Journée sans voiture : vers une mobilité durable

À l’occasion de la journée sans voiture ayant eu lieu le 22 septembre dernier, Gideon Forman, analyste des politiques en matière de changement climatique et de transports à la Fondation David Suzuki partage son point de vue quant à l’utilisation de l’automobile et aux alternatives de mobilité durable.

« Les voitures à essence sont néfastes pour la société à bien des égards, que ce soit en raison des émissions qu’elles génèrent, en termes des blessures et d’usure des routes qu’elles provoquent ou bien de l’espace qu’elles occupent, » explique-t-il.

Rappelons que la Ville de Montréal ambitionne de diminuer de 25 % la part des déplacements réalisés individuellement en voiture, de hausser à 15 % celle du vélo, de rendre nulle celle des mort.e.s et blessé.e.s graves sur le réseau routier municipal, ainsi que de réaliser la carboneutralité des transports.

La démotorisation, qui vise à se départir de sa voiture à essence, doit donc être privilégiée, via le recours aux moyens de transport collectifs, actifs et partagés.

Mobilité durable

Les alternatives vertes à la voiture à essence attaquent de front les effets des changements climatiques, étant donné que les moyens de transport classiques sont l’une des sources majeures des émissions de gaz à effets de serre au Québec tout comme au Canada.

De plus, ces options sont profitables à l’économie. Puisque les déplacements actifs sont bénéfiques pour la santé, un montant moindre de dépenses publiques doit alors être déboursé en matière d’hospitalisation et d’assurance médicaments. Au Québec, le transport automobile coûte approximativement aux Québécois.e.s 43 milliards de dollars par an et ces coûts comportent davantage d’argent pour la santé publique, la sécurité routière et les urgences environnementales.

Gideon Forman insiste sur le fait que la privatisation de la mobilité pose problème, même si elle est électrique. En effet, il s’agit d’une façon inefficace de déplacer plusieurs personnes, car elle demande beaucoup d’espace et de ressources matérielles, telles que du métal et du verre.

Les voitures à essence sont néfastes pour la société à bien des égards, que ce soit en raison des émissions qu’elles génèrent, en termes des blessures et d’usure des routes qu’elles provoquent ou bien de l’espace qu’elles occupent.

La meilleure manière de se déplacer est donc d’utiliser les trains et les bus électriques. En outre, leur fabrication, leur construction et leur exploitation génèrent un grand nombre d’emplois. Comme le souligne l’expert dans un article précédent, les données de Statistique Canada montrent que plus de 130 000 employé.e.s à temps plein travaillent dans le secteur des bus.

Sur le plan individuel cette fois, d’importantes économies sont à prévoir. L’utilisation des transports en commun permet aux ménages canadiens d’économiser 10 000 $ par an, selon l’analyste du changement climatique et des politiques de transport.

Pourtant, la transition vers ces alternatives durable est lente. En effet, il explique que la plupart des villes nord-américaines ont à l’origine été bâties pour faciliter la circulation des voitures. Un quart de l’espace de la ville de Toronto est ainsi occupé par des parcs des routes.

Avec des routes larges et de nombreuses autoroutes, elles n’ont pas été conçues pour être adaptées aux piéton.ne.s, aux cyclistes et aux transports en commun, mais pour des individu.e.s qui utilisent des automobiles à essence. Ainsi, la transformation d’une ville qui comporte à la fois des pistes cyclables protégées, des trottoirs larges et des aménagements destinés aux transports publics prend du temps.

Enfin, Gideon Forman se préoccupe des biocarburants, qui continuent généralement à produire du dioxyde de carbone et d’autres substances chimiques, et qui sont fabriquées à partir de produits tels que du maïs. L’utilisation à grande échelle de ce dernier pourrait entraîner une hausse de son coût et le rendre inabordable pour les personnes dont la sécurité alimentaire en dépend.

Le rôle des citoyen.ne.s et des gouvernements

Au quotidien, les citoyen.ne.s peuvent trouver des façons de marcher d’avantage, de faire du vélo et d’utiliser les transports publics. Iels peuvent aussi choisir de ne pas acheter de voitures, mais d’en louer en cas de besoin.

De plus, iels ont la possibilité d’agir politiquement en incitant les gouvernements à soutenir le bon fonctionnement des transports en commun, les modes de déplacements actifs et la construction de voies cyclables protégées. Les subventions à l’achat de vélos sont des outils de mobilité durable efficaces, par exemple.

Par ailleurs, il est primordial que la sphère politique rende les alternatives à la voiture attractives, sécuritaires et faciles d’utilisation. On peut ainsi envisager d’abaisser la vitesse maximale de circulation des voitures en zone urbaine, élargir les trottoirs et construire des pistes cyclables qui soient physiquement séparées du reste de la circulation.

Gideon Forman

Le nombre de personnes qui utilisent les voies cyclables lorsqu’elles sont rendues sécuritaires s’élève à plusieurs milliers. Dans certaines rues de Toronto et aux heures d’affluence, il y a plus de cyclistes que d’automobilistes car des pistes cyclables protégées y sont aménagées.

Gideon Forman

« Le nombre de personnes qui utilisent les voies cyclables lorsqu’elles sont rendues sécuritaires s’élève à plusieurs milliers. Dans certaines rues de Toronto et aux heures d’affluence, il y a plus de cyclistes que d’automobilistes car des pistes cyclables protégées y sont aménagées, » témoigne l’expert de la Fondation David Suzuki.

Il ajoute également qu’il est impératif que les différents paliers de gouvernement financent davantage les transports publics afin de les rendre plus fiables, rapides, accessibles et abordables. À Ottawa par exemple, le Transitway est une autoroute destinée aux transports publics.

« La fiabilité est très importante pour la population. Les personnes veulent être certaines qu’il y aura un bus à leur arrêt quand l’horaire le prévoit. L’un des problèmes liés à la fiabilité des bus est qu’ils sont souvent bloqués dans les embouteillages. Afin d’y remédier, nous devrions construire des voies de passage exclusives et leur donner la priorité de passage. »

La fiabilité est très importante pour la population […] L’un des problèmes liés à la fiabilité des bus est qu’ils sont souvent bloqués dans les embouteillages. Afin d’y remédier, nous devrions construire des voies de passage exclusives et leur donner la priorité de passage.

Il est également important que les transports publics soient accessibles à tous.tes. Cela passe entre autres par une adaptation aux fauteuils roulants, une mise à disposition de toilettes publiques et un éclairage suffisant. À Toronto par exemple, une partie du quai du métro appelée « The Designated Waiting Area » est bien éclairée et dotée d’un téléphone destiné aux appels urgents.

Enfin, il est possible de rendre la conduite plus chère, par le biais d’une taxe de stationnement, comme à New York aux États-Unis ou d’une taxe de congestion, comme à Londres en Angleterre. L’application de cette dernière rend entre autres la qualité de l’air meilleure, l’espace public plus sécuritaire et la circulation des véhicules prioritaires, tels que les ambulances et les camions de pompiers, plus aisée.