groupe de personnes qui parlent

Le mouvement en faveur du climat a beaucoup à apprendre de la psychologie sociale, qui montre que lorsque les gens ont le sentiment d’être entendus, compris et acceptés, on peut plus facilement résoudre des problèmes et être créatifs, flexibles et capables de s’adapter, autant de qualités nécessaires dans la lutte contre les changements climatiques. (Photo : Julia M Cameron via Pexels)

Il suffit de regarder Twitter ou Facebook pour constater que partout sur la planète, la polarisation des sociétés a atteint des niveaux inquiétants.

Nous étions déjà plongés dans un monde d’incertitudes, d’injustices, d’inégalités et d’instabilité même avant le début de la pandémie de COVID-19, qui n’a fait que jeter de l’huile sur le feu. Bien des gens sont à bout. Leur santé physique et mentale est fragilisée et leurs relations sont mises à rude épreuve.

On voit aujourd’hui apparaître des fractures qui ne se limitent pas aux oppositions traditionnelles que sont la gauche et la droite ou le progressisme et le conservatisme. Beaucoup d’entre nous ont vu émerger des conflits personnels avec des gens avec qui nous croyions partager les mêmes idées, parfois des ami.e.s proches et des membres de la famille. Cela peut être bouleversant.

 

« Nous avons désespérément besoin d’être en relation, mais bon nombre de nos interactions quotidiennes sont maintenant numériques et déshumanisées, et des algorithmes nous entraînent vers des extrêmes polarisés. Au lieu de nous asseoir autour d’une table pour tenter de régler nos différends, nous nous battons, nous supprimons des gens de nos listes d’amis et nous nous bloquons les un.e.s les autres. »

~ Sonia Theroux

 

Au sein de la mouvance progressiste, il y a beaucoup de diversité et de courants de pensée et beaucoup d’esprit critique, donc beaucoup de désaccords. Mais il y a une différence entre désaccord et division. La division surgit quand les désaccords nous empêchent de jeter les bases de l’unité dont nous avons besoin.

 

Pour opérer un changement transformateur, il faut une mobilisation de masse

Malgré toutes les divisions, nous nous entendons généralement pour dire, au sein du mouvement climatique, que pour opérer un changement transformateur, nous devrons élargir notre base, nous diversifier et mobiliser la majorité, c’est-à-dire les personnes qui se préoccupent du climat, mais qui n’agissent pas.

Lutter contre les changements climatiques exigera une collaboration, une coordination et une vision commune sans précédent, car tous les secteurs et tous les aspects de la société et de nos vies risquent d’être chamboulés.

Pour mobiliser un grand nombre de personnes, nous devons faire preuve d’ouverture et de tolérance et aller à la rencontre des gens, peu importe à quelle enseigne ils logent. Si nous écartons les personnes qui n’ont pas la « pureté » éthique ou morale que nous croyons avoir, si nous méprisons tous ceux et celles qui mangent du bacon au déjeuner ou qui prennent l’avion pour se rendre au mariage d’un.e proche, nous excluons la majeure partie des membres de la « majorité », ceux-là mêmes que nous essayons de mobiliser.

 

Juger et rejeter ferme des portes

Les membres de la mouvance environnementale, moi y compris, peuvent sembler méprisant.e.s et avoir le jugement rapide. Nous abordons parfois les désaccords en faisant preuve de mépris plutôt que d’empathie et de curiosité.

Comment pouvons-nous espérer élargir notre base si nous sommes intolérant.e.s envers les personnes qui ne partagent pas la totalité de nos opinions, de nos convictions, de nos comportements et de nos points de vue? Pourquoi les gens se joindraient-ils à notre cause si nous les confrontons et les jugeons?

 

« Nous avons l’occasion de remettre en question notre tendance à créer des organisations qui ressemblent davantage à des clubs exclusifs pour les gens « déjà conscientisés » qu’à des espaces accueillants qui prônent l’éducation et la transformation politiques et au sein desquels les gens se sentent profondément valorisés et utiles. »

~ Emma Jackson

Nous devons nous efforcer de nous comprendre les un.e.s les autres plutôt que de chercher à avoir « raison » coûte que coûte, même lorsque nous sommes convaincu.e.s que nos points de vue sont les bons. Nous devons aussi être disposé.e.s à voir les choses sous différents angles, à apprendre que plusieurs vérités peuvent coexister et à admettre que nous avons parfois tort ou qu’une autre idée pourrait fonctionner.

