Au Canada et dans de nombreux endroits du monde, ceux qui polluent l’atmosphère doivent payer. En mettant un prix sur les activités productrices d’émissions de gaz à effet de serre, les gouvernements rendent la pollution plus onéreuse et les solutions plus abordables.
Comme l’indique un rapport de Deloitte, « la tarification du carbone réduit les coûts de transition, conformément à la théorie économique, parce qu’elle sert d’incitatif financier qui amène les particuliers et les entreprises à changer leurs habitudes de consommation d’énergie ».
Le régime de tarification du carbone du Canada passe à sa deuxième phase de 2023 à 2030; la plupart des gens sont donc adaptés et l’ont intégré dans leurs plans d’activités.
Cependant, comme pour de nombreuses mesures visant à protéger l’environnement (et nous protéger), on constate que certains ont un intérêt particulier à faire échouer la tarification du carbone et à susciter des réactions défavorables. C’est malheureux, puisqu’en tant qu’outil formidable visant à faire basculer le « marché » vers des sources d’énergie plus écologiques, il faut renforcer la tarification canadienne du carbone et non pas la retarder ni la fragiliser. De plus, elle doit se montrer beaucoup plus contraignante envers les plus grands émetteurs, y compris l’industrie pétrolière et gazière, et plus équitable vis-à-vis des communautés autochtones et des petites entreprises.
Le Fonds monétaire international affirme que 46 pays tarifent les émissions et que d’autres envisagent de le faire.
La tarification du carbone réduit les coûts de transition, conformément à la théorie économique, parce qu’elle sert d’incitatif financier qui amène les particuliers et les entreprises à changer leurs habitudes de consommation d’énergie.
Le prix du carbone de la Suède, instauré en 1991 à environ 40 $US la tonne, est maintenant de 137 $, soit le prix le plus élevé au monde. Selon Reuters, le pays est un chef de file de l’utilisation d’énergie renouvelable; ses émissions de carbone de 2018 étaient de 3,5 tonnes par personne, soit bien en deçà de la moyenne de 6,4 tonnes de l’UE, et il a réduit ses émissions de 29 % au cours des 30 dernières années.
Le Canada impose la tarification du carbone aux provinces et territoires depuis 2019 (en Alberta et en Colombie-Britannique depuis 2007 et 2008, respectivement). Au départ, le prix était de 20 $ la tonne d’émissions, et est passé à 50 $ le 1er avril de cette année. Le prix sera augmenté de 15 $ par année pour atteindre 170 $ d’ici 2030. Bien que ce prix varie selon la province ou le territoire, de nombreux ménages obtiennent des remises et les recettes sont retournées aux provinces d’où elles proviennent.
Même à un prix relativement bas, la tarification a aidé à maîtriser les émissions du secteur des transports qui, autrement, auraient grimpé, et son efficacité s’accroîtra à mesure qu’elle augmentera.
Le Canada autorise les provinces et les territoires à concevoir leurs propres systèmes ou à adopter le plan fédéral. Ils ont tous soumis des propositions pour 2023 aux fins d’examen, comme on l’exige. Ceux qui possèdent leur propre système doivent adhérer à des normes de rigueur nationales minimales pour veiller à ce qu’il soit comparable et assume sa juste part de réductions. Si une province ne respecte pas les normes ou ne met pas de système en œuvre, on imposera le régime fédéral.
Le Canada impose la tarification du carbone aux provinces et territoires depuis 2019 (en Alberta et en Colombie-Britannique depuis 2007 et 2008, respectivement).
De nombreux experts affirment que le Canada commencera à constater de meilleurs avantages à mesure que le prix augmentera. « La modélisation menée par Deloitte indique qu’une hausse graduelle de la tarification du carbone à 170 $ la tonne en 2030 entraînera une réduction considérable des émissions, faisant ainsi avancer le Canada aux trois quarts du chemin vers la cible de l’Accord de Paris », avec une incidence minimale sur le résultat économique, indique Deloitte.
Bien que la tarification du carbone soit reconnue à grande échelle en tant qu’outil essentiel pour aider à résoudre l’urgence climatique, elle est la cible de mythes tenaces nourris par des intérêts particuliers, ainsi que par certains politiciens et premiers ministres. L’un de ces mythes veut qu’elle constitue un facteur considérable des problèmes croissants d’inflation et d’abordabilité. Même si la tarification est conçue pour réduire l’utilisation des combustibles fossiles, dont ceux du secteur des transports, son incidence sur les enjeux tels que la hausse du coût des voitures et les prix instables de l’essence est bien moindre et beaucoup plus prévisible que celle des événements mondiaux et des entreprises qui en profitent.
Lorsqu’elle est élaborée avec soin, la tarification du carbone a peu de répercussions économiques néfastes sur la plupart des personnes, surtout celles qui réduisent leur utilisation de combustibles fossiles en conduisant moins ou en améliorant leur efficacité énergétique résidentielle, par exemple.
Bien que la tarification du carbone soit reconnue à grande échelle en tant qu’outil essentiel pour aider à résoudre l’urgence climatique, elle est la cible de mythes tenaces nourris par des intérêts particuliers, ainsi que par certains politiciens et premiers ministres.
Toutefois, on peut faire mieux. En avril, le commissaire à l’environnement Jerry DeMarco a diffusé un audit qui dévoile que le Canada n’en fait pas assez pour s’assurer que le prix du carbone est appliqué de façon équitable aux plus grands émetteurs industriels. Il a également mentionné qu’une visibilité accrue est nécessaire sur la manière dont les systèmes provinciaux se comparent à l’étalon fédéral, et que les subventions visant à aider les petites entreprises à devenir plus écoénergétiques tardent.
Le ministre de l’Environnement du Canada doit maintenant décider quels sont les régimes provinciaux de tarification de la pollution qui satisfont aux exigences et ceux qui ne sont pas assez solides. Il doit également combler les lacunes et rejeter les demandes des provinces et de l’industrie pour des exemptions ou d’autres concessions. De plus, tous les gouvernements doivent collaborer pour soutenir et protéger les personnes marginalisées lors du passage à l’électricité propre.
Lorsqu’elle est bien mise en œuvre, la tarification du carbone constitue un levier économique éprouvé qui favorise une transition plus en douceur vers une énergie plus propre, une réduction des émissions et de meilleures conditions de vie.