gros plan d’une pelle creusant de la terre

Le sol, qui constitue la couche supérieure de la croûte terrestre, est l’endroit où nous cultivons la quasi-totalité de notre nourriture et il est le deuxième lieu de stockage du carbone après l’océan. (Photo : Lisa Fotios via Pexels)

Lors de vos promenades à l’extérieur, alors que vous observez des oiseaux s’envoler ou un écureuil grimper à un arbre, prenez le temps de réfléchir à l’activité qui a lieu sous vos pieds. Une nouvelle étude (en anglais) montre que plus de la moitié de la vie sur la planète se trouve dans le sol – y compris 90 % des champignons, 85 % des plantes et plus de 50 % des bactéries. Une simple cuillère à café de sol sain peut contenir jusqu’à un milliard de bactéries et plus d’un kilomètre de champignons, rapporte Nature (article en anglais).

Cela fait du sol « l’habitat le plus riche en biodiversité sur Terre », selon l’étude publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences (Comptes rendus de l’Académie nationale des sciences). Nous tenons souvent le sol et la biodiversité qu’il abrite pour acquis, mais il est essentiel de le comprendre.

« Les organismes présents dans le sol ont un impact considérable sur l’équilibre de notre planète. Leur biodiversité est importante parce que la vie dans le sol influence les rétroactions aux changements climatiques, la sécurité alimentaire mondiale et même la santé humaine », a déclaré au Guardian le chercheur principal Mark Anthony, écologiste à l’Institut fédéral de recherche sur la forêt, la neige et le paysage en Suisse.

Le sol, qui constitue la couche supérieure de la croûte terrestre, est l’endroit où nous cultivons la quasi-totalité de notre nourriture et il est le deuxième lieu de stockage du carbone après l’océan. Nous devrions approfondir notre compréhension du sol – d’autant plus que la dégradation et la perte de la couche arable sont un problème écologique croissant. Selon les Nations unies, un tiers des sols de la planète ont déjà été altérés, principalement par des pratiques agricoles intensives qui provoquent et accélèrent l’érosion et le ruissellement, l’appauvrissement en nutriments et en matières organiques, et la perturbation des processus et des cycles naturels.

Pour faire face au réchauffement planétaire qui engendre des conditions météorologiques de plus en plus extrêmes et imprévisibles, rendant l’agriculture difficile, nous devons faire la transition vers les énergies renouvelables, utilisées de manière efficace et judicieuse.

Le sol peut aussi être vulnérable à la sécheresse et aux inondations, en particulier là où des pratiques agricoles durables ne sont pas employées. Les sols secs ne sont pas propices à la vie et peuvent être trop durcis pour absorber l’eau, ce qui les rend sujets à l’érosion et à la perte de nutriments lors de pluies soudaines, avec un risque d’inondation en aval à cause du ruissellement.

Pour faire face au réchauffement planétaire qui engendre des conditions météorologiques de plus en plus extrêmes et imprévisibles, rendant l’agriculture difficile, nous devons faire la transition vers les énergies renouvelables, utilisées de manière efficace et judicieuse. Cependant, il existe des moyens immédiats et éprouvés pour protéger et mieux utiliser les sols dont nous avons besoin pour cultiver la nourriture – et ces moyens sont bénéfiques pour le climat.

Les plantes de couverture à croissance rapide comme le trèfle, la luzerne, l’orge, l’avoine, le blé et les légumineuses peuvent prévenir l’érosion, fixer l’azote, reconstituer les nutriments, lutter contre les mauvaises herbes et les ravageurs, ralentir l’évaporation et réduire les températures au niveau du sol.

L’agriculture sans labour – largement acceptée dans le monde entier – est aussi utile, en particulier lorsqu’elle est associée aux cultures de couverture, parce que le labourage de la couche arable pour planter des semences destinées aux monocultures a contribué à la perte et à l’épuisement des sols.

Le film documentaire The Biggest Little Farm illustre (à une échelle relativement petite) comment le travail avec la nature peut maintenir les sols en place et en bonne santé tout en produisant des aliments riches en nutriments et savoureux, même avec des conditions météorologiques de plus en plus irrégulières en Californie.

Comme l’indique le site web de la ferme, « un sol sain se construit du haut vers le bas, ce qui signifie que chaque décision que nous prenons au-dessus du sol a de l’importance. En bref, c’est la raison pour laquelle les méthodes agricoles de régénération écologique qui rétablissent la biodiversité au-dessus et à l’intérieur du sol (cultures de couverture, application de compost, gestion des pâturages, etc.) produisent certains des aliments les plus riches en nutriments et les plus savoureux que seule la nature peut fournir ».

Un sol sain se construit du haut vers le bas, ce qui signifie que chaque décision que nous prenons au-dessus du sol a de l’importance.

D’autres méthodes, telles que l’agroforesterie (intégration d’arbres et d’arbustes à l’agriculture), l’agriculture urbaine et verticale, l’adoption de régimes alimentaires à base de plantes et d’autres encore, peuvent contribuer à maintenir et à enrichir les sols tout en préservant le climat, les systèmes alimentaires, les voies navigables, les terres et les océans.

Nous devons aussi protéger et restaurer les terres naturelles et les sols qui en font partie. Nous ne pouvons pas continuer à paver ou à planter sur les sols des forêts et des zones humides à travers lesquels les réseaux mycéliens et les systèmes racinaires se connectent aux nutriments, aux processus chimiques, aux plantes, aux animaux et les uns aux autres, fournissant des services dont dépendent notre santé et notre vie – production d’oxygène, contrôle des inondations, nourriture, piégeage du carbone, habitat animal, possibilités de loisirs et bien plus encore.

L’étude de la vie dans les sols nous rappelle aussi que, bien que nous ayons développé l’agriculture à grande échelle comme si nous avions une compréhension complète des systèmes naturels, nos connaissances ont été et sont encore insuffisantes. Les chercheur.euse.s indiquent que la marge d’erreur de leur étude est importante et qu’il reste encore beaucoup à apprendre. Pourtant, nous avons traité cette couche essentielle de la Terre, qui est remplie de vie et qui est source de vie, de la même manière que nous traitons le reste de la planète : comme si elle était là pour être exploitée sans crainte des conséquences.

Mais nous en ressentons aujourd’hui les conséquences dévastatrices. L’adoption de meilleures pratiques de conservation, de restauration et d’agriculture serait bénéfique pour les sols, la sécurité alimentaire, le climat et la santé.