Le Rassemblement du Réseau Demain le Québec a eu lieu du 31 mai au 2 juin 2024 à Québec, pour la deuxième année consécutive. Les participant.e.s et intervenant.e.s. se sont rassemblé.e.s en grand nombre afin de tisser des liens, acquérir de nouvelles connaissances et souligner les luttes citoyennes pour la transition socioécologique à travers la province.
Focus sur trois femmes engagées, de Montréal à Alma, en passant par Stoneham-et-Tewkesbury : Delphine Malempré, Clémence Roy-Darisse et Marie-Michèle Doyon.
Delphine Malempré
Delphine Malempré multiplie les gestes à Alma, que ce soit par le biais du jardinage communautaire, ainsi que de la lutte contre le gaspillage alimentaire et les déchets. Son remède contre ses préoccupations environnementales? Sans aucun doute, il s’agit de son implication.
Lorsque je suis dans l’action et que je me mobilise, mon anxiété diminue, car je prends part à la transition socioécologique. Voir la mobilisation et la vivre me donne espoir et s’accorde avec mes valeurs.
Parmi ses multiples chapeaux, Delphine Malempré est présidente du comité d’administration de l’organisme à but non lucratif (OBNL) Les butineurs, qui vise à cueillir, récolter et distribuer des surplus de fruits et de légumes afin d’améliorer la sécurité alimentaire de la communauté. 25 tonnes de plus de 32 variétés de denrées ont été redistribuées aux organismes communautaires l’an dernier! Rien que ça!
De plus, elle accorde une place centrale au jardinage afin de favoriser une alimentation locale. En ce sens, elle gère bénévolement le jardin communautaire de sa municipalité et assure également l’entretien de vergers collectifs. Elle souligne d’ailleurs que ces différentes expériences lui permettent de créer de nouvelles dynamiques en tissant des liens et en sortant de l’individualisme.
En outre, elle a participé à l’élaboration du jardin interculturel situé dans les jardins communautaires du ruisseau rouge à Alma. Initié par le Collectif de femmes immigrantes Saguenay-Lac-Saint-Jean, il s’agit d’un lieu de rassemblement et de partage de connaissances, propice à accueillir de nouvelles personnes. Ce projet s’est développé petit à petit, avec une seule parcelle de terrain au départ et la création d’un groupe Facebook. Puis, de plus en plus de participant.e.s se sont joint.e.s depuis 4 ans, deux employé.e.s y travaillent et les parcelles sont maintenant au nombre de trois.
L’implication de Delphine Malempré dans la lutte environnementale, qui nourrit le vivre-ensemble et le partage, suscite en elle un sentiment de satisfaction profond.
Je suis fière de voir ce que les êtres humains sont capables d’accomplir ensemble pour les autres. Ça me donne espoir. Beaucoup de personnes sont prêtes à s’impliquer, mais il faut leur donner les bonnes circonstances pour le faire.
Clémence Roy-Darisse
Clémence Roy-Darisse est quant à elle comédienne, autrice et metteuse en scène de la relève. Titulaire d’une maîtrise au cours de laquelle elle a étudié l’intégration des écoémotions au théâtre, elle incorpore les questions écologiques dans sa pratique artistique. En ce sens, elle a cofondé l’OBNL Éclore, qui allie les milieux artistique et environnemental.
L’art cultive une autre sorte de sol : nos imaginaires et nos visions du monde. Les mots “culture” et “agriculture” se ressemblent beaucoup.
L’objectif d’Éclore? Placer les arts et la culture au cœur de la transition socioécologique au Québec par le biais d’une communauté racinaire. Il est question d’offrir des événements où les artistes et les militant.e.s environnementaux peuvent se rencontrer dans un contexte festif et régénérateur, sensible et créatif. Au programme : des ateliers, des conférences et des accompagnements personnalisés.
Il s’agit de faire rayonner les artistes qui sont déjà engagé.e.s en leur donnant des opportunités d’être rémunéré.e.s pour leur travail, tout en étant solidaire avec le milieu environnemental, qui a besoin de créer du lien et de se ressourcer.
En outre, Clémence Roy-Darisse est l’autrice de plusieurs créations, qui sont nourries par la notion d’injustice et abordent des enjeux environnementaux. Ainsi, la pièce de théâtre Je viens d’un territoire où l’on met des enfants au monde traite du deuil écologique de la maternité; le huis clos familial La tourtière brûle porte sur notre incapacité à discuter avec des gens qui ont des opinions différentes de la nôtre au sujet de la crise climatique; et le déambulatoire écopoétique Au-delà des ruines questionne le fait de vivre une perte collective touchant au non-humain, à savoir aux arbres qui disparaissent lors de feux de forêt.
« Depuis que j’ai fait entrer l’environnement dans ma carrière artistique, je ressens beaucoup d’espoir. Je dis toujours qu’il est un verbe et non un adjectif. C’est quelque chose que l’on construit par la mobilisation collective, qu’elle soit artistique ou non. L’espoir défait le cynisme, qui est répandu dans la société et dans nos représentations du futur », dit-elle.
Marie-Michèle Doyon
Marie-Michèle Doyon est pour sa part coordinatrice à Action transition et s’implique quotidiennement face à la crise climatique en adoptant des principes de simplicité volontaire et de décroissance au niveau matériel, tels que le fait d’effectuer des emprunts et d’acheter des produits usagés.
Cette manière de faire s’applique aussi à la gestion de son temps, puisqu’elle travaille à temps partiel afin de pouvoir s’investir là où cela fait du sens pour elle : dans le jardinage, la cuisine et l’implication citoyenne, entre autres. En outre, que ce soit sur le plan professionnel ou personnel, les projets qu’elle entreprend et auxquels elle participe s’inscrivent dans la diffusion de connaissances et la création de liens interpersonnels.
Ainsi, Action Transition propose des cercles de lecture portant sur la transition socioécologique, des projections de films, ainsi que des animations éducatives touchant à la biodiversité et à l’alimentation durable. De plus, l’organisme s’assure que les participant.e.s de tous les âges et aux intérêts diversifiés aient l’espace pour apprendre à se connaître.
Il faut se préparer au monde qui s’en vient en faisant preuve de savoir-être : créer une communauté où les gens se rencontrent lors d’activités positives et rassembleuses, parviennent à créer des liens de confiance et apprennent à argumenter de façon constructive lorsqu’il y a des désaccords. Lorsque nous ferons face à des crises, nous serons alors beaucoup mieux outillé.e.s.
De plus, Marie-Michèle Doyon fait partie d’un mouvement citoyen à Stoneham-et-Tewkesbury, qui souhaite la construction d’un four à pain communautaire. Elle nous apprend que ce projet est en quelque sorte l’aboutissement du forum Le Peuplier, qu’elle a cofondé en 2018.
Destiné à la communauté du Québec intéressée par l’autosuffisance et l’écoresponsabilité, il a notamment mené à l’organisation de neuf rencontres de réseautage dans plusieurs villages et réuni des personnes en grand nombre. Ces rendez-vous ont par la suite été répliqués à plus petite échelle géographique et ont donné lieu à quatre ateliers, qui ont permis de nouer des liens et penser à des projets collectifs, dont le four à pain.