Une illustration représentant la vérité sous différents angles peut être vraie

 

L’écoute empathique et sans jugement nous aidera à grandir

De la même manière que la diversité renforce n’importe quel système, un mouvement fort devrait voir la diversité des pensées et des opinions comme une force, même sur des sujets controversés tels que la vaccination ou l’énergie nucléaire. Si nous voulons faire grandir le mouvement et atteindre nos objectifs communs, nous devrons travailler sur les aspects sur lesquels nous ne sommes pas d’accord en tenant des discours et des débats significatifs et empreints de compassion.

 

« Notre objectif ne devrait pas être de changer les gens, mais plutôt d’aider à mettre en place les conditions qui favorisent et facilitent le changement. Lorsque les gens ont le sentiment d’être entendus, écoutés et appuyés, et non pas d’être jugés, montrés du doigt ou blâmés, on peut beaucoup plus facilement résoudre des problèmes et être créatifs, flexibles et capables de s’adapter, autant de qualités qui sont nécessaires dans la lutte contre les changements climatiques.»

~ Renee Lertzman

Il n’est pas facile d’être patient.e, compréhensif.ve et ouvert.e d’esprit quand on est épuisé.e et fatigué.e et quand un sujet nous passionne et qu’on croit qu’une injustice fondamentale est en train de se produire. Cependant, si on veut renforcer le mouvement en faveur du climat en cette période où les divisions règnent, il est important de le faire.

« La clé d’un dialogue politique persuasif consiste à instaurer un espace sûr favorable à la diversité des opinions en faisant preuve de compassion, en adoptant une écoute active et en laissant les gens raconter leurs histoires personnelles. »

~ Karin Tamerius and David Campt

 

Combattre l’injustice et éviter l’aliénation

Bien sûr, il y a des limites. Nous ne pouvons pas tolérer la haine, le racisme ou la misogynie ni accepter la violence ou la destruction délibérée, mais nous pouvons défendre farouchement la justice et lutter pour un monde plus équitable, plus sain et plus sûr sur le plan climatique sans pour autant culpabiliser, blâmer ou couvrir de honte les gens que nous voulons mobiliser.

Bien que nous soyons réticent.e.s à l’admettre, nous avons notre propre dissonance cognitive à surmonter, car le capitalisme, le colonialisme, le patriarcat et le racisme coulent dans nos veines. Il peut être difficile de prôner la « noble défense de la justice » sans tomber dans une « intolérance aux allures de supériorité morale ». Pour vous guider dans cette démarche, je me tourne vers les sages paroles d’un moine bouddhiste vénéré, poète et militant pour la paix :

 

« Dites la vérité sans chercher à punir les gens. » ~ Thích Nhất Hạnh

 

Trouver un terrain d’entente grâce à des échanges constructifs

Comment pouvons-nous avoir de meilleures conversations, surtout lorsque les enjeux sont si importants? Selon les expert.e.s, il faut écouter avec empathie, poser des questions et chercher des valeurs communes, même lorsque nous sommes en désaccord sur certains points.

En 2019, nous avons conçu l’agent conversationnel ClimAmi pour aider les gens à apprendre à écouter, à cultiver l’empathie et à tisser des liens. CliMate repose sur les travaux de Karin Tamerius, de Smart Politics, et met à profit l’expertise en matière de psychologie sociale et politique pour aider les gens à avoir des discussions moins polarisées au sujet des changements climatiques. Il peut aussi être utile pour n’importe quel sujet conflictuel.

Découvrez comment trouver un terrain d’entente au cœur de conversations difficiles en utilisant l’agent conversationnel ClimAmi et en consultant cette page Web de ressources utiles.

 

Les relations à l’avant-plan

 

« Reconnaître qu’en ce moment, nos collectivités ont grandement besoin de relations, d’espoir, de guérison, de restauration et de réconciliation peut être la pierre angulaire de l’organisation communautaire et nous permettre du même souffle de renforcer le mouvement et le pouvoir politique. »

~ Sonia Theroux

En ces temps de grande polarisation, il faut faire preuve d’humilité et de compassion pour aller véritablement à la rencontre des gens, peu importe leurs idéologies, pour favoriser les relations et la confiance en écoutant et en partageant des histoires et ainsi instaurer une vision commune.

 

« Ce que mon peuple nous demande, c’est de devenir suffisamment humbles pour retomber les pieds sur terre et écouter différemment. D’écouter nos ancêtres. D’écouter le monde qui nous entoure et que nous avons anesthésié. »

~ Bayo Akomolafe

 

Nous pouvons apprendre à rester ouverts d’esprit et à valoriser la diversité des opinions. Et par-dessus tout, nous pouvons apprendre à nous écouter les un.e.s les autres et à écouter nos aîné.e.s, nos ancêtres et la planète.

Si nous voulons opérer un changement social transformateur, nous devons le faire.