Écoféminismes : de quoi les femmes se mêlent-elles?

Le collectif Mères au front

Le collectif Mères au front regroupe des femmes à travers la province dans leur volonté de protéger l’environnement, leurs enfants, et à travers eux, les générations futures. (Photo : Mathieu B. Morin )

Il est grand temps de reconnaître les liens forts qui unissent les mouvements féministes et écologistes, dont la rencontre est fondamentale pour une transition écologique juste et porteuse de sens. Vous me demanderez, qu’ont-ils à se dire, ces mouvements? Bienvenue dans le monde merveilleux de l’écoféminisme.

De la préservation de la Terre-Mère à un mouvement de libération économique et politique des femmes

En partant, il n’y a pas une définition unique de l’écoféminisme. Il est même plus juste de parler d’écoféminismes au pluriel. Certaines branches prennent racine dans une spiritualité associant la féminité à la nature, notamment les philosophies autochtones, « dont les enseignements nous rappellent que nous ne sommes pas distinct.e.s du monde naturel et que nous sommes lié.e.s les un.e.s aux autres — toutes les entités humaines et non humaines », selon les mots d’Ellen Gabriel, militante des droits des Autochtones et de la protection de l’environnement. Celle-ci ajoute que « porteuses de vie, gardiennes du savoir et décideuses, les femmes autochtones connaissent l’importance de cette approche holistique pour cultiver notre lien avec la nature (notre Terre-Mère), l’importance de l’eau et l’importance des cérémonies ».

Ce courant rejoint aussi une branche plus politique de l’écoféminisme, qui avance que les oppressions exercées sur le corps des femmes et la destruction de la Terre sont les manifestations d’un même système patriarcal et colonial, qui s’est développé sur des schèmes de pensées dualistes : l’homme versus la femme, la culture versus la nature – les premiers étant supérieurs aux secondes qui sont donc naturellement exploitables.

Nos droits fondamentaux menacés par les crises environnementales

Au-delà des considérations théoriques, les conséquences des bouleversements environnementaux sur les droits des femmes sont bien réelles : 80 % des personnes déplacées à cause des changements climatiques dans le monde sont des femmes, à cause des oppressions subies qui les rendent plus vulnérables. Des recherches montrent également que les événements extrêmes sont souvent accompagnés d’un accroissement de la violence envers les femmes. En bref, les femmes font partie des publics vulnérables aux bouleversements environnementaux. Et plusieurs ont décidé de s’en mêler.

Quoi de mieux que de donner une voix au collectif Mères au front, qui regroupe des femmes à travers la province et le pays, dans leur volonté de protéger l’environnement, leurs enfants, et à travers eux, les générations futures?

80 % des personnes déplacées à cause des changements climatiques dans le monde sont des femmes, à cause des oppressions subies qui les rendent plus vulnérables. Des recherches montrent également que les événements extrêmes sont souvent accompagnés d’un accroissement de la violence envers les femmes.

La parole à France Duquette de Mères au front

Le mouvement Mères au front, c’est d’abord et avant tout un désir profond de se regrouper autour d’un objectif commun : faire tout ce qui est possible pour offrir à nos enfants un avenir durable. C’est grâce à la force du nombre et à des sentiments partagés que ces femmes osent dire : « Ça suffit! Il faut faire quelque chose! ». Sans essentialiser les femmes au rôle de mère, ni leur donner l’unique responsabilité de protéger la vie sur Terre, nous canalisons l’amour que nous avons toutes et tous pour nos enfants, pour un avenir meilleur.

Lorsqu’on leur demande pourquoi elles ont rejoint le collectif, plusieurs avouent que depuis qu’elles ont des enfants, elles souffrent d’écoanxiété. Plusieurs racontent qu’elles se sentaient bien seules avec leurs inquiétudes avant de rencontrer des personnes du mouvement Mères au front. Être dans l’action, échanger, et même rire, ça permet de garder espoir.

Avec Mères au front, j’ai découvert une communauté de femmes inspirantes qui partagent mes valeurs et mes préoccupations environnementales. À coup d’amour, de bienveillance, de lucidité, je vois le mouvement devenir un moteur de changement dans ma communauté.

Mère au front anonyme

Ces mères aux horaires chargés viennent de tous les horizons, de tous les âges, de toutes les régions. Beaucoup d’entre elles n’avaient jamais milité ni même imaginé être capables de s’asseoir face à face avec leur député.e et de discuter de sujets aussi complexes que la crise climatique ou la perte de biodiversité. En recentrant les messages autour des enfants et de leur futur, ces femmes se sont senties autorisées à prendre la parole et les élu.e.s se sont mis.es à les écouter.

Mères au front, ça va beaucoup plus loin qu’acheter des pailles réutilisables. Ça s’adresse au niveau politique.

Jennifer Grégoire, Val d’Or

Interpeller tous les paliers de gouvernements et exiger d’eux des actions concrètes et immédiates pour répondre à la crise climatique est le cœur du mouvement. Les mères ont un rôle à jouer et réalisent de plus en plus qu’elles sont non seulement capables d’agir, mais que leurs actions font une différence au niveau national, mais surtout dans leur milieu; que ce soit un boisé à sauver ou une loi climat à adopter.

Le mouvement demande aux dirigeant.e.s d’avoir le courage et la volonté d’agir pendant qu’il est encore temps. Ce courage, c’est aussi envers elles-mêmes qu’elles l’exigent; celui de ne pas baisser les bras, ces mêmes bras qui brandissent et bercent tout à la fois.

(…) peu importe ce qui arrivera, je pourrai dire à mes enfants que j’aurai fait tout mon possible pour changer les choses.

Marie-Josée Racine, Maria

Cliquez ici pour en savoir plus sur les Mères au Front ou rejoindre un des groupes locaux à travers le Québec! 

À ajouter à votre agenda :

Le 22 mars, le Réseau Demain le Québec organise un webinaire intitulé « Qu’ont en commun les luttes féministes, décoloniales et environnementales? » en présence de Maude Prud’homme et Viviane Michel, deux militantes écologistes et féministes.

Joignez-vous en grand nombre en vous inscrivant dès maintenant!

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