Comme le montre le GIEC - et comme tout le monde peut le constater - nous subissons déjà les conséquences de cette situation, et elles vont s'aggraver si nous ne changeons pas : davantage de dômes de chaleur, d'incendies de forêt, de phénomènes météorologiques intenses, d'inondations, de sécheresse et de chaleur extrême. (Photo : Pixabay)

Plus nous reportons la gestion des causes du dérèglement climatique, plus l’adaptation à ses conséquences inévitables sera lourde.

Ceux qui ne cessent de répéter que l’abandon des combustibles fossiles coûte trop cher devront se rendre à l’évidence : l’adaptation sera beaucoup plus dispendieuse que l’atténuation et sera d’autant plus onéreuse s’il n’y a pas de mesures d’atténuation. Sans compter qu’il reste à faire ce que nous aurions dû commencer il y a 35 ans, c’est-à-dire arrêter l’exploitation du charbon, du pétrole et du gaz.

Le dernier rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), Climate Change 2022: Impacts, Adaptation and Vulnerability (en anglais seulement), indique que nous avons dépassé le point où nous pouvons encore choisir entre l’une ou l’autre des options. Nous devons mettre toute notre énergie dans la réduction des effets les plus graves du dérèglement climatique et nous adapter aux dommages que nous avons déjà créés avec notre exploitation démesurée des combustibles fossiles et la destruction des puits de carbone que sont les forêts, les milieux humides et les tourbières.

Il s’agit du deuxième de trois rapports du groupe de travail qui, avec trois rapports spéciaux et un rapport de synthèse, constituent le sixième Rapport d’évaluation du GIEC. Publié en août 2021, le premier rapport évaluait la science physique et fournissait une preuve accablante que « les changements climatiques sont répandus, rapides et en hausse ». Le troisième rapport, prévu en mars, portera sur les mesures d’atténuation des changements climatiques.

Nous devons mettre toute notre énergie dans la réduction des effets les plus graves du dérèglement climatique et nous adapter aux dommages que nous avons déjà créés avec notre exploitation démesurée des combustibles fossiles et la destruction des puits de carbone que sont les forêts, les milieux humides et les tourbières.

Comme le montre les rapports du GIEC, et comme nous pouvons tous le constater, nous vivons déjà avec les conséquences du changement climatique et elles s’empireront si nous ne changeons pas : il y aura plus de dômes de chaleur, d’incendies de forêt, de phénomènes météorologiques intenses, d’inondations, de sécheresses et de périodes de chaleur extrême.

Pour ce qui est de la « vulnérabilité », nous savons que la crise climatique affecte de manière disproportionnée ceux qui en sont les moins responsables. La surconsommation et le style de vie non durable des pays et des populations riches entraînent une accélération vers le chaos climatique. Les pays riches ont également plus de ressources pour se protéger des conséquences, même si personne n’en est réellement à l’abri.

Par contre, le rapport contient des lueurs d’espoir. Entre autres, l’une des méthodes clés d’adaptation au dérèglement climatique aiderait aussi à l’empêcher de devenir hors contrôle. En effet, l’une des causes principales des changements climatiques, outre l’exploitation des combustibles fossiles, est la destruction des écosystèmes qui séquestrent le carbone et qui aident à maintenir l’équilibre du cycle du carbone pour que les humains et les autres formes de vie puissent s’épanouir. Protéger et restaurer les écosystèmes terrestres, d’eau douce, océaniques et côtiers peuvent aider à capturer le dioxyde de carbone et à l’empêcher de se retrouver dans l’atmosphère, et nous protéger de conséquences maintenant inévitables.

Par contre, le rapport contient des lueurs d’espoir. Entre autres, l’une des méthodes clés d’adaptation au dérèglement climatique aiderait aussi à l’empêcher de devenir hors contrôle.

Par exemple, même si l’adaptation à l’élévation du niveau de la mer signifie parfois le recours à des stratégies comme la « relocalisation planifiée » ou la construction d’infrastructure comme des murs de protection, elle peut aussi comprendre la restauration des écosystèmes côtiers pour leur permettre d’absorber les conséquences d’événements comme les tempêtes intenses ou les inondations.

L’adaptation signifie également qu’il faut s’assurer que les stratégies ne nuisent pas de manière disproportionnée aux populations et aux communautés les plus vulnérables. Le rapport du GIEC propose à cet effet la diversification économique et l’adoption de technologies et de stratégies qui renforcent la résilience, réduisent les inégalités et améliorent le bien-être des humains par rapport au climat.

Il ne s’agit pas seulement de résoudre une crise existentielle. L’adaptation et la prévention des pires conséquences du dérèglement climatique créeront une meilleure société partout, pour tous, un monde où il y aura moins d’inégalité et de gaspillage et où règneront la reconnaissance et le respect de l’importance de la nature, dont nous faisons tous partie.

L’adaptation et la prévention des pires conséquences du dérèglement climatique créeront une meilleure société partout, pour tous, un monde où il y aura moins d’inégalité et de gaspillage et où règneront la reconnaissance et le respect de l’importance de la nature, dont nous faisons tous partie.

Un monde avec des milliardaires, où ils peuvent se lancer dans l’espace ou pire, commencer des guerres qui mettent en danger la planète pendant que des gens n’ont même pas accès aux services de base, c’est un monde complètement détraqué. Lorsque nous évaluons le « progrès » humain selon ce que nous dépensons et consommons, sans nous soucier du bien-être réel, il y a quelque chose qui cloche. Lorsque nous percevons la croissance de l’économie et de la population comme des éléments nécessaires et positifs, même si tout ce que notre planète a à offrir est limité, il est impossible d’imaginer un avenir durable.

Les chercheurs et les experts du climat qui ont compilé l’évaluation du GIEC ont examiné les aspects scientifique les plus actuels et les plus pertinents de la crise. Par la suite, les 195 pays et territoires membres (quelques pays n’ont pas officiellement signé l’Accord de Paris de 2015) doivent l’entériner. Les rapports finaux ont tendance à être conservateurs et atténués pour garantir le consensus.

Depuis le premier rapport d’évaluation en 1990, les preuves et la certitude sont devenues irréfutables. Ce rapport, et le sixième rapport d’évaluation dans son ensemble, montre qu’il n’y a pas de temps à perdre, que nous devons appliquer les nombreuses solutions disponibles et émergentes avant qu’il ne soit trop tard. En faisant cela, nous pourrons offrir à tous un monde meilleur.