Germe vert poussant entre les barres

L’action constitue le meilleur remède au désespoir (Photo : Faris Mohammed vis Unsplash)

Après des congés des fêtes (qui, dans plusieurs endroits, n’ont pas eu grand-chose d’hivernal), beaucoup commencent 2024 avec un mélange de réticence, d’espoir et d’inquiétude. L’année dernière a été difficile, avec de nombreuses crises qui se sont superposées.

Une saison de feux de forêt ravageurs et de vaste ampleur a mis les changements climatiques à l’avant-scène, tandis que les entreprises de combustibles fossiles et la classe politique en déni climatique ont poursuivi leurs mensonges, l’écoblanchiment et la désinformation. La montée en flèche des coûts du logement, des aliments et de l’énergie a placé même les membres de la classe moyenne dans l’insécurité. Pendant ce temps, les millionnaires n’ont cessé de s’enrichir, et les entreprises pétrolières et gazières ont enregistré des profits records et fait grimper l’inflation. Les guerres, les injustices, la division politique et les conflits ont bouleversé toutes les personnes qui aiment la planète et leurs prochains.

Est-ce que 2023 a été si terrible? La planète est-elle vouée à sa perte?

Absolument pas. Nous avons une foule de belles nouvelles à célébrer.

Lors de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques à Dubaï, les nations ont accepté, pour la première fois, de mener une transition hors des combustibles fossiles. Dans cette même ville, les réparations climatiques sont enfin devenues réalité, par l’entremise d’un fonds international pour les pertes et dommages destiné aux pays les plus touchés et les plus vulnérables.

De surcroît, pour la première fois dans l’histoire, les investissements dans l’énergie solaire se trouvent sur la bonne voie pour dépasser ceux du secteur pétrolier et gazier. L’Agence internationale de l’énergie a d’ailleurs qualifié la croissance des énergies renouvelables comme « inarrêtable ». La déforestation en Amazonie, elle, s’est ralentie. Près de 200 pays ont signé le Traité international de protection de la haute mer, un accord juridiquement contraignant. Et la liste se poursuit. Consultez les victoires environnementales de 2023 dans cet article.

Pourquoi alors ce sentiment sinistre ambiant? Si vous vous leviez un matin, le corps plein d’énergie et de force, mais avec d’étranges palpitations cardiaques, il serait normal de vous concentrer sur votre cœur : il s’agirait du problème nécessitant vos soins. De la même façon, notre désir d’améliorer le monde rive parfois notre attention uniquement sur les aspects négatifs.

Pouvons-nous muer ces préoccupations et ces deuils en actions positives?

Bien sûr! Selon Adam Grant, psychologue organisationnel et auteur, « le meilleur remède à l’impuissance est de se rendre utile ». La nouvelle année sera porteuse d’innombrables occasions de passer à l’action, de rejoindre des mouvements dévoués à la protection de la planète et de construire un monde meilleur, en santé, équitable et même heureux.

Vous pouvez commencer par signer cette pétition pour exiger sans tarder des mesures climatiques ambitieuses. Assurez-vous de choisir l’option « j’aimerais recevoir des nouvelles » afin de rester informé.e des occasions de contribuer au changement.

Le meilleur remède à l’impuissance est de se rendre utile. La nouvelle année sera porteuse d’innombrables occasions de passer à l’action, de rejoindre des mouvements dévoués à la protection de la planète et de construire un monde meilleur, en santé, équitable et même heureux.

Quelles actions climatiques prioriserons-nous en 2024?

La réduction des émissions issues du pétrole et du gaz

Selon un rapport du Commissaire à l’environnement et au développement durable, la difficulté d’atteindre les objectifs climatiques au Canada s’explique majoritairement par les émissions pétrolières et gazières, issues de ce secteur énergétique d’importance et de croissance inégalées au pays.

Le gouvernement fédéral tarde à finaliser la politique promise deux ans plus tôt, pourtant cruciale pour la réduction de ces émissions. Des provinces et membres de la classe politique récalcitrants, ainsi que le lobby pétrolier et gazier, y opposent leur résistance.

Le gouvernement a lancé en décembre 2023 le cadre de travail de cette politique et sollicite les commentaires du public, qu’il recevra jusqu’au 5 février 2024. D’ici sa mise en œuvre, nous poursuivrons notre plaidoyer pour qu’elle inclue une réduction plus rapide des émissions, l’élimination de ses vides juridiques et un contenu plus ambitieux.

Nous œuvrons également à renforcer la règlementation en matière de méthane, afin que le secteur pétrolier et gazier réduise immédiatement ces émissions. Sur une période de vingt ans, le méthane, un puissant gaz à effet de serre, contribue quatre-vingts fois plus au réchauffement climatique que le dioxyde de carbone. La réduction de ses émissions constitue donc une solution climatique de choix, considérant la rapidité de ses résultats.

Un pas vers un avenir renouvelable : 100 % d’électricité propre

Le gouvernement fédéral finalise présentement la rédaction de son projet de règlement pour une électricité plus propre et plus verte.

Nous nous trouvons plus que jamais de réussir une électricité à émission zéro en totalité d’ici 2035. Si nous nous saisissions de cette occasion, nous pourrions :

  • améliorer l’abordabilité générale de l’énergie et créer de centaines de nouveaux emplois;
  • augmenter la sécurité énergétique et la résilience collective;
  • moderniser notre réseau électrique et prendre part à la transition mondiale vers une électricité renouvelable;
  • nous approcher plus que jamais de la réussite de nos cibles climatiques.

