Retour sur le panel « Perspectives féministes pour la justice environnementale »

Panel Perspectives féministes

La Fondation David Suzuki a organisé le panel Perspectives féministes pour la justice environnementale, le 28 mars dernier. Dans ce cadre, quatre invitées ont échangé leurs points de vue. (Photo : Ambre Giovanni)

La Fondation David Suzuki (FDS) a organisé le panel Perspectives féministes pour la justice environnementale, le 28 mars dernier, faisant suite à la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars.

Comme l’a souligné la FDS dans son dernier rapport sur la justice environnementale au Québec, « Certaines communautés supportent un fardeau inéquitable et disproportionné de dommages et de risques environnementaux, parce qu’elles sont défavorisées, racisées, autochtones […] Ce qu’on appelle la justice environnementale est la mise en lumière de ces injustices, et un ensemble de mesures pour s’y attaquer. »

Ainsi, les changements climatiques ont des répercussions disproportionnées sur les femmes, qui n’ont pas le même degré de vulnérabilité et d’adaptation face aux risques environnementaux que les hommes.

Dans ce cadre, quatre invitées ont échangé leurs points de vue féministes : Stéphanie Germain d’Éduconnexion, Karine Péloffy de Mères au front – Montréal, Colette Lelièvre d’Amnistie internationale Canada francophone et Amélie Boudot du Conseil des Montréalaises.

Intégrer des réalités plurielles

La justice environnementale est un enjeu de santé publique et d’égalité des genres, qui a une incidence majeure sur les femmes qui sont minorisées. De cette façon, la situation est disproportionnée lorsqu’il s’agit de personnes autochtones, racisées, itinérantes ou ayant un handicap, comme l’a souligné K. Péloffy.

Karine Péloffy

Karine Péloffy (Photo : Fondation David Suzuki)

La justice environnementale est un enjeu de santé publique et d’égalité des genres, qui a une incidence majeure sur les femmes qui sont minorisées […] la situation est disproportionnée lorsqu’il s’agit de personnes autochtones, racisées, itinérantes ou ayant un handicap.

Karine Péloffy

Ainsi, S. Germain a expliqué que les femmes haïtiennes sont considérées comme le pilier de la société. Pourtant, aucune structure ne les protège lorsqu’une catastrophe naturelle sévit. Les répercussions se font alors sur leurs corps, mais aussi sur leurs familles, tant au niveau éducationnel qu’au niveau de la sphère domestique.

Stéphanie Germain

Stéphanie Germain (Photo : Fondation David Suzuki)

Par ailleurs, alors que le cyclone tropical Freddy a récemment ravagé l’Afrique australe, de nombreuses incidences sur la précarité des femmes sont à prévoir. C. Lelièvre a entre autres mentionné des pertes de logements et de revenus, des problèmes liés à la santé reproductive, des difficultés pour les filles à recevoir une éducation, ainsi qu’une augmentation des mariages forcés et précoces.

Colette Lelièvre

Colette Lelièvre (Photo : Fondation David Suzuki)

Sur le plan national cette fois-ci, les peuples autochtones au Canada sont particulièrement touchés par les bouleversements climatiques, qui sont notamment engendrés par l’activité d’extraction des hydrocarbures. Par conséquent, la biodiversité décline, se répercutant sur la sécurité alimentaire dont les femmes ont habituellement la charge. Néanmoins, celles-ci demeurent principalement exclues lorsque des décisions sont prises.

Responsabilités des femmes dans la lutte contre le dérèglement climatique

Puisqu’elles sont socialisées pour être plus empathiques, les femmes se mobilisent plus aisément dans la lutte contre les changements climatiques. « Ce n’est pas une pression mais une obligation car elles le font déjà. Les femmes occupent déjà des postes importants [dans la société], » a affirmé la directrice générale d’Éduconnexion.

Puisqu’elles sont socialisées pour être plus empathiques, les femmes se mobilisent plus aisément dans la lutte contre les changements climatiques. “Ce n’est pas une pression mais une obligation car elles le font déjà. Les femmes occupent déjà des postes importants [dans la société],”

a affirmé la directrice générale d’Éduconnexion.

Cependant, aucun espace ne leur est actuellement dédié, comme l’a souligné A. Boudot. La membre du Conseil des Montréalaises a ajouté qu’il est primordial d’être sensibilisé.e à cette question et de considérer plusieurs perspectives, lorsque de nouveaux transports en commun sont développés, par exemple.

Amélie Boudot

Amélie Boudot (Photo : Fondation David Suzuki)

Les solutions mises de l’avant devraient donc éviter d’être individualisées afin de ne pas répliquer les inégalités sociales, en donnant la priorité au collectif. De cette manière, il serait préférable de penser à des solutions plus ancrées dans le système. Dans ce cadre, C. Lelièvre a ajouté qu’une analyse différenciée selon les sexes et intersectionnelle devrait être de mise.

Enfin, il est important que les femmes aient leur place dans les sphères de pouvoir, bien qu’elles ne doivent pas pour autant attendre d’y être pour agir. Nombre d’entre elles sont d’ailleurs au front, à leur échelle, comme l’ont démontré nos quatre invitées.