OTTAWA | TERRITOIRE TRADITIONNEL NON CÉDÉ DU PEUPLE ALGONQUIN ANISHNAABEG, le 4 décembre 2023 — Selon la Fondation David Suzuki, le projet de réglementation sur le méthane que le gouvernement fédéral a récemment publié dans le contexte de la COP28 – la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, met la barre très haut pour que les autres pays puissent lutter efficacement contre les émissions de méthane provenant du secteur pétrolier et gazier

Le projet de règlement exige que l’industrie pétrolière et gazière élimine plus de 75 % des émissions de méthane d’ici 2030.

Tom Green, analyste principal des politiques climatiques à la Fondation Suzuki, a déclaré :

« Tout gouvernement qui prend l’urgence climatique au sérieux doit adopter des actions fermes sur la question du méthane, et c’est exactement ce que fait ce projet de règlement. On l’a vu cet été, l’heure des comptes a gravement sonné. Après une saison chaude marquée par des feux de forêt et des sécheresses catastrophiques partout au pays, il est grand temps de mettre en œuvre de nouvelles normes et de responsabiliser les sociétés pétrolières et gazières dans la diminution de leurs émissions. Nous avons besoin de ces réglementations et d’un plafond pour les émissions de ce secteur, et de s’assurer que les entreprises nettoient la pollution qu’elles génèrent.

« L’industrie canadienne rejette une importante quantité de méthane dans l’atmosphère, puissant gaz à effet de serre, entraînant des effets destructeurs. Une réduction de ces émissions s’avère l’une des solutions les plus rapides et abordables pour ralentir les changements climatiques à court terme. La majorité de la technologie requise pour éliminer le méthane existe d’ailleurs déjà.

« On constate aussi de sérieux enjeux de sous-évaluation, comme l’a révélé un récent rapport du commissaire à l’environnement et au développement durable. En effet, au Canada, les émissions de méthane du secteur pétrolier et gazier sont sous-estimées de 25 % à 90 %. Nous sommes très heureux.euses d’apprendre aujourd’hui que le gouvernement fédéral s’est engagé à verser 30 millions de dollars pour la création d’un Centre d’excellence, afin d’améliorer la mesure du méthane et les données sur les émissions, ainsi que de vérifier de manière indépendante les progrès réalisés en matière de réduction des émissions de méthane.

« Pour compléter ces réglementations, il faut mettre fin aux données inexactes communiquées par l’industrie et implanter un financement fédéral destiné à soutenir la mesure et la surveillance précises des émissions de méthane. Le secteur se doit d’être correctement réglementé et les données de l’industrie vérifiées.

« Au fur et à mesure que nous approfondirons les détails, nous mettrons en évidence les domaines dans lesquels les règlements peuvent être renforcés, notamment les risques découlant d’une approche basée sur la performance et le besoin de mettre en œuvre les mesures plus tôt, au lieu d’attendre 2027. »

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Pour plus d’informations :

Charles Bonhomme | Responsable affaires publiques et communications, Fondation David Suzuki
438 883-8348 | cbonhomme@davidsuzuki.org

Contexte

Le méthane, un puissant gaz à effet de serre, contribue au réchauffement climatique à la hauteur de 80 fois plus que le dioxyde de carbone, au cours de ses vingt premières années dans l’atmosphère. Pour ralentir et diminuer l’ampleur du réchauffement climatique, une réduction rapide et drastique des émissions de méthane provenant du pétrole et du gaz s’avère urgente. S’attaquer au méthane constitue d’ailleurs une des rares occasions d’agir rapidement, et en profondeur, sur le secteur pétrolier et gazier. Le nouveau règlement s’inscrit dans l’engagement du gouvernement canadien de réduire d’au moins 75 % des émissions de méthane dans ce secteur d’ici 2030.

En plus d’exacerber la crise climatique, le méthane aggrave la pollution atmosphérique puisqu’il génère des contaminants nocifs comme les oxydes d’azote, la matière particulaire fine (PM2,5) lors de sa combustion, ainsi que l’ozone. Ceux-ci sont associés à l’asthme chez l’enfant, à des maladies pulmonaires et cardiaques, à des accidents vasculaires cérébraux, à de la démence, à des hospitalisations chez la population aînée et à des risques de naissance prématurée et de décès précoce.

Les émissions de méthane répertoriées dans l’inventaire officiel du Canada proviennent de données déclarées par les entreprises. Des études ont cependant démontré leur inexactitude à cause de méthodes désuètes; elles ne mesurent pas les émissions réelles. L’an dernier, le gouvernement et l’industrie se sont d’ailleurs étonnés de la présence d’un nuage de pollution de méthane au-dessus de la frontière entre l’Alberta et la Saskatchewan. Son existence n’avait pu être révélée que grâce à un satellite européen.

En Saskatchewan, les installations de pétrole lourd relâchent 3,9 fois plus de méthane que ce qu’indique l’inventaire officiel. En Colombie-Britannique, selon des études, la pollution de méthane causée par le secteur pétrolier et gazier s’avère 2,5 fois plus élevée que les données rapportées.