Trump n'est pas le seul défi existentiel auquel est confronté le nouveau gouvernement du Canada. Les quatre prochaines années seront déterminantes pour passer à l'action en faveur du climat et de la nature.

Les élections 2025 ont été sans pareilles. Cette élection éclair de seulement 36 jours s’est tenue dans les plus courts délais prévus par la Loi électorale du Canada. Le parti au pouvoir sortant a nommé un chef à peine deux semaines avant le déclenchement des élections. La question des tarifs des États-Unis et les allusions du président Trump à faire du Canada le 51e État ont causé de grands remous. Les spécialistes vont vu les relations entre ces deux pays comme l’enjeu central aux urnes électorales.

Pourtant, Trump ne représente pas l’unique préoccupation existentielle qui s’impose au nouveau gouvernement et aux 343 député.e.s élu.e.s le 28 avril dernier. Les changements climatiques et la perte de biodiversité s’accélèrent et menacent nos vies d’une manière qui atteint des proportions sans précédent.

L’année dernière a été la plus chaude enregistrée et risque fortement d’être la première à dépasser un seuil critique, puisque les températures mondiales moyennes s’élèvent à plus de 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels, ce qui fait prédire aux expert.e.s des perturbations majeures. Les communautés canadiennes n’ont pas été épargnées par les phénomènes météorologiques extrêmes et dévastateurs, aggravés par les changements climatiques. Comme le Commissaire à l’environnement et au développement durable du Canada l’a nommé au parlement en 2022 : « Nous ne pouvons pas nous permettre une quatrième décennie d’échecs dans la lutte contre les changements climatiques. »

Les prochaines élections à date fixe prévues par la loi électorale fédérale se tiendront au plus tard le 15 octobre 2029. La durée du mandat du gouvernement actuel constitue notre ultime chance pour réduire les émissions de carbone, freiner la perte de biodiversité et renverser la vapeur, dans cette période critique que représente la seconde moitié de la décennie en cours.

Les prochaines élections à date fixe prévues par la loi électorale fédérale se tiendront au plus tard le 15 octobre 2029. La durée du mandat du gouvernement actuel constitue notre ultime chance pour réduire les émissions de carbone, freiner la perte de biodiversité et renverser la vapeur, dans cette période critique que représente la seconde moitié de la décennie en cours.

La dernière ligne droite pour atteindre les cibles canadiennes de 2030 en matière de climat et d’environnement nécessitera des efforts concertés et collectifs d’un grand nombre d’acteurs et d’actrices. C’est un véritable défi pour l’« équipe Canada ». Et, tout comme nos efforts collectifs pour répondre aux menaces qui viennent des États-Unis, le gouvernement fédéral joue un rôle de leadership essentiel : il doit adopter une posture rassembleuse, financer les solutions pertinentes, mettre en place des politiques et règlements environnementaux et collaborer avec d’autres pays proactifs pour obtenir des résultats à l’échelle mondiale.

Même si d’autres enjeux s’imposent, notre sondage confirme que la majorité de la population canadienne s’attend du nouveau gouvernement qu’il priorise la lutte contre les changements climatiques et la protection de la nature. Avant les élections, quatre des cinq principaux partis fédéraux se sont engagés à avancer vers les obligations de l’Accord de Paris en matière de réductions d’émissions et à atteindre les objectifs du Cadre mondial de la biodiversité. La majorité a voté aux urnes pour une liste de priorités qui comporte l’action climatique et la protection de la nature.

Il n’y a plus de temps à perdre. Les mesures climatiques actuelles commencent à porter fruit : les données les plus récentes montrent que les émissions totales de gaz à effet de serre du Canada tendent enfin à la baisse. Toutefois, le pays ne se trouve toujours pas sur la bonne voie pour répondre à ses cibles climatiques de 2030, encore moins pour atteindre les réductions plus audacieuses prônées par les scientifiques si l’on veut éviter les pires conséquences des changements climatiques. Le gouvernement désormais au pouvoir doit agir rapidement pour pallier ces lacunes.

Nous ferons pression sur la classe décideuse afin qu’elle favorise des projets d’électricité propre plutôt que des oléoducs, et qu’elle maintienne l’engagement canadien à mettre fin aux subventions destinées aux combustibles fossiles.

Nous ferons pression sur la classe décideuse afin qu’elle favorise des projets d’électricité propre plutôt que des oléoducs, et qu’elle maintienne l’engagement canadien à mettre fin aux subventions destinées aux combustibles fossiles. Nous revendiquerons que le gouvernement agisse prestement et mette en place des mesures règlementaires et budgétaires, notamment par la finalisation du renforcement des règlements sur le méthane, par l’investissement dans la nature, l’interdiction des « produits chimiques éternels » et toxiques et la mise en pratique du Programme zéro déchet de plastique du Canada. Le Sommet des dirigeants du G7 qui se tiendra en juin ainsi que les dernières négociations autour du Traité mondial sur les plastiques au mois d’août offrent au Canada des occasions promptes de se coordonner avec des pays ambitieux et d’entraîner le progrès mondial afin de protéger la santé de la planète.

Dans le cadre de la campagne de la Fondation David Suzuki durant la période électorale, des personnes sympathisantes ont envoyé plus de 7 000 lettres aux chef.fe.s des principaux partis politiques afin de faire valoir ces priorités écologiques.

La protection de l’environnement ne devrait pas constituer un enjeu partisan. Nous avons tous et toutes besoin d’air pur et d’eau propre. Nous voulons tous et toutes un environnement sain, maintenant et pour les générations à venir.

Les élections 2025 se trouvent désormais derrière nous. Il est venu le temps de nous rassembler autour des valeurs écologiques qui nous unissent, et d’inviter nos élu.e.s à Ottawa à emboîter le pas.