Minashkuat : À la rencontre des ambassadeur.rice.s de la forêt boréale

Minashkuat : À la rencontre des ambassadeur.rice.s de la forêt boréale

(Illustration par Caroline Lavergne et mise en page par la Fondation David Suzuki)

Le programme des ambassadeur.rice.s de la forêt boréale de la Fondation David Suzuki a tenu son premier événement le jeudi 5 octobre à la Maison de l’arbre Frédéric-Back à Montréal, au cours duquel des acteur.rice.s des milieux environnemental et de l’éducation se sont rencontré.e.s.

Ce programme, mené par Melissa Mollen Dupuis, offre des opportunités d’apprentissage et de leadership à des jeunes autochtones issu.e.s de plusieurs communautés, qui se mobilisent déjà pour leur territoire. Il vise à leur donner accès à des rencontres formatrices dans la forêt qui guérit, nourrit et éduque, mais aussi la possibilité d’échanger avec d’autres nations.

Trois d’entre-elleux ont formé un panel-discussion autour des enjeux d’éducation, d’environnement et de collaboration entre personnes autochtones et allochtones, accompagné.e.s de l’artiste et autrice Caroline Lavergne, qui a présenté ses œuvres issues de ses visites dans plusieurs communautés.

« Nos forêts et nos rivières ont des droits. À titre d’ambassadeur de la forêt, je peux joindre ma voix à celle d’autres jeunes Autochtones pour la protection du territoire, » témoigne l’un des membres du Programme, Samuel Rainville.

Panel : Caroline Lavergne, Johnny Boivin, Samuel Rainville, Melissa Mollen Dupuis, Shanice Mollen-Picard (Photo : Ambre Giovanni / Fondation David Suzuki)

Shanice Mollen-Picard

Shanice Mollen-Picard est Innue. Elle travaille comme agente en ressources humaines au Conseil des Innu de Ekuanitshit et coordonnatrice pour le projet de protection de la rivière Magpie. Elle a également réalisé le court-métrage Shipu (Rivières) avec l’ambassadrice Uapukun Mestokosho.

Elle a grandi à Québec, mais affirme toutefois que la vie au sein de sa communauté lui convient mieux que d’être en ville. C’est lorsqu’elle se trouve sur le territoire qu’elle prend conscience des réalités qui s’y trouvent et c’est main dans la main qu’elle souhaite que les personnes autochtones et allochtones travaillent ensemble.

« On a tous le même but : protéger le territoire et penser à nos enfants, petits-enfants, et arrière-petits-enfants. C’est aujourd’hui qu’il faut poser des actions ensemble, en avançant ensemble et en se respectant, » affirme-t-elle.

On a tous le même but : protéger le territoire et penser à nos enfants, petits-enfants, et arrière-petits-enfants. C’est aujourd’hui qu’il faut poser des actions ensemble, en avançant ensemble et en se respectant.

Shanice Mollen-Picard

Événement le jeudi 5 octobre à la Maison de l’arbre Frédéric-Back à Montréal (Photo : Ambre Giovanni / Fondation David Suzuki)

Samuel Rainville

Samuel Rainville est quant à lui membre de la communauté de Pessamit. Innu urbain habitant à Tio’tia:ke, il appuie l’autonomie des communautés autochtones et promeut leurs perspectives dans la lutte aux changements climatiques. Selon lui, l’établissement d’un dialogue interculturel et intergénérationnel, ainsi que la valorisation des savoirs des Premiers Peuples constituent les bases d’une véritable justice environnementale.

Dans ce cadre, il a fait partie d’une délégation représentant le Canada à la COP26, à Glasgow. Il est également ambassadeur pour l’organisation Mikana et membre du comité autochtone de la Société du parc Jean-Drapeau. Il occupe actuellement le poste de conseiller principal aux relations avec les Premiers Peuples à l’Université de Montréal.

Nos forêts et nos rivières ont des droits. À titre d’ambassadeur de la forêt, je peux joindre ma voix à celle d’autres jeunes Autochtones pour la protection du territoire.

Samuel Rainville

Ayant vécu la plus grande partie de sa vie en dehors de sa communauté, il a appris à naviguer dans la société québécoise. Bien que sa mère lui ait transmis une éducation intégrant des éléments culturels autochtones, la question du développement identitaire s’est posée à plusieurs reprises et c’est lorsqu’il se rapproche du territoire qu’il se sent à sa place.

Sa motivation? Être à la hauteur de ce que la génération de sa mère a traversé. Il souligne d’ailleurs qu’il ressent plus d’espoir qu’il n’en a jamais eu auparavant : c’est en 2020 qu’il a senti une véritable ouverture de la part des allochtones, à la suite du décès de Joyce Echaquan.

Événement le jeudi 5 octobre à la Maison de l’arbre Frédéric-Back à Montréal (Photo : Ambre Giovanni / Fondation David Suzuki)

Johnny Boivin

De son côté, Johnny Boivin est Innu et Atikamekw. Il travaille comme assistant aux communications et liaison jeunesse au RÉSEAU de la communauté autochtone à Montréal. Depuis 2019, il s’est impliqué avec la jeunesse autochtone en milieu urbain, notamment en tant que membre du conseil jeunesse de Montréal Autochtone, membre de la Chaire Réseau Jeunesse volet Autochtone et son comité aviseur avec l’Université Concordia, ainsi que membre du comité Two-Spirit de Mikana, en plus d’avoir travaillé comme assistant de recherche à l’Université de Montréal pour le projet Two-Spirit Talking Circle.

Artiste multidisciplinaire et poète écrivain, il retrace ses territoires ancestraux à travers ses œuvres. Il a passé la moitié de sa vie en milieu urbain et s’est rendu pour la première fois sur le territoire dans le cadre du Programme des ambassadeur.rice.s de la forêt boréale. Son souhait? Une plus grande ouverture des personnes allochtones au regard des Premiers Peuples.

Événement le jeudi 5 octobre à la Maison de l’arbre Frédéric-Back à Montréal (Photo : Ambre Giovanni / Fondation David Suzuki)

Caroline Lavergne

En tant qu’autrice et artiste autodidacte, Caroline Lavergne est quant à elle reconnue pour son regard sensible et son trait spontané. Elle a traîné sa plume et ses aquarelles des ruelles de Montréal aux quartiers artisans de Tokyo, en passant par les torrents de la rivière Métis et la taïga de la Côte-Nord. Elle est également l’autrice de la bande dessinée Le film de Sarah et l’illustratrice du livre Les saumons de la Mitis, de Christine Beaulieu.

C’est en suivant les ambassadeur.rice.s dans leurs aventures sur le territoire qu’elle est parvenue à mettre de côté la culpabilité qu’elle ressentait en tant qu’allochtone, en discutant spontanément avec des personnes des communautés.

Illustration de Caroline Lavergne à la Maison de l’arbre Frédéric-Back à Montréal (Photo : Ambre Giovanni / Fondation David Suzuki)

Et ensuite? Les prochaines activités du programme seront guidées par les besoins réels des communautés autochtones, tels que la nécessité de prodiguer des soins en milieu éloigné. À suivre…