Parfois il y a trop d’eau et parfois pas assez. Un grand défi du changement climatique est l’inégalité des conséquences entre les régions (plus chaud, plus froid; plus humide, plus sec); rien n’est prévisible et tout est souvent plus extrême.
Prenons, par exemple, les manchettes de la fin de l’été. Le Pakistan « fait face à une “mousson sur les stéroïdes” alors que de plus en plus d’alertes d’inondations sont émises ». En Espagne, « des monuments historiques refont surface alors que la sécheresse sévère fait rapetisser les réservoirs d’eau ». La fonte des glaces au Groenland « fera monter le niveau de la mer de près d’un pied ». À Jackson, au Mississippi, « le réseau d’eau ne suffit pas, la ville se retrouvera bientôt sans ou presque sans eau potable pendant une période indéterminée ». Également aux États-Unis, « pendant que la rivière Colorado s’assèche, les États-Unis sont sur le point de faire face à une crise de l’eau plus grave ».
Dans la ville pluvieuse de Vancouver, où je vis, les précipitations globales sont prévues d’augmenter en petite quantité, mais de la pluie plus abondante est prévue pendant des périodes plus courtes, surtout au cours de l’automne et de l’hiver.
La rareté de l’eau et la contamination sont des problèmes imminents. Pendant que les glaciers fondent sur une planète en réchauffement, de moins en moins d’eau se rend aux rivières, lacs et réservoirs. Plusieurs régions subissent des pluies torrentielles à la suite d’une sécheresse prolongée, causant ainsi des problèmes de ruissellement, de récolte et de destruction des arbres.
Cette planète a créé des cycles complexes et interreliés qui ont rendu possible l’existence des humains et des autres formes de vie – parmi eux les cycles du carbone, hydrologique (l’eau), de l’azote et de l’oxygène. Brûler le charbon, le pétrole et le gaz – et perturber ou détruire les puits de carbone naturels comme les forêts et les milieux humides – a affecté le cycle du carbone, réchauffé le climat et changé la circulation de l’eau à travers la planète.
Les conséquences sont visibles partout : des barrages renouvelés alors que les niveaux des rivières et des réservoirs baissent, des pays complets submergés par la montée des eaux de crue, des villes sans eau, des récoltes et du bétail disparus…
Brûler le charbon, le pétrole et le gaz – et perturber ou détruire les puits de carbone naturels comme les forêts et les milieux humides – a affecté le cycle du carbone, réchauffé le climat et changé la circulation de l’eau à travers la planète.
Cependant, plusieurs personnes continuent de tenir l’eau pour acquis, surtout aux États-Unis et au Canada. Et beaucoup de gouvernements permettent à des entreprises multinationales de la puiser, de l’embouteiller et de nous la vendre comme eau potable ou boissons sucrées. En raison du développement massif – urbain, agricole et industriel – les gens ont créé des conditions propices aux ruissellements, aux inondations et au gaspillage d’eau. L’agriculture, l’énergie hydroélectrique, nucléaire et pétrolière, les activités comme l’hydrofracturation pour trouver du gaz, et la production de biens matériels utilisent toutes une énorme quantité d’eau.
Bien sûr, nous avons plusieurs solutions. Nous pouvons construire de plus grands murs de protections ou démarrer le processus de « relocalisation planifiée » le long des côtes. Nous pouvons mettre en place des mesures contre les inondations en utilisant des méthodes naturelles pour capturer, diriger, emmagasiner et purger l’eau. Nous pouvons concevoir des récoltes résistantes aux inondations. Nous pouvons changer nos méthodes agricoles pour des solutions qui retiennent mieux l’eau et le sol ensemble. Nous pouvons repenser la plomberie pour cesser de gaspiller l’eau potable et recycler les éléments nutritifs précieux présents dans l’urine comme l’azote.
Nous devons faire toutes ces solutions. Mais avant de nous attaquer aux causes profondes de tous ces changements interreliés et parfois complexes, nous les verrons devenir de plus en plus fréquents et graves.
Nous devons absolument augmenter nos efforts pour ralentir et arrêter la crise climatique, qui apporte beaucoup de tragédies interreliées, de l’extinction des espèces aux crises de réfugiés en passant par les différents problèmes liés à l’eau.
Mais avant de nous attaquer aux causes profondes de tous ces changements interreliés et parfois complexes, nous les verrons devenir de plus en plus fréquents et graves.
Puisque les crises sont liées l’une à l’autre, les solutions le sont aussi. Faire la transition vers une énergie renouvelable diminuera non seulement les émissions de carbone, mais aussi l’utilisation de l’eau. Une étude de Food & Water Watch révèle qu’en passant à l’énergie renouvelable, les États-Unis pourraient économiser 99 % de l’eau actuellement utilisée dans la production d’électricité à partir de combustibles fossiles et « quasiment éliminer l’utilisation de l’eau pour la production d’électricité ».
Une étude récente menée par le cabinet international de services en ingénierie et en architecture GHD a découvert que le prix à payer était immense si l’on ne réussit pas à gérer les problèmes liés au climat et à l’eau. « Aquanomics » prévoit que des inondations, des sécheresses et des tempêtes pourraient coûter 130 milliards de dollars à l’économie canadienne au cours des 30 prochaines années, avec des dommages grandissant sur le plan des infrastructures d’énergie, de production et de transport.
Comme le titre du rapport le mentionne, tout est une question d’eau. « Soit nous avons trop d’eau, soit nous n’en avons pas assez », explique le leader en matière d’eau de l’entreprise, Don Holland, à la CBC. « Réellement, lorsque nous parlons de changements climatiques, nous les vivons par la voie de l’eau. »
Nous sommes constitués d’environ 60 % d’eau. L’eau c’est la vie. Nous ne pouvons pas vivre sans elle. Si nous voulons éviter d’envenimer les conflits sur sa rareté grandissante – et les problèmes associés à sa distribution, des inondations aux sécheresses – nous devons nous débarrasser des combustibles fossiles, changer les pratiques agricoles, et protéger et restaurer les habitats naturels.