapide que ce que les chercheurs anticipaient. Le chercheur britannique Nic Lewis, diplômé en mathématiques et en physique, a découvert des anomalies dont il a fait état dans un blogue de sceptiques. Les scientifiques ont reconnu leurs erreurs et soumis un correctif de l’étude, publiée dans la revue Nature.

La controverse illustre le fonctionnement de la démarche scientifique. Les études sont souvent modifiées ou infirmées au fil de l’émergence de nouvelles données ou du constat de contradictions ou d’erreurs.

Ralph Keeling, coauteur de l’étude et professeur de science de la terre à la Scripps Institution of Oceanography en Californie, a déclaré que « la conclusion générale selon laquelle les océans emprisonnent de plus en plus de chaleur rejoint d’autres études et n’est pas inexacte ; la marge d’erreur de l’étude est plus importante que nous ne le pensions au départ ».

Des climatosceptiques se sont servis de cette erreur pour discréditer les tonnes de données probantes sur les changements climatiques d’origine humaine compilées par les scientifiques du monde entier depuis près de 200 ans, des données reconnues par tous les organismes scientifiques crédibles et tous les gouvernements à l’exception de l’administration américaine actuelle.

Les personnes au fait de la science n’ont pas adopté une position aussi dure. Même Lewis, qui affiche un certain scepticisme au sujet des modèles climatiques et des prévisions du taux de réchauffement, a déclaré que la méthodologie de l’étude était « novatrice et certainement digne d’être publiée » et que les erreurs étaient « sérieuses » (mais sûrement accidentelles). » Il a reproché à Nature de ne pas avoir analysé l’étude plus minutieusement et les grands médias d’avoir couvert la nouvelle sans véritable « questionnement ».

Les médias ne maîtrisent pas toujours bien les enjeux liés à la science. Les journalistes ne sont pas toujours au fait de la science et manquent souvent du temps nécessaire à un examen approfondi des enjeux. Communiquer des idées complexes et réduire des études entières à des titres accrocheurs et à de courts articles peut engendrer de la désinformation et une compréhension limitée.

Le manque de culture scientifique est un problème chez les journalistes et dans la société en général. La science est un outil utile, mais elle n’est pas parfaite. Dans le cas de cette étude sur les océans, la méthodologie a été suivie comme il se devait. Les scientifiques ont soulevé des questions, élaboré des hypothèses, mené des recherches et présenté des résultats. Ensuite, un autre expert a relevé des anomalies. Ce processus a mené à des corrections et à une meilleure compréhension de la méthodologie et de ses applications, ainsi que du réchauffement des océans.

Un sain scepticisme est une bonne chose. Les critiques de l’étude sur les océans ont mené à une meilleure compréhension de la méthodologie et de l’analyse. Mais, à quoi nous sert de nier les innombrables preuves scientifiques ou de contester la légitimité de la science ? Faire valoir des opinions personnelles ? Ignorer ce qui nous attend pour maintenir le statu quo ? Continuer comme si de rien n’était ?

Beaucoup de gens ne connaissent pas la définition précise des termes scientifiques, ce qui peut entraîner des malentendus. On entend dire que les changements climatiques d’origine humaine ne sont qu’une « théorie » que nous devrions remettre en question ou réfuter. Or, en science, une théorie est fondée sur une ou plusieurs hypothèses vérifiées. Lorsque la recherche et les expériences confirment que les hypothèses décrivent et prédisent adéquatement des événements de la réalité, on élabore alors une théorie. Ainsi, nous avons la théorie de la gravité et la théorie de l’évolution. Au fur et à mesure que la science, les connaissances et les technologies évoluent, les théories sont parfois soumises à des révisions et sont, à l’occasion, réfutées ou écartées.

Les théories sur le réchauffement climatique sont fondées sur un large éventail de recherches et de connaissances qui portent notamment sur la physique de l’effet de serre, l’étude des courants océaniques, le cycle du carbone, les modèles des vents et les boucles de réaction. Si des incertitudes persistent sur le niveau et les conséquences du réchauffement, il ne fait aucun doute que la planète se réchauffe du fait de l’activité humaine — particulièrement la combustion des carburants fossiles et la détérioration ou la destruction des puits de carbone, notamment les forêts et les terres humides — et que les conséquences sont déjà graves et iront en empirant si nous n’agissons pas.

Nous savons également que nos activités ont déjà provoqué un certain réchauffement inévitable. Nous n’avons donc plus de temps à perdre si nous voulons assurer à nos jeunes et à nos enfants à naître un avenir en santé, voire un avenir tout court.

Un sain scepticisme est une bonne chose. Les critiques de l’étude sur les océans ont mené à une meilleure compréhension de la méthodologie et de l’analyse. Mais, à quoi nous sert de nier les innombrables preuves scientifiques ou de contester la légitimité de la science ? Faire valoir des opinions personnelles ? Ignorer ce qui nous attend pour maintenir le statu quo ? Continuer comme si de rien n’était ?

Autant de comportements qui nous conduisent au désastre.

C’est pourquoi nous devons, tous ensemble, soutenir la science actuelle, afin d’apprendre à vivre dans les limites de notre planète.

 

Traduction : Monique Joly et Michel Lopez