Une réponse collective aux crises de l’abordabilité et du climat

Plusieurs solutions climatiques comportement également des avantages pour une vie plus abordable. Notamment : la transition vers l’électricité de source renouvelable. Mais bien sûr, l’énergie la moins chère, c’est celle que l’on n’utilise pas! Tous les paliers de gouvernement devraient également offrir de l’aide aux familles à faible revenu affectées par les coûts de l’énergie : ils pourraient offrir des thermopompes gratuites et des rénovations pour améliorer l’efficacité énergétique. Ils pourraient aussi faciliter l’accès de tous les ménages à l’efficacité énergétique, à des thermopompes et à l’électrification des bâtiments.

Pour s’attaquer aux crises du climat et du coût de la vie, une autre option intéressante reposerait dans l’implémentation d’un impôt sur les bénéfices excédentaires des entreprises pétrolières et gazières. L’industrie des combustibles fossiles a exacerbé la crise de l’abordabilité, et a contribué à une inflation accrue et à des prix abusifs des denrées de première nécessité, sans cesser d’engranger de scandaleux profits. Un rapport du directeur parlementaire du budget a démontré qu’un taux d’imposition de 15 % sur les profits des entreprises pétrolières et gazières génèrerait 4,2 milliards de dollars. Ces recettes pourraient servir à financer des investissements en faveur d’une vie plus abordable, en plus de contribuer à la lutte contre les changements climatiques.

Nous mènerons donc un plaidoyer pour qu’un impôt sur les profits du secteur pétrolier et gazier fasse partie du budget fédéral du printemps 2024.

Mensonges et écoblanchiment de l’industrie pétrolière : des pratiques à dénoncer

Dans les cinquante dernières années, l’industrie pétrolière et gazière a investi des milliards de dollars en campagnes de marketing hypocrites et trompeuses. Ces dernières visent à semer le doute sur la science climatique et à convaincre le public que les combustibles fossiles conserveront leur place dans un futur carboneutre. C’est faux. Ces combustibles représentent la cause principale des changements climatiques. Toute la publicité trompeuse du monde ne saurait modifier cette réalité.

Voilà pourquoi nous exposons les mensonges des grandes entreprises pétrolières. Nous aidons les personnes à démasquer les faussetés et à mettre fin à la désinformation. Faites partie de notre communauté en ligne par courriel ou sur nos réseaux sociaux pour accéder à plus de contenus qui déboulonnent les mythes!

Opposition à l’expansion des infrastructures de gaz naturel et de GNL

Le terme marketing « gaz naturel » vise à brouiller les pistes : la majorité du gaz naturel liquéfié provient de la fracturation hydraulique, à coups de millions de litres d’eau et de produits chimiques toxiques. Son bilan d’émissions est lourd et imposant.

Notre attention dans notre lutte contre le GNL se tournera cette année sur la Colombie-Britannique, particulièrement dans le nord-est, où les entreprises cherchent à augmenter substantiellement la fracturation. Il s’agit de la sixième réserve de combustible fossile dans le monde, et la plus importante bombe carbone au Canada. En 2022, la province du Québec a pris la courageuse décision d’interdire la recherche et la production d’hydrocarbures. Les apprentissages issus de cette campagne guideront notre travail dans le contexte britanno-colombien.

Nous œuvrerons sur plusieurs fronts pour faire valoir que le GNL entrave la transition énergétique : il immobilise l’investissement, et nous tient prisonnier.ère.s des émissions. En cette année de réélections dans la province de l’Ouest, et en pleine crise climatique, nous présenterons les données scientifiques et les faits pour convaincre les gouvernements d’interdire tout futur développement de GNL.

Fin aux subventions et au financement pour les combustibles fossiles

L’argent des contribuables se retrouve entre les mains de l’industrie fossile, ce qui a aggravé la crise climatique et freiné la transition énergétique. Le gouvernement fédéral accorde des milliards de dollars en subventions, allégements fiscaux et financements à des entreprises parmi les plus riches du monde, pourtant destructrices pour le climat.

Le Canada a fait quelques pas vers la fin des subventions et du financement public, d’ailleurs inefficaces, accordés aux projets de combustibles fossiles étrangers. Le gouvernement doit toutefois honorer ses promesses de cesser les subventions aux projets nationaux, notamment concernant la capture et le stockage de carbone et l’hydrogène d’origine fossile (dont le montant s’élevait à 12 milliards de dollars en 2023). Ce faisant, l’argent des contribuables redeviendrait disponible pour l’investissement dans une transition vers des énergies propres.

En prévision du prochain budget fédéral, nous exhortons le ministre de l’Environnement et du Changement climatique à mettre fin à ces subventions et à ce financement.

Unirez-vous votre voix à la nôtre?

Vous aurez plusieurs possibilités de vous engager cette année, à travers divers événements et campagnes.

Les changements climatiques ne pourront se résoudre par une seule action. Cependant, alors que chaque fraction de degré de réchauffement engendre des conséquences désastreuses, tout niveau de réduction des émissions participe à contrer la situation. Chaque geste compte. Ne vous plongez pas dans le découragement en tentant de tout résoudre à la fois. Voici une liste de dix gestes que vous pouvez poser pour contrer les changements climatiques. Commencez par